Néanmoins, le nouveau ministre des Finances, Éric Girard, a joué de prudence, vendredi, en affirmant qu’il faudra attendre sa mise à jour économique, dans les prochaines semaines, pour savoir s’il y aura bel et bien des mesures en ce sens.
« L’intention demeure, si je peux répondre simplement à votre question, a-t-il dit au cours d’une conférence téléphonique. La mise à jour sera l’occasion de fournir une évaluation précise de la situation économique des finances publiques, et, si possible, d’utiliser une certaine marge de manoeuvre pour redonner de l’argent aux Québécois. »
M. Girard commentait le rapport mensuel des opérations financières au 31 août, dont l’excédent, qui tient compte d’un versement de 1,16 G$ au Fonds des générations, est presque deux fois plus élevé comparativement à la même période l’an dernier.
En août, le surplus a été de 1,6 G$.
Porté au pouvoir le 1er octobre, le premier ministre François Legault a promis à plus d’une reprise que les contribuables québécois devraient pouvoir bénéficier d’un répit fiscal d’ici le 31 décembre.
Le rapport préélectoral du ministère des Finances qui avait été dévoilé avant la campagne électorale en août laissait déjà entrevoir d’importants surplus pour le gouvernement et le document publié vendredi brosse un portrait encore plus rose.
Avant le marathon électoral, les prévisions faisaient état du prélèvement d’une somme de 600 M$ dans la réserve de stabilisation afin de terminer l’exercice financier sans déficit.
Des réserves
Malgré de bons résultats après cinq mois, où la croissance du produit intérieur brut a oscillé aux alentours de trois pour cent, M. Girard a prévenu qu’il serait « inapproprié d’extrapoler » sur l’ampleur des surplus pour l’année.
« Le rythme de la croissance économique sera plus modéré au cours des prochains trimestres, a-t-il dit. Un certain ralentissement est attendu, notamment en raison du resserrement de la politique monétaire canadienne. »
Après avoir haussé le taux directeur de la Banque du Canada à 1,75 %, le gouverneur de l’institution, Stephen Poloz, a dit souhaiter que les Canadiens s’habituent à l’idée que des taux d’intérêt à 3 % deviennent la nouvelle norme.
Même si l’économie va bien, à son avis, M. Girard a prévenu que la création d’emplois serait moins prononcée, que l’État avait empoché des revenus qui ne seront pas récurrents et que la croissance des dépenses n’avait pas encore atteint le rythme prévu.
« Nous n’avons aucune raison de croire que sur un horizon de 12 mois les dépenses ne rencontreront pas les objectifs », a-t-il dit.
Importantes recettes
L’important écart positif depuis le début de l’année financière s’explique notamment par une progression de 7,2 %, ou 1,7 G$, des revenus autonomes de l’État, qui ont atteint 25,8 G$.
Plus précisément, l’impôt prélevé sur le revenu des particuliers a permis à Québec d’empocher 439 M$ de plus, alors que pour celui des entreprises, ce sont 378 M$ supplémentaires qui ont été récoltés. Les taxes à la consommation ont aussi généré 522 M$ de plus.
Dans le budget déposé en mars dernier, le gouvernement Couillard prévoyait, pour l’ensemble de l’année financière, une augmentation de 2,3 % des revenus autonomes.
De plus, les sociétés d’État comme Loto-Québec, la Société des alcools du Québec ainsi qu’Hydro-Québec ont injecté 129 M$ supplémentaires, soit une augmentation de 9 %, dans les coffres de l’État depuis avril.
Au terme des cinq premiers mois de l’exercice financier, les transferts fédéraux atteignaient 8,7 G$, en progression de 408 M$.
Parallèlement, la croissance des dépenses a été de 5,2 %, à 29,75 G$, par rapport à la même période l’an dernier, alors que les prévisions anticipaient une progression de 5,9 %.