« Un régulateur ne doit pas franchir la ligne qui est de faire la promotion à outrance de l’industrie qu’il réglemente », a-t-il indiqué en marge du 13e Rendez-vous de l’Autorité, à Montréal, lundi.
Rappelons que, de 2007 à 2017, la Chambre de la sécurité financière (CSF) a remis des prix d’excellence à des membres de l’industrie financière, soit des conseillers qui s’illustraient par le professionnalisme de leur travail. La CSF avait continué de le faire, malgré qu’elle ait abandonné sa mission associative afin de se concentrer vers sa mission de protection du public, en 2014. Pour ce faire, la CSF opérait alors la migration des sections régionales vers le Conseil des professionnels en services financiers (CDPSF).
Selon une source au fait du dossier, l’AMF désapprouvait ce genre de remise de prix par la CSF et l’aurait enjoint à cesser ce genre de concours par le passé. Toutefois, la CSF aurait fait la sourde oreille pendant un moment. La CSF aurait répliqué à l’AMF que le Barreau du Québec, qui s’occupe de la discipline des avocats, rend bien hommage à des membres pour leur contribution exceptionnelle à l’avancement du droit et au rayonnement de la profession.
L’AMF a finalement fait entendre raison à la CSF qui n’a accordé aucun prix d’excellence en novembre dernier.
« La CSF n’a pas remis les Prix Excellence en 2018 en raison de l’inconfort exprimé par l’Autorité dans le cadre de son inspection quant à la nature possiblement associative de ces prix. Nous allons réévaluer le tout pour l’année 2019 », a déclaré Julie Chevrette, directrice des communications de la CSF.
« Il y a une ligne à ne pas franchir [que la Chambre de la sécurité financière] franchissait régulièrement. Il faut que ce genre d’action cesse », a soutenu Louis Morisset, à Finance et Investissement.
« C’est un peu comme si vous me disiez : “Est-ce qu’il serait approprié que l’Autorité remette un prix au PDG de la compagnie publique de l’année?” Ce n’est pas le travail qu’un régulateur doit faire et la Chambre est un régulateur autant que je sache », a-t-il comparé.
« Si la Chambre veut remettre des prix aux meilleurs formateurs de l’année, je n’ai aucun problème avec cela. Mais de là à faire la promotion de l’industrie qu’elle est censée règlementer, c’est là qu’il y a une ligne à tracer », a-t-il ajouté.