Il a troqué son vélo contre les marchés des capitaux. Pendant que d’autres athlètes sont partis exercer une deuxième carrière dans le monde du vélo, histoire de recycler leurs compétences, Dominique Perras n’a pas eu peur de changer de monde. Même en 2008, année où frappait la crise économique.
Pas d’expérience. Pas de réseau. Il a pourtant déjoué les pronostics et, à 34 ans, a rapidement réussi à faire sa place. Grâce à ses efforts bien sûr, mais pas seulement. Lui qui s’était toujours intéressé à l’économie et qui avait fait des études en affaires internationales, il s’est lancé dans un MBA à HEC Montréal à la sortie de sa carrière de coureur cycliste, en 2008. Pour le reste, « j’ai eu de la chance de rencontrer des gens qui ont eu de la vision et ont perçu mon potentiel au-delà de mon CV », explique Dominique Perras, reconnaissant.
Après avoir démarré sa carrière chez Invesco Trimark, il est entré à la Banque Nationale comme associé au Groupe solutions structurées, en 2011. Puis, il est devenu directeur moins d’un an plus tard. François Rivard et Martin Lavigne à la Banque Nationale ont vu le financier à succès en devenir derrière l’athlète. Mais le chemin n’a pas été facile. Non seulement, avec la crise, les emplois se faisaient rares, mais en plus, « généralement, mon CV ne passait pas la première étape de sélection puisque j’étais plus âgé que la moyenne et je n’avais pas d’expérience dans le domaine », se souvient Dominique Perras, qui a tout recommencé à zéro en changeant de carrière.
Il a fallu des gestionnaires qui réalisent que les qualités d’un sportif de compétition pouvaient être transposées avec succès dans le milieu de la finance. Dominique Perras, qui a commencé le vélo à 14 ans et la compétition à 18 ans dans l’équipe du Canada, voit d’ailleurs de nombreux points communs entre ses deux carrières. « Ce sont deux milieux compétitifs, animés par des gens motivés par la réussite, concentrés sur des objectifs, conscients des efforts à fournir pour y parvenir », énumère-t-il.
Pendant 10 ans, le sportif a fait partie de l’équipe canadienne et d’une équipe américaine. Il a vécu en Suisse, en Belgique. Il a remporté de nombreuses médailles et, comme tout athlète, il en a perdu aussi. « La route est souvent longue jusqu’au sommet, en vélo, reconnaît-il. Il y a des hauts et des bas. Ce parcours m’a appris la ténacité, la persévérance, l’effort, l’éthique et la rigueur ; la gestion du stress et de la pression aussi. J’ai appris à maintenir le cap sur mes objectifs malgré les embûches, les blessures en focalisant sur mon but à long terme. Mes réussites m’ont aussi donné de la confiance. » Autant de qualités nécessaires dans une carrière en finance.
Il a su les mettre au service de sa nouvelle carrière et, aujourd’hui, il travaille au marché des capitaux à la Banque Nationale. En contact avec les conseillers en placements indépendants et des bureaux familiaux de la Rive-Sud et d’une partie du centre-ville de Montréal, il est chargé de concevoir des produits structurés sur mesure qui répondent à leurs besoins. Ce qui le passionne, « c’est la création de produits, très stimulante intellectuellement », confie-t-il.
Intronisé au Temple de la renommée du cyclisme en novembre, Dominique Perras vise également le sommet dans le domaine de la finance. C’est à sa motivation et à sa ténacité qu’il doit les différents parcours réussis de sa vie. Alors, le conseil majeur qu’il souhaite transmettre aux jeunes qui se lancent dans l’industrie, c’est bien sûr : « Tenter de créer des ponts vers des gens que l’on connaît et surtout relancer les différents intervenants fréquemment. Il ne faut pas attendre que le téléphone sonne ! ».
Lui, s’est servi du vélo, un sport répandu dans son milieu, pour développer son réseau et il a « démontré (sa) motivation » en rappelant régulièrement. Jusqu’à ce qu’on se penche sérieusement sur ses acquis et fasse confiance à son parcours atypique, mais tellement riche.