C’est l’estimation échafaudée par l’Institut du Québec (IDQ) dans un document obtenu par La Presse canadienne avant sa parution. L’IDQ appelle le ministère à plus de transparence et de clarté, sinon les citoyens vont « décrocher » et discréditer les données.
Le surplus budgétaire se chiffrerait fort probablement entre 2,9 G$ et 5,5 G$, en vertu du simulateur budgétaire de l’IDQ, même en tenant compte des nouvelles dépenses du gouvernement caquiste annoncées depuis son arrivée au pouvoir, soit environ 1,66 G$.
Rappelons qu’il y a une dizaine de jours à peine, dans son dernier rapport mensuel, le ministre Éric Girard avait déjà revu à la hausse le surplus annoncé de 2,5 G$ pour 2018-2019, qui totaliserait plutôt 3,6 G$.
« Jamais vu »
Néanmoins, la directrice générale de l’IDQ, Mia Homsy, estime que ce montant est encore bien en deçà du surplus envisageable, même avec de nouveaux engagements. Elle rappelle qu’après 11 mois d’exercice, à un mois de finir l’année financière, le surplus avait gonflé à 6,3 G$.
« Ce serait spectaculaire que le surplus passe (de 6,3) à 3,6 G$ (comme ce qui est prévu par le gouvernement), car il faudrait que 2,7 G$ soient dépensés en un mois, a-t-elle déclaré dans une entrevue avec La Presse canadienne. Cela ne s’est jamais vu. »
À titre d’exemple, elle rappelle que l’année précédente, lorsque le gouvernement libéral avait été accusé par certains de faire des annonces préélectorales, de nouvelles dépenses de 1,7 G$ avaient été annoncées, soit bien moins que 2,7 G$.
« Pas optimal »
L’IDQ constate qu’au cours des dernières années, l’écart entre les prévisions et le solde budgétaire final s’est maintenu, voire accru. Même si les surplus sont attribuables à des éléments ponctuels non récurrents, Mme Homsy appelle le gouvernement à plus de précision et de prudence.
« Dans les derniers mois, le gouvernement semble accélérer les dépenses. À long terme, ce n’est pas nécessairement optimal comme façon de gérer l’État, de peser sur l’accélérateur en fin d’année pour « sortir » l’argent, alors que les besoins sont constants dans l’année. »
La directrice générale de l’IDQ reste indulgente à l’égard des experts du ministère des Finances, car il demeure encore difficile de discerner les hausses de revenus qui sont récurrentes et celles qui ne le sont pas.
Cependant, elle exige une divulgation des données plus exhaustive et régulière, pour qu’ensuite le citoyen puisse être mieux éclairé sur les choix possibles: réinvestissement dans les services, baisses d’impôts, paiement de la dette, etc.
« Donc c’est un concours de circonstances, mais là, cela fait trois ou quatre ans, il va falloir mesurer s’il y a récurrence et où. Il faut être plus transparent et explicite, parce que sinon les gens décrochent. »
L’outil de l’IDQ
Pour concevoir son outil de simulation, l’IDQ a analysé les données mensuelles du ministère des Finances pendant 11 ans, avec chaque poste de dépenses, et a ensuite pu élaborer pas moins de 1000 simulations. Le résultat qui revient le plus souvent, quant à l’estimation du surplus, est donc 4,3 G$, mais dans 68 % des simulations, les résultats se situent entre 2,9 G$ et 5,5 G$.