Professeur adjoint de finance à l’Université George Mason, en Virginie, Derek Horstmeyer s’est penché sur l’écart de performance que les investisseurs accusent entre leur portefeuille et les fonds dans lesquels ils sont investis. Une analyse des fonds communs d’actions américaines contenus dans les bases de données de Morningstar montre que, chez les investisseurs qui reçoivent mensuellement des informations de performance sur leurs fonds, l’écart de performance médian sur une période de 5 ans est de 0,95%. Chez ceux qui reçoivent leur information trimestriellement, l’écart est de 0,6%. C’est dire que ceux qui sont plus fréquemment informés ont une perte de performance relative de 0,35% comparé à ceux dont l’information est moins fréquente.
Plus informé, moins avisé, pourrait-on dire. Les investisseurs pensent qu’un supplément de transparence peut seulement les aider à prendre de meilleures décisions d’investissement et maximiser leurs rendements, fait ressortir Derek Horstmeyer. « Mais il semble qu’il puisse y avoir trop de transparence », dit-il.
Le problème est comportemental. « Les investisseurs, explique l’universitaire, tendent à retirer leurs billes au creux du marché dans les périodes de panique (alors qu’ils devraient plutôt acheter des titres bon marché) et se précipitent quand les marchés sont à un sommet (alors qu’ils devraient réduire leurs actifs pour préserver leur allocation). » Résultat : « Les rendements de l’investisseur moyen sont plus faibles que ceux de leurs fonds », conclut-il.
Derek Horstmeyer constate la tendance à l’hyperactivité des investisseurs dans les entrées et sorties d’argent des fonds. « Les fonds qui font un rapport mensuel présentent un plus haut taux d’entrées et de sorties que la médiane des fonds, observe-t-il. Les fonds qui rapportent trimestriellement affichent une volatilité supérieure à la médiane seulement dans les quatre mois spécifiques succédant à leurs présentations. » Non seulement le plus haut taux de transactions abaisse-t-il les rendements des investisseurs, mais ces derniers « peuvent aussi hausser leur facture fiscale, fait-il remarquer, parce que les investisseurs encaissent souvent un gain en capital quand ils vendent des titres ».
Une telle étude a « définitivement des conséquences pour les organismes de règlementation », reconnaît le chercheur. Toutefois, il demeure prudent. Son travail n’a analysé que les rapports à intervalles d’un mois et de trois mois. « Je veux prendre garde de ne pas trop étendre mes résultats, dit-il. Diffuser de l’information à une fréquence seulement annuelle pourrait s’avérer trop peu. Toute la question doit définitivement être étudiée de plus près par les régulateurs pour trouver la fréquence d’information optimale. »