Alors que le système bancaire ouvert est encore regardé d’un œil circonspect par plusieurs acteurs de l’industrie financière, son intégration s’accélère rapidement, a expliqué Lionel Pimpin lors du Sommet FinTech 2019 de l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières (ACCVM) qui s’est tenu à Montréal le 9 octobre.
Une technologie pour les clients
Rappelons que cette technologie part de l’idée de base que les données n’appartiennent pas aux institutions financières ou aux entités commerciales, mais bien au client. Celui-ci a donc la liberté de choisir avec qui il veut partager ou échanger ses informations. Dans un système bancaire ouvert, une institution financière n’est plus la seule à être responsable des données du client, elle doit les partager avec d’autres acteurs, désignés par le client, de façon sécuritaire.
Le Canada n’est pas le premier pays à s’intéresser à cela. Certains pays sont même bien plus en avance comme l’Angleterre. Dans cette région, le Gouvernement a forcé l’adoption de ce système bancaire pour deux raisons principales :
- Casse les monopoles dans les industries pour faciliter, entre autres, la fluidité des clients entre différentes institutions financières
- Faciliter l’innovation. Si les fintechs et autres entités ont accès à davantage de données, elles pourront se développer plus rapidement.
En pleine évolution
Selon Lionel Pimpin, le gouvernement canadien s’est rendu compte des avantages que présentait ce système. Il y a dix mois, il aurait demandé aux institutions financières de mettre en place les systèmes requis pour son adoption, à savoir de bons systèmes d’accréditation, pour filtrer les gens qui vont pouvoir profiter de ce système et utiliser ces données et savoir qui sera responsable en cas de brèche de données. Si les institutions parviennent à remplir ce mandat, le gouvernement n’interviendra pas.
En Angleterre, le gouvernement est intervenu ce qui a été plutôt néfaste à l’open banking, car il a dû imposer des règles avec lesquelles les banques ont joué. « On regarde ce qu’il se passe dans les autres marchés et on essaie de ne pas faire les mêmes erreurs », explique Lionel Pimpin.
Selon l’expert, le système bancaire ouvert serait déjà présent dans certaines institutions comme à la Banque Nationale. « Il y a une fonctionnalité qui permet d’agréger les comptes, explique-t-il. Aujourd’hui, on peut récupérer dans une même expérience l’ensemble des investissements qu’un client a chez RBC, Desjardins ou même BMO. Ainsi le conseiller a une vue exhaustive sur l’ensemble des actifs et placements de son client. »
Mais si pour le moment les utilisations de ce système sont éparses, Lionel Pimpin est convaincu que cela va s’accélérer grandement dans les années à venir.
Des inquiétudes inutiles
Face aux inquiétudes de ses auditeurs quant à l’avantage concurrentiel qu’offraient la possession des données et qui n’existera plus dans un système bancaire ouvert, Lionel Pimpin a affirmé que cela ne serait pas un problème, au contraire. Selon lui, la concurrence se fera dorénavant sur la profondeur de la relation client que permettra notamment l’analyse des données, et non plus sur les données eux-mêmes, ce qui serait plus sain pour les consommateurs.
Quant à la question des Canadiens qui refuseraient de partager leurs informations, l’expert estime que cela va changer avec le temps. « Il y a 20 ans, personne n’était intéressé par Internet et regardez aujourd’hui », compare-t-il.
Selon lui, le fait que la confidentialité ne soit plus un savoir-faire exploité va permettre également de faire accélérer l’intelligence artificielle. « Plus on a de données qui sont disponibles, plus on a des modèles qui peuvent améliorer des choses », explique-t-il.