L’augmentation de salaire serait liée à la baisse du taux de suicide chez les personnes ayant un niveau d’études secondaires ou moins, révèle une étude américaine, publiée en ligne dans le Journal of Epidemiology & Community Health. Ainsi, en augmentant de seulement un dollar le salaire minimum, le taux de suicide baisserait de 3,5 % à 6 %. L’effet serait même plus important dans les périodes de chômage élevé.
Aux États-Unis, le suicide est un fléau. Il touche environ une personne sur cinq (19 %) chez les 18 à 24 ans. Entre 1999 et 2017, ce taux a augmenté de plus de 30 % dans la moitié des États du pays.
Le risque de suicide est souvent associé à des facteurs de stress financiers, les auteurs de l’étude ont donc voulu découvrir l’impact potentiel des interventions économiques sur ces taux aberrants. Pour ce faire, ils ont examiné la différence entre le salaire horaire minimum effectif, les taux de chômage et de suicides chez les 18 à 64 ans dans chaque État sur la période s’étalant de 1990 à 2015.
Dans cette période de 26 ans, ils ont noté 478 changements dans les salaires minimums américains. La différence de salaire minimum entre les États était d’environ 2 200 dollars américains (US $) par an pour un travail à temps plein.
En combinant leurs chiffres, les chercheurs ont estimé qu’à chaque dollar d’augmentation, le taux de suicide plongeait de près de 5 %. Cette association entre salaire et taux de suicide serait particulièrement vraie en période où le taux de chômage est élevé.
« Nos résultats suggèrent que les effets protecteurs potentiels d’un salaire minimum plus élevé sont plus importants en période de chômage élevé », confirment-ils.
Ainsi, sur la base de leurs estimations, les chercheurs ont calculé qu’après le pic de chômage qui a suivi le krach financier de 2008, 13 800 suicides auraient pu être évités entre 2009 et 2015 chez les adultes moins instruits si les États-Unis avaient haussé leur salaire minimum de 1 US $. Une augmentation de 2 $ aurait pu prévenir 25 900 suicides.
Sur l’ensemble de la période courant de 2009 à 2015, avec une augmentation de 1 $, 27 550 suicides auraient été évités; et 57 350 suicides auraient été épargnés avec une augmentation de 2 $.
Évidemment, comme il s’agit d’une étude d’observation, celle-ci ne peut établir de cause à effet direct, note le Neuroscience News. Toutefois, les chercheurs concluent : « nos résultats sont conformes à la notion que les politiques conçues pour améliorer les moyens de subsistance des personnes moins instruites, qui sont plus susceptibles de travailler à des salaires plus bas et plus à risque de problèmes de santé mentale, peuvent réduire le risque de suicide dans ce groupe. »