Au terme de l’appel d’offres qui s’est terminé le 31 octobre, auquel les réseaux municipaux n’ont pas participé, la société d’État a retenu 14 des 19 demandes reçues, ce qui représente un volume d’environ 60 MW.
Cela est loin du portrait brossé par Hydro-Québec lors d’audiences devant la Régie de l’énergie en juin 2018, où le nombre de 300 requêtes, pour une demande estimée à près de 18 000 MW, avait été évoqué.
« Il y a eu beaucoup de soubresauts dans l’industrie, a expliqué mardi un porte-parole de la société d’État, Jonathan Côté. C’est ce qui vient un peu confirmer notre approche prudente. Le bitcoin a fortement grimpé en 2017, avant de dégringoler et d’effectuer une remontée l’an dernier. »
Le cours de cette monnaie virtuelle est actuellement d’environ 11 280 $ CAN. Sa valeur était supérieure à 25 000 $ à la fin de 2017, mais elle avait fortement dégringolé pour se négocier aux alentours de 4300 $ en 2018.
Le secteur de la cryptomonnaie est très énergivore, puisque l’on effectue le minage de monnaies virtuelles comme le bictoin par l’entremise de milliers d’ordinateurs pour confirmer les transactions.
Intérêt rapide
En raison de la forte demande, Hydro-Québec avait demandé à la Régie de limiter à 300 MW la quantité d’énergie disponible pour ce secteur.
« Il y a définitivement eu une bulle en 2017, a dit M. Côté. Cela ressemblait un peu à une ruée vers l’or. Notre approche nous aura permis de se prémunir contre l’arrivée soudaine de joueurs qui seraient potentiellement partis rapidement. »
Hydro-Québec n’a pas voulu, pour l’instant, dévoiler le nom des promoteurs derrière les propositions retenues, puisque ceux-ci doivent confirmer qu’ils vont de l’avant avec leurs projets respectifs.
Jonathan Côté a indiqué que le bloc de 60 MW s’ajoutera au volume de 150 MW déjà consommé par divers projets. Le secteur a un potentiel de consommation d’environ 430 MW, selon la société d’État, ce qui est supérieur aux centres de données.
L’an dernier, les clients de cette industrie ont permis à Hydro-Québec de générer des revenus de 56 millions de dollars (M$). On évalue à 26 M$ les revenus potentiels du nouveau bloc d’énergie.
Autre lecture
De son côté, Jonathan Hamel, fondateur de l’Académie Bitcoin, une firme-conseil, a une lecture différente du résultat de l’appel d’offres.
« Je pensais qu’il allait y avoir moins que 60 MW octroyés, a-t-il dit au cours d’une entrevue téléphonique. Ce n’est pas une surprise. Il faut comprendre qu’il y a des offres plus intéressantes à l’extérieur du Québec. »
Selon lui, plusieurs conditions du processus récemment piloté par Hydro-Québec sont « restrictives », comme celles entourant le « délestage », où la société d’État peut débrancher les entreprises en période de pointe afin d’éviter les achats d’énergie sur les marchés extérieurs.
Le fondateur de l’Académie Bitcoin croit plutôt que l’industrie est en bonne santé, en citant notamment un rapport de la firme CoinShares Research publié en décembre dernier.
Selon le document de 20 pages, la consommation mondiale de l’industrie du minage de bitcoin atteignait 6,7 gigawattheures à la fin de 2019, ce qui constitue une hausse de 43 % par rapport au volume observé en juin dernier.
« On peut déduire que des investissements qui auraient pu être effectués au Québec sont allés ailleurs, a affirmé M. Hamel. C’est un marché qui évolue vite. Le délai provoqué par la Régie a incité les gens à regarder ailleurs. »
Étant donné qu’Hydro-Québec n’a pas octroyé la totalité des 300 MW mis de côté pour l’industrie de la chaîne de blocs et des cryptomonnaies, la société d’État pourrait utiliser ce volume pour d’autres secteurs, comme les centres de données, a indiqué M. Côté.