Un homme d'affaire en train de dessiner des rouages au stylo noir.
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Dans un discours prononcé à Toronto devant l’Economic Club of Canada, la première sous-gouverneure de la banque centrale, Carolyn Wilkins, a indiqué que si la politique monétaire de la banque pouvait créer un environnement stable pour que les entreprises et les ménages puissent préparer l’avenir, elle avait besoin de l’innovation et d’investissements de plusieurs autres acteurs économiques pour aller plus loin.

La sous-gouverneure a noté que le faible niveau des taux neutres, où la politique monétaire ne stimule pas ou ne freine pas l’économie, accordait aux banques centrales une moins grande marge de manœuvre, puisqu’elles ne peuvent pas abaisser leurs taux pour stimuler la croissance.

Citant un conseil consultatif fédéral, Mme Wilkins a expliqué qu’investir dans l’infrastructure numérique, optimiser l’environnement fiscal et réglementaire et amener le gouvernement et les entreprises à former des équipes de formation en compétences rendrait le Canada plus productif et plus compétitif à l’étranger.

Selon Mme Wilkins, de telles politiques pourraient « aider la politique monétaire à regagner une partie de la marge de manœuvre perdue » et maintenir l’économie mondiale sur une trajectoire plus stable, en particulier si d’autres pays adoptaient des mesures similaires.

Son discours intervient alors que la banque centrale réfléchit à la manière dont elle pourrait compléter les politiques fédérales alors qu’elle s’apprête à renouveler, l’an prochain, son entente de maîtrise de l’inflation avec le gouvernement fédéral.

Les responsables de la banque centrale évaluent également différents cadres pour voir dans quelle mesure ils créent efficacement un environnement stable pour les prix, la croissance et l’emploi.

Une consultation en ligne sera lancée au printemps, et un rapport sera publié plus tard cette année pour révéler ce que la banque entendra de la part de ses homologues internationaux, des experts nationaux, ainsi que des représentants du monde du travail et de la société civile.

« Pour le bien-être de l’économie, il est capital d’avoir un cadre et des outils de politique monétaire appropriés: ces deux ingrédients aident en effet à créer un environnement stable pour que les entreprises et les ménages puissent préparer l’avenir », a expliqué Mme Wilkins dans le texte préparé de son discours.

« C’est en revanche tout ce que peut faire la politique monétaire. Elle n’est pas à même de relever la croissance tendancielle des revenus ni le niveau du taux neutre. Le Canada et d’autres économies avancées auront besoin de mesures supplémentaires pour soutenir la prospérité, et pour éviter les conséquences d’une insuffisance chronique de la croissance et de la demande dans l’avenir. »

Le mois dernier, la banque centrale a maintenu son taux d’intérêt directeur à 1,75 %, mais a laissé entendre qu’une baisse des taux survenir en avril si les perspectives économiques devaient se détériorer.

Alors que la banque centrale s’attend à ce que l’économie progresse de 1,6 % cette année, le contexte sociopolitique reste inquiétant, estime Mme Wilkins. Celui-ci comprend notamment une guerre commerciale entre les deux principales économies du monde, les États-Unis et la Chine, des tensions au Moyen-Orient et l’apparition d’un nouveau coronavirus en Chine.

Au pays, la population vieillissante du Canada continuera également de freiner la croissance, ce qui sera contrebalancé en partie par l’augmentation des niveaux d’immigration.

« Il faudra adopter des politiques volontaristes et ambitieuses, aussi bien ici qu’à l’étranger », a affirmé Mme Wilkins.

« Les bénéfices sont clairs: nous résisterons mieux lorsque viendra le prochain ralentissement, et nous procurerons au Canada comme au reste du monde de nouvelles possibilités et une économie prospère à long terme. »

La banque centrale révisera également son estimation du taux neutre dans son rapport sur la politique monétaire d’avril. La fourchette estimative se situe actuellement entre 2,25 % et 3,25 %, alors qu’elle était entre 4,50 % et 5,50 % dans les années précédant la crise financière de 2009.