Si vous avez suivi ma chronique, vous savez que je ne crois pas à la synchronisation des marchés, mais il est important de regarder vers l’avenir. C’est pourquoi j’ai pensé que j’aurais plaisir à donner mon avis sur ce que la prochaine décennie pourrait réserver aux FNB.
J’ai commencé à bâtir des portefeuilles de fonds négociés en Bourse (FNB) après la crise financière de 2008. À cette époque, les FNB étaient tous concentrés sur la génération des rendements des indices de référence, ce que nous avons fini par reconnaître comme un défi pour la plupart des gestionnaires de portefeuilles actifs.
Faisons un bond en avant de 10 ans, la situation a radicalement changé avec l’essor des FNB à gestion active. Que pourrait-il se passer si nous faisions un autre bond en avant jusqu’en 2030 ? Envisagez ces possibilités :
- La pression continue des frais mènera à un examen plus minutieux des FNB. Comme le coût initial de l’investissement devient presque nul, cet examen ne se limitera pas aux ratios des frais de gestion. Les coûts de transaction dans un FNB, tant des actions que des obligations, seront plus transparents et deviendront un facteur de différenciation pour les investisseurs qui se soucient des coûts.
- La structure du FNB n’est qu’une enveloppe, et on l’utilisera pour envelopper à peu près n’importe quoi. Du fait que les grands manufacturiers de FNB suivent tous les indices de base, l’investissement thématique connaîtra beaucoup de créativité. Il suffit de penser à tous les différents domaines des technologies qui pourraient être offerts en format FNB : la robotique, les nanotechnologies, l’automatisation et l’intelligence artificielle. Toutefois, la structure concurrentielle peu coûteuse de ces produits signifiera que seulement les meilleurs acteurs survivront et que les acteurs marginaux seront éliminés.
- En 2030, chaque fonds à gestion active aura une version FNB. Les actifs sous gestion en FNB au Canada viennent de franchir la barre des 200 G$. Ce chiffre croîtra de façon exponentielle au cours des 10 prochaines années et je pense que la prévision faite en 2018, selon laquelle les ventes annuelles de fonds communs de placement ne dépasseront plus jamais les ventes de FNB, se confirmera.
- Le nombre impressionnant et la diversité des FNB tant à gestion active qu’à gestion passive déconcerteront l’investisseur moyen. Cela stimulera les produits de répartition d’actifs : d’un seul clic, les investisseurs pourront acheter un FNB qui réalisera toute la construction de portefeuille à leur place.
- Les immenses avancées faites dans les technologies et la manipulation de données rendront la gestion indicielle personnalisée, aussi désignée indexation directe ou direct indexing, de plus en plus accessible. Les FNB bâtis sur mesure seront généralisés et ne seront plus réservés à l’investisseur institutionnel ou fortuné. Les investisseurs particuliers seront en mesure de bâtir leur propre FNB dans l’intimité de leur foyer et d’accéder à quelques-unes des meilleures stratégies fiscales disponibles à un coût relativement bas. Que les investisseurs s’attaquent ou non à ces stratégies seuls ou avec l’aide d’un conseiller dépendra de la complexité de leur situation fiscale et de leur intérêt pour une approche concrète et autonome par rapport à leurs investissements.
- Les préoccupations éthiques, environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) seront généralisées et deviendront normalisées dans les exigences de déclaration. Chaque produit FNB aura des filtres ESG, ne serait-ce que parce que cela constitue une bonne stratégie d’affaires. Les entreprises démontreront un intérêt particulier à répondre à une certaine forme de critère ESG. Si on considère qu’elle ne se soucient pas de l’environnement, elles voudront au moins prouver qu’elles améliorent leur empreinte environnementale ou qu’elles s’efforcent de répondre à une certaine forme de critère ESG, comme l’intégration de davantage de femmes au sein de leur conseil d’administration.
- Les négociations d’obligations hors-cote deviendront dépassées. Je prends des risques en affirmant ceci, mais je pense que cela pourrait arriver avant la fin de la prochaine décennie. À ce moment-là, les FNB à revenu fixe obtiendront enfin le respect qu’ils méritent pour amener la transparence et la rentabilité au royaume du revenu fixe. Selon moi, cela offrira au conseiller une gamme de produits à revenu fixe beaucoup plus diverse. La transparence de ces FNB sera utile, mais néanmoins les conseillers devront être vigilants à mesure que la gamme de produits croît et se complexifie.
- L’intelligence artificielle prendra en charge davantage de fonctions de gestion de portefeuille dans le domaine des FNB. Cependant, du côté des rôles assumés par les humains, davantage de femmes géreront des FNB, et avec un peu de chance, beaucoup plus.