Distribution des produits et services à l’échelle mondiale, utilisation d’intrants provenant des quatre coins de la planète. Plus nécessaire d’être physiquement près d’un marché afin de le desservir.
La mondialisation a aussi eu un impact significatif sur les habitudes de consommation. Le commerce au détail en est un bon exemple, alors qu’il est maintenant possible de commander facilement des biens provenant de n’importe où, facilitant la consommation et offrant à la fois opportunités et défis aux fabricants et aux détaillants.
Dans le tourbillon de cette nouvelle réalité, certains marchés ont profité d’un contexte où les ressources humaines sont relativement sous-rémunérées. La Chine et l’Inde sont parmi les exemples les mieux connus. Petit à petit et de façon insidieuse, nos entreprises nord-américaines (producteurs, fabricants, grossistes, détaillants, etc.) ont commencé, sous la pression d’un écosystème de concurrence intense, à y transférer la production et l’achat d’intrants et de produits finis.
Je ne critique pas ce mouvement, je constate simplement la tendance observée. Même si plusieurs étaient conscients que cette tendance pouvait éventuellement être questionnable, il était difficile de l’empêcher étant donné qu’il s’agissait d’une forme de vague de décisions individuelles, chaque entreprise devant répondre aux impératifs d’une concurrence de plus en plus féroce, notamment au niveau des prix. D’où le besoin de s’approvisionner au meilleur coût, peu importe la provenance. Une nécessité afin de demeurer concurrentiel et profitable – en somme prospérer, voire rester en affaires.
Aujourd’hui, le monde a changé, encore une fois. Il semble qu’il faut une catastrophe pour que nous prenions du recul et qu’il devienne évident qu’il s’est établi une situation de déséquilibre. Au fil du temps, sans qu’on le réalise de manière évidente, nous nous sommes mis dans une position de vulnérabilité, étant dans certains cas largement dépendants (notamment dans le domaine de la santé) de fournisseurs étrangers. Qui plus est, certains de ces fournisseurs opèrent à l’intérieur d’un périmètre gouverné par un état totalitaire. Un facteur multiplicateur au niveau du risque de rupture d’approvisionnement.
Nous avons accepté tacitement de plonger dans un état de déséquilibre. Les événements actuels permettent de jeter un nouveau regard sur la situation et de modifier la trajectoire pour l’avenir. Au minimum, il faudra établir une liste de produits et de denrées de première nécessité. Puis allonger cette liste afin de couvrir d’abord les besoins de base, puis des produits de consommation courante. Ensuite, assurer un approvisionnement local, au moins partiel, afin de gérer le risque de rupture (qu’il soit causé par un événement sanitaire, une décision d’un gouvernement, ou toute autre cause incontrôlable). Il faudra accepter, dans bien des cas, de payer plus cher pour certains produits. C’est le prix à payer pour assurer la continuité de l’offre.
Le risque est qu’à court terme, on crée un autre déséquilibre, s’apparentant au protectionnisme. Cette doctrine n’est pas sans faiblesses et son application intense n’est pas souhaitable à moyen terme, à mon avis. Mais j’ai suffisamment confiance en l’espèce humaine pour croire que nous saurons trouver l’équilibre. L’idée n’étant pas d’autoproduire de manière absolue, mais de diversifier nos sources d’approvisionnement afin de couvrir à la fois le risque de rupture de la part des fournisseurs étrangers, et le risque que nos propres ressources soient insuffisantes, ou elles-mêmes paralysées pour quelques raisons que ce soit.
La recherche de l’équilibre dans nos vies, dans nos relations, dans nos moyens de production, etc. Il s’agit d’une quête sans fin, mais nécessaire.
Un nouveau modèle économique ?
Il s’agit ici de la réflexion entourant la création d’un nouvel écosystème économique. On peut penser qu’il en coûterait plus cher pour produire certaines ressources localement.
Mais grâce à l’automatisation, on pourra contrôler les coûts à moyen terme tout en créant des emplois à valeur ajoutée et en développant des procédés sensibles à l’environnement.
N’est-ce pas une belle occasion de développer une économie forte, diversifiée, moderne, socialement responsable et éco-performante ?
Nous avons accès à des ressources, à de l’énergie à prix compétitif, des entrepreneurs ingénieux et créatifs, un capital humain éduqué et de grande qualité. L’opportunité de construire une des économies les plus performantes et compétitives au monde !
Il est permis de rêver… Il est aussi nécessaire d’exécuter. Maintenant.
Richard Legault, CPA CA, CFA
Chef de la Gestion de patrimoine
TelosTouch Inc.