dessin d'un homme d'affaire stressé devant des résultats en baisse
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La Banque Nationale a vu ses profits fondre de 32 % au deuxième trimestre alors que l’institution financière a provisionné 504 millions $ pour des pertes sur crédit – plus de cinq fois plus par rapport à la même période il y a un an – en raison de la tempête économique déclenchée par la pandémie de COVID-19.

Mais après le creux constaté en avril, le déconfinement progressif du Québec – le principal marché de la sixième banque en importance au pays – laisse entrevoir des jours meilleurs, selon son président et chef de la direction, Louis Vachon.

« Si on regarde vers l’avant, les perspectives économiques de la province demeurent favorables, avec ses finances publiques saines, son économie diversifiée, des consommateurs moins endettés ainsi qu’un système de soutien financier bien développé pour les entreprises locales », a-t-il affirmé, mardi, au cours d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du deuxième trimestre.

Après la clôture des marchés financiers, la Nationale a dévoilé un bénéfice net de 379 millions de dollars (M$), ou 1,01 $ par action, pour la période de trois mois, terminée le 30 avril, par rapport à 558 M$, ou 1,51 $ par action, au deuxième trimestre l’an dernier.

De leur côté, les revenus d’exploitation se sont établis à 2,04 milliards de dollars (G$), en progression de 15 %, alors que l’ensemble des secteurs ont affiché des augmentations à ce chapitre. Les analystes s’attendaient à ce que la Nationale affiche des revenus de 1,99 milliard $ ainsi qu’un bénéfice par action de 94 cents, selon la firme de données financières Refinitiv.

Louis Vachon a expliqué aux analystes que la banque avait débuté le trimestre du bon pied, avant que les mesures de confinement visant à limiter la propagation du nouveau coronavirus viennent changer la donne. Au Québec, l’économie s’est retrouvée au neutre. À l’échelle nationale, des centaines de milliers de Canadiens se sont retrouvés en congé forcé et plusieurs d’entre eux sont toujours privés de leur gagne-pain.

« À la mi-mars, nous avons commencé à subir l’incidence d’une diminution de l’activité alors que les autorités encourageaient les Canadiens à demeurer à la maison », a-t-il dit.

Le « fond du baril » a été touché dans la semaine du 6 avril, alors que les nouvelles hypothèques accusaient un repli de l’ordre de 35 % par rapport à la même période il y a un an, a expliqué la première vice-présidente à la direction, particuliers et expérience, Lucie Blanchet.

Le nouveau coronavirus a incité jusqu’à présent la plupart des institutions financières à mettre de côté d’importantes sommes destinées à faire face à de mauvaises créances. Au Québec, où la pandémie a été plus sévère, le Mouvement Desjardins avait provisionné 324 M$ au premier trimestre terminé le 31 mars afin de faire face à des pertes sur crédit, une somme presque trois fois plus élevée par rapport à il y a un an.

À la fin du deuxième trimestre, la Nationale avait accepté de reporter les versements sur environ 114 000 prêts hypothécaires (38 682), personnels (26 627), étudiants (39 308) ainsi que pour des cartes de crédit (9316). Desjardins a, pour sa part, reçu plus de 700 000 demandes du genre de la part de ses membres.

La direction de la Nationale a dit ne pas s’attendre à une augmentation des provisions pour mauvaises créances au cours des prochains trimestres.

Dans le secteur consacré aux particuliers ainsi qu’aux entreprises, les bénéfices de la Nationale ont plongé de 72 %, à 65 M$, au deuxième trimestre, puisqu’il a fallu mettre de côté 301 millions $. Du côté de la gestion de patrimoine, les profits ont été de 141 M$, en hausse de 21 %, puisque la dotation pour pertes sur crédit n’a été que de 4 M$.

Les provisions pour mauvaises créances ont été de 162 M$ dans la division des marchés financiers et de 32 M$ à l’international, où les bénéfices ont respectivement été de 159 M$.

Malgré une baisse de ses profits, la Nationale n’a pas touché à son dividende trimestriel, qui est demeuré à 71 cents par action.

À la Bourse de Toronto, l’action de l’institution financière a clôturé à 57,08 $, en hausse de 3,06 $, ou 5,67 %.

BMO hausse ses provisions pour pertes sur prêt

La Banque de Montréal a affiché mercredi un bénéfice de 689 M$ au deuxième trimestre, en baisse par rapport à celui de 1,5 G$ de la même période l’an dernier, parce qu’elle a augmenté ses provisions pour les pertes sur prêts en raison de la pandémie.

La banque a indiqué que ses provisions totalisaient 1,11 G$, pour le plus récent trimestre, alors qu’elles étaient de 176 M$ au même trimestre l’an dernier.

Toutefois, la Banque de Montréal a réalisé un bénéfice de 1,00 $ par action pour le trimestre terminé le 30 avril, comparativement à un bénéfice de 2,26 $ par action un an plus tôt.

Le chef de la direction de la banque, Darryl White, a estimé que l’ampleur et l’ampleur de la pandémie demeurent incertaines, mais la banque est bien placée pour relever les défis.

« Au deuxième trimestre, nous avons démontré la résilience de notre capacité bénéficiaire en dépit de la volatilité des marchés et d’un provisionnement prudent des pertes sur prêts », a affirmé Darryl White dans un communiqué.

« Tandis que nous amorçons la réouverture de nos économies, nous adapterons nos activités et assurerons leur durabilité afin de soutenir nos clients, nos employés, les collectivités et la reprise économique dans son ensemble, et nous sortirons collectivement de cette crise encore plus fort. »

Sur une base ajustée, la Banque de Montréal a enregistré un bénéfice par action de 1,04 $ pour le trimestre, comparativement à un bénéfice ajusté de 2,30 $ il y a un an.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 1,22 $ par action pour le trimestre, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

La Banque de Montréal a indiqué que sa provision pour pertes sur créances pour les prêts douteux était de 413 M$, en hausse par rapport à 150 M$ il y a un an, tandis que la provision pour pertes sur créances pour les prêts productifs totalisait 705 M$ en raison de l’assombrissement des perspectives économiques.

Les activités de services bancaires personnels et commerciaux au Canada ont généré 361 M$ pour le trimestre, en baisse par rapport à 616 M$ il y a un an, en raison de la hausse des provisions pour pertes sur prêts, tandis que la hausse des revenus a été partiellement contrebalancée par la hausse des dépenses.

Aux États-Unis, les opérations bancaires personnelles et commerciales de la banque ont rapporté 339 M$, contre 406 M$ au même trimestre il y a un an.

La division de gestion de patrimoine de la banque a gagné 144 M$, comparativement à 305 M$ il y a un an, tandis que ses activités sur les marchés financiers ont perdu 74 M$, comparativement à un bénéfice de 250 M$ au même trimestre l’an dernier.

Les résultats du groupe des services aux entreprises de la banque sont demeurés relativement inchangés avec une perte de 81 M$, comparativement à une perte de 80 M$ il y a un an.

Un recul de 52 %

Le Groupe Banque TD a subi au second trimestre un recul de 52 % de son bénéfice net par rapport à la période correspondante de l’exercice 2019: il est passé de 3,172 G$ à 1,515 G$.

La banque explique la diminution essentiellement par la hausse de la provision pour pertes sur créances. Elle a bondi de 873 M$ comparativement à celle du deuxième trimestre de l’exercice précédent, ce qui est attribué aux changements dans les perspectives économiques.

Bharat Masrani, président du Groupe et chef de la direction du Groupe Banque TD, reconnaît que la crise de la COVID-19 a une incidence sur la santé et le bien-être financier des clients de façon très personnelle et sans précédent.

La banque CIBC aussi touchée

À son tour, la Banque CIBC affiche des résultats du deuxième trimestre de 2020 qui portent la marque de la pandémie de COVID-19.

Le bénéfice net, qui était de 1,348 G$ il y a un an, ou 2,95 $ par action, s’est effondré à 392 M$ au trimestre qui a pris fin le 30 avril dernier, ou 0,83 $ par action. Il s’agit d’une dégringolade de 71 %.

La Banque CIBC annonce que la dotation à la provision pour pertes sur créances s’est élevée à 1,412 G$ au deuxième trimestre, en hausse de 1,157 G$, ou 454 %, en regard de celle du deuxième trimestre il y a un an.

L’institution impute ce recul à l’augmentation de la dotation à la provision pour pertes sur prêts productifs et sur prêts douteux sous l’effet de la pandémie de COVID-19 et à la pression persistante exercée sur les prix du pétrole.

Victor G. Dodig, président et chef de la direction de la Banque CIBC, croit néanmoins que grâce aux investissements effectués au cours des dernières années, l’institution est en bonne position pour répondre à la situation actuelle.