À la suite du dernier budget de mars 2020, je mentionnais que « la première cible qui consistait à réduire la dette brute à 45 % du PIB a été atteinte, le ratio en mars 2020 étant de l’ordre de 43,0 % ». Puisque la dette brute était de 197 685 M$, cela présumait un PIB de 459 733 M$. De façon similaire, pour mars 2021, on prévoyait une dette brute de 202 185 M$ avec un ratio de 42,2 %, donc implicitement un PIB de 479 111 M$.
Dans son Portrait de la situation économique et financière 2020-2021 présenté le 19 juin dernier, le ministre des Finances, Eric Girard, fait maintenant état, pour mars 2021, d’un ratio de 50,4 % en raison d’une dette brute de 221 815 M$, en relation avec un PIB de l’ordre de 440 109 M$.
Cette hausse de l’endettement est le résultat combiné du déficit annoncé qui atteindra un niveau historique en 2020-2021 de près de 15 milliards de dollars (G$) et de la baisse du PIB, un « double punch ». Le ratio est grossièrement passé de 42,2 % à 46,3% en raison de la hausse de l’endettement, puis à 50,4 % en raison de la baisse du PIB.
On se rappelle que la dette brute considère l’actif du Fonds des générations. Techniquement, bien que non présentée, la valeur du Fonds a normalement subi les contrecoups des marchés. Si la juste valeur marchande (JVM) du Fonds des générations est de l’ordre de 10 000 M$, une baisse de 10 % a probablement eu un impact à la hausse de l’ordre de 1 000 M$ sur la dette brute. Si la dette brute diminue de 1 000 M$ en raison d’un rebond du Fonds des générations, le ratio devient 50,2 %…. Donc l’effet du rendement du Fonds des générations est somme toute modeste, ce qui entraîne un « triple punch » marginal.
Le ministre Girard évoque un rebond du niveau de production pour la fin décembre 2019. En théorie, le ratio se situerait alors vers 46,3 %. À partir de ce point, l’atteinte de la première cible de 45% du PIB devrait être à nos portes. Bien entendu, les prévisions de dépenses risquent de changer, notamment en tenant compte de l’amélioration prévue de la rémunération des « anges du Québec » dans le secteur de la santé. Un ajustement susceptible de compromettre le ratio de 39,5 % prévu pour 2025.
L’énoncé économique de novembre prochain nous éclairera davantage sur un ratio qui, fort probablement, oscillera autour de 43-44 %. Mais ici, il vaut mieux écouter les économistes que les actuaires.
Daniel Laverdière est A.S.A., Pl. Fin., directeur principal, centre d’expertise, Banque Nationale gestion privée 1859