Beaucoup se demandent pourquoi le marché boursier augmente, alors que le chômage s’envole et que l’économie mondiale prend des allures de récession en raison de la pandémie. Un rapport de Richardson GMP examine le poids des secteurs, la croissance de l’économie des services et le recours plus important aux méthodes quantitatives pour offrir plus que la réponse toute faite selon laquelle « la Bourse n’est pas l’économie ».
Le S&P 500 n’a baissé que de 1% jusqu’à présent cette année, et le S&P/TSX composite a retraité de 8%. « C’est [pourtant] le contexte économique le plus sombre depuis la grande dépression », selon le rapport, avec des taux de chômage au Canada et aux États-Unis d’environ 12% et des prévisions de contractions économiques majeures pour cette année.
Comment cela est-il possible ? Le rapport souligne quelques facteurs qui y contribuent.
Tout d’abord, la composition des indices a considérablement changé au cours de la dernière décennie et est désormais beaucoup plus axée sur la technologie. Les valeurs technologiques représentent plus de 25 % du S&P 500, mais cela n’inclut même pas Facebook et Alphabet, qui ont été reclassés comme services de communication par Standard and Poor’s en 2018.
Les valeurs technologiques ont été florissantes pendant la pandémie, alors que les « secteurs économiquement sensibles » tels que l’énergie, les matériaux, l’industrie et la consommation discrétionnaire ne comptent plus autant dans le S&P 500.
Deuxièmement, les économies avancées sont de plus en plus axées sur les services, mais la plupart des restaurants, salons et salles de sport qui font tourner l’économie ne sont pas des titres cotés en Bourse. Les entreprises de moins de 500 employés représentent 87 % de l’emploi, selon le rapport, qui cite les données de Statistique Canada. Mais seules 13 entreprises du S&P/TSX Composite ont moins de 500 employés.
Les entreprises familiales ont été les plus touchées par les fermetures forcées, tandis que les entreprises technologiques qui prospèrent dans l’économie du travail à domicile ont tendance à avoir une main-d’œuvre réduite et hautement qualifiée, indique le rapport.
Enfin, l’ajout de stratégies d’investissement quantitatives a influencé les prix du marché. Le rapport se penche sur le contrat à terme E-mini du S&P 500, qui se démarques dans le cadre de ces stratégies. Les contrats à terme ont pris une position courte presque record à partir de la fin février, ce qui « a ajouté une pression à la baisse sur le marché et a probablement accéléré les baisses observées en février/mars », selon le rapport.
Cette tendance s’est inversée ces dernières semaines, ce qui a probablement aidé le marché à prospérer malgré les risques macroéconomiques et les nouvelles négatives, et a contribué à la divergence par rapport à l’économie en général.
« Si l’on additionne tout cela, il y a des périodes où l’économie et la bourse semblent marcher sur deux tambours différents, selon le rapport. Cela peut persister pendant des mois, des trimestres et même des années – mais cela ne dure pas. »