Un homme d'affaire cliquant sur un dessin de dollar dans un écran transparent
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De plus en plus d’entreprises technologiques grugent le territoire des banques en proposant des services financiers. La plupart proposent par exemple aux petites entreprises un accès rapide à de l’argent, constate le Financial Post.

Ainsi, début août, la société montréalaise Lightspeed POS a annoncé qu’elle offrait des prêts d’une valeur maximale de 50 000 $ américains par point de vente aux commerçants américains qui sont des utilisateurs de son logiciel de point de vente. L’argent du prêt étant disponible le jour suivant la demande, cette proposition s’avère particulièrement intéressante lorsque l’on désire financer un projet afin de consolider ses activités, comme de lancer rapidement une nouvelle gamme de produits, par exemple.

« Supposons que vous vouliez rapidement ajouter à votre inventaire quelques palettes supplémentaires d’un produit dont vous constatez le succès. Il est possible que les tracas liés à l’obtention d’un petit prêt de la part de votre banque vous freinent dans votre démarche ou vous amènent à y renoncer », illustre Dax Dasilva, le directeur général de Lightspeed.

Lightspeed n’est pas la première ni la dernière entreprise de technologie financière à se lancer dans les services financiers. Apple possède maintenant une carte de crédit qui s’intègre à son iPhone et à Apple Pay. Uber Technologies propose une carte de débit Visa à ses conducteurs et qui est lié à un compte de chèques. Quant à Facebook, pensons seulement à son projet de création d’une cryptomonnaie, la Libra.

Récemment, Angela Strange, associée générale de l’influente société de capital-risque de la Silicon Valley, Andreessen Horowitz, se demandait dans son blogue si les compagnies n’allaient pas toutes devenir des fintechs.

Proposer une certaine gamme de services financiers offre de nombreux avantages aux entreprises. Cela leur permet d’abord de récolter différentes informations sur le client, mais aussi d’approfondir sa relation avec lui et de nourrir sa fidélité. Il est effectivement plus aisé de changer de fournisseur lorsque l’on n’y est pas lié par un prêt de 50 000 $.

Des services de niches

Offerts dans un tel contexte, les services financiers offerts par les entreprises de technologies financières sont en mesure d’avoir une offre beaucoup plus nichée que celle des grandes banques traditionnelles.

« Les produits existants proposés par les banques traditionnelles sont tout simplement nuls pour nos commerçants, affirme Kaz Nejatian, vice-président de Shopify Financial Solutions. Sa firme propose un programme de prêts aux États-Unis depuis 2016 et a étendu son offre au Canada et au Royaume-Uni au début de l’année. Les grandes entreprises n’ont pas de problèmes avec les services bancaires, car ces institutions sont conçues pour servir les grandes entreprises. Toutefois, les petites entreprises rencontrent souvent un problème de taille : elles n’ont pas accès à l’argent. »

Kaz Nejatian souligne malgré tout que Shopify n’essaie pas de devenir une banque. La société désire seulement offrir un service dont ses commerçants ont besoin pour réussir.

« Je pense que si notre proposition consiste seulement à reproduire le service offert par une banque, nous avons échoué misérablement. Ce n’est certainement pas le but que nous poursuivons, assure-t-il. Mon objectif est d’aider à développer le prochain million d’entrepreneurs et de faciliter le lancement, la croissance et la réussite de l’entreprise de chacun. Certaines de nos propositions prendront la forme de services financiers, et d’autres seront autre chose. »

À l’avenir, on pourrait imaginer que les grandes institutions financières concentreront leurs actions dans tout ce qui concerne les opérations largement complexes et lourdement réglementer, incluant des prêts d’une valeur astronomique, pendant que d’autres sociétés, plus agiles, utiliseront l’infrastructure pour offrir une offre s’apparentant à des services financiers, mais adaptée à leur niche.

« Ce que beaucoup d’entreprises essaient de faire – et nous ne sommes pas différents – c’est de s’approprier l’expérience du client et de l’approfondir de toutes sortes de manières au fil du temps en supprimant les frictions », commente Michael Katchen, cofondateur et directeur général de Wealthsimple Technologies, de Toronto.

Il ne s’attend donc pas à supplanter les banques de sitôt. Le secteur financier est lourdement réglementé, et cette réglementation est parfois différente sous certains aspects d’un pays à l’autre, alors pour cette raison, il juge peu probable que des firmes de technologie financière puissent croître jusqu’à atteindre une stature mondiale comme les Google LLC et Amazon.com de ce monde.

« Les banques sont souvent des entreprises colossales dont les assises reposent sur des succursales desservant beaucoup de clients historiquement plutôt conservateurs dans leur manière de magasiner leurs services financiers, ajoute-t-il encore. Nous assistons toutefois à un changement de génération. Les banques ont la possibilité d’investir maintenant afin de prévenir le changement de paradigme. Ce ne sera pas facile, mais ils devront repenser leur modèle économique, et la façon dont elles fabriquent et proposent leurs produits et services. »