Le Regroupement des jeunes conseillers du Québec (RJCQ), anciennement connu comme le Regroupement des jeunes courtiers du Québec, ne perd pas de vue son objectif principal, mais pense également au futur.

Un beau parcours

Antoine Chaume, qui a récemment quitté la présidence du groupe au profit d’Ann-Rebecca Savard, estime avoir accompli ce qu’il voulait à la tête du groupe.

Lorsque lui et Francis Frappier ont créé la division Montréal-Sud du RJCQ en 2017, à l’image du groupe du même nom à Québec, leur but était de développer un lieu où les conseillers entrepreneurs pouvaient se retrouver, échanger en toute sécurité et trouver des solutions aux enjeux rencontrés au sein de leur entreprise. Un objectif pour le moins réussi puisque le RJCQ compte aujourd’hui plus de 600 membres.

« On est très fiers d’avoir pris le RJCQ et de l’avoir amené là où il est aujourd’hui. On est contents d’avoir fait grandir le regroupement et d’être allé chercher une crédibilité aussi grande auprès des partenaires des compagnies d’assurance et d’investissement », commente-t-il en entrevue avec Finance et Investissement.

Cette année, plus de 250 personnes participaient à leur événement annuel le 22 octobre dernier. « On arrive vraiment dans les événements porteurs de l’industrie financière à mon avis, s’enthousiasme-t-il. Normalement pour les événements de cette importance, il y a des gens qui travaillent à temps plein alors que nous on fait ça un peu à temps partiel comme bénévole. Donc on est très contents de nos accomplissements. »

Une nouvelle présidente pour le RJCQ

Pour Antoine Chaume, le moment était venu de passer à autre chose, et ce pour plusieurs raisons. Ce dernier doit ainsi se concentrer sur sa nouvelle société Waltr Solutions collectives, mais ce qui a surtout motivé son départ, c’est le fait d’avoir accompli ce qu’il voulait faire et d’avoir trouvé quelqu’un à qui passer le flambeau.

« Il y a un an, on ne sentait pas que l’équipe du RJCQ était suffisamment forte pour qu’il y ait une pérennité, rapporte-t-il. L’année dernière, on est allés chercher Ann-Rebecca Savard pour qu’elle siège au conseil d’administration (CA) et elle a su prendre rapidement beaucoup de leadership. À la lumière de l’événement annuel, c’était clair que ça devait être elle la nouvelle dirigeante du RJCQ. »

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De son côté, Ann-Rebecca Savard avoue avoir toujours voulu s’impliquer pour l’avenir de la profession à l’image de son père, Gino-Sébastian Savard – président de MICA Cabinets de services financiers et président du CA de la Chambre de la Sécurité financière (CSF) – et de son grand-père.

« Je trouve ça très important de m’impliquer le plus que je peux pour m’assurer qu’on puisse avoir dans l’avenir une belle profession et avec les meilleures conditions autant pour nos clients que pour les conseillers », confie la jeune conseillère en entrevue.

Bien qu’elle ait accepté avec enthousiasme son nouveau rôle de présidente après un an au RJCQ, Ann-Rebecca Savard avoue avoir été ébranlée par le départ des deux co-fondateurs du mouvement de la Rive-Sud de Montréal.

« Sur le coup ça a été difficile de prendre la nouvelle, ça m’a fait peur, je me demandais comment on allait continuer. Évidemment, je comprenais leurs motifs, mais c’était deux gros morceaux qui nous quittaient », rapporte-t-elle.

Toutefois, le CA a rapidement cherché de nouveaux membres et le groupe a appris à travailler ensemble. « On est déjà très proches, affirme Ann-Rebecca Savard. J’ai confiance dans le groupe actuel et je pense vraiment qu’on va être capable de prendre le flambeau que Francis et Antoine nous ont si bien tendu et d’amener le RJCQ à un autre niveau. »

Le futur du RJCQ

Si Ann-Rebecca reste encore vague sur les projets futurs en tant que tels et avoue que la COVID freine un peu leurs idées de développement, un bel avenir se dessine pour le RJCQ.

Récemment, ce dernier s’est structuré officiellement comme organisme à but non lucratif, car ils ont reçu plusieurs demandes pour lancer de nouvelles divisions notamment dans les Laurentides ou sur la Rive-Nord de Montréal.

« Il fallait qu’on s’organise comme il se doit pour continuer à avancer », témoigne Antoine Chaume. C’est aussi pour cette raison que le regroupement a changé de nom pour que le C de RJCQ soit l’acronyme de conseiller et non plus de courtier. « Selon nos avocats, on n’est légalement pas supposé utiliser le terme courtier, donc on a changé pour conseiller ».

Malgré ces transformations, Ann-Rebecca ne perd toutefois pas l’objectif de départ de vue, soit être un lieu d’échange et de réseautage. C’est pour cela qu’elle espère rapidement pouvoir refaire des événements en présentiel.  « Au bout de ligne le RJCQ, l’apport principal c’est le côté réseautage donc d’être capable d’échanger les meilleures pratiques et ça c’est ce qui a manqué le plus cette année. »

Les membres du CA discutent d’ailleurs pour savoir s’ils vont tenir l’événement annuel de 2021 en mai ou à la fin de l’année, pour laisser plus de temps à la situation d’évoluer.

En attendant, le CA réfléchit déjà à de nombreuses formations pour les conseillers notamment sur la technologie, la psychologie, le coaching, le mentorat, la motivation, l’importance de l’équilibre de vie, la gestion des émotions et des attentes du client, etc.

Les défis pour les jeunes conseillers

Le RJCQ a été créé pour aider les jeunes conseillers indépendants à se lancer dans l’industrie. Il essaie notamment de résoudre certains problèmes, notamment l’asymétrie de coaching, de formations et d’outils entre les différentes firmes en offrant des formations à bas prix et du réseautage.

« Quand on se lance en tant que conseiller, c’est une entreprise en soi, les statistiques sont probantes, une personne sur deux quitte l’industrie après un an et après ça c’est un peu les mêmes statistiques que pour les gens qui se lancent en affaires, soit une personne sur cinq arrive à passer à travers les 3-4 premières années. Notre objectif c’est de pouvoir donner une plateforme où on peut trouver du coaching, du mentorat et partager ses expériences, afin d’améliorer cette statistique », explique Antoine Chaume.

Le RJCQ peut aussi mettre en contact plusieurs conseillers, dont ceux qui n’ont pas assez de roulement dans leurs clients ou les conseillers sortants qui cherchent de la relève. « Pouvoir aider les gens à se catapulter dans leur carrière, pour nous c’est une énorme réussite », confie l’ex-président du regroupement.

Évidemment, cette année, d’autres défis sont venus s’ajouter notamment en raison de la COVID-19. « Le plus difficile a été de réseauter, un échange qui vaut pourtant de l’or pour les jeunes conseillers », témoigne Ann-Rebecca Savard, qui note que le confinement nuit également à la prospection de clientèle.

Elle souligne toutefois que les difficultés viennent toujours avec des opportunités et estime qu’il est possible de faire tout cela virtuellement. « Je lève mon chapeau aux conseillers qui ont su s’adapter et qui continuent de trouver des façons de se démarquer », affirme-t-elle.

Un autre problème actuel est le resserrement au niveau du crédit. Il est en effet plus difficile de trouver du financement pour acheter des blocs d’affaires, elle pense toutefois que cela devrait se rétablir « dans un avenir rapproché ».

Un autre gros défi, selon elle, se dessine avec l’abolition de certaines formes de rémunération dans les prochaines années. Mais encore une fois, elle estime que cette transformation est pour le mieux, car elle valorise le conseil professionnel et transforme les préjugés à l’encontre des conseillers.

Une femme à la présidence

Quant au fait que ce soit une femme qui reprenne la présidence du RJCQ, Antoine Chaume juge cela bénéfique. « C’est certain que de voir des femmes qui ont du leadership en finance, ça pourrait pousser des gens à prendre certaines décisions qu’ils n’osent pas prendre », souligne-t-il en pensant aux femmes qui n’osent pas se lancer dans une carrière en tant qu’indépendante.

Ann-Rebecca Savard espère que ce dernier a raison, car elle-même déplore qu’il y ait aussi peu de femmes conseillères indépendantes. Elle souligne même être disponible pour les femmes qui auraient besoin de conseils pour se lancer dans la profession. « Qu’elles ne se gênent pas, moi ça va me faire plaisir de les guider et essayer de les rassurer, parfois c’est simplement ça dont on a besoin. »

Elle reste toutefois optimiste, car déjà plusieurs personnes l’ont contactée depuis qu’elle a accepté son nouveau rôle, notamment des femmes. Elle souligne d’ailleurs qu’elle a de nombreux projets pour inspirer davantage de femmes à se lancer dans le domaine, car elle estime que ce dernier est fait pour elles, notamment en raison de leur écoute et leur empathie prononcées.

« Je pense que c’est une des plus belles professions pour les femmes dans le domaine financier d’être conseillère en sécurité financière indépendante. C’est une super belle profession et ça permet pleins davantage pour l’équilibre de vie », conclut-elle.