Une analyse des résultats bancaires de fin d’année amène Hélène Paradis, vice-présidente et conseillère en placements chez Gestion de patrimoine TD, à distinguer tranquillement la lumière au bout du tunnel.

« Les banques canadiennes ont surpassé les attentes des analystes », affirme-t-elle en entrevue avec Les Affaires.

Les résultats des six plus grandes banques canadiennes pour le quatrième trimestre terminé le 31 octobre ont effectivement été meilleurs qu’espérés, bien qu’ils soient toujours en baisse par rapport au revenu annuel déclarés en 2019.

Certaines banques ont particulièrement tiré leur épingle du jeu. On peut ainsi penser à la RBC et la TD qui ont bien performé. La Banque Scotia, quant à elle, reste quelque peu à la traîne, en raison principalement de sa division internationale, « qui va prendre un peu plus de temps à récupérer », précise Hélène Paradis.

Une certaine réticence

Les prix des actions des banques remontent gentiment et rattrapent leur retard par rapport à d’autres secteurs de l’économie. Toutefois, les investisseurs se montrent encore quelque peu réticents.

Selon Hélène Paradis, cela s’expliquerait en raison de leurs inquiétudes face aux mauvaises créances. Elle souligne toutefois que les banques sont assez confiantes à cet égard. Certaines auraient même commencé à réduire les sommes qu’elles ajoutent à leur réserve, car elles estiment pouvoir faire face à la situation.

Les banques ont bénéficié des programmes d’aides gouvernementales, comme la PCU, qui ont eu comme effet de différer le taux de défaillance, note Hélène Paradis. L’arrivée du vaccin arrive juste à temps et devrait aider la relance économique en diminuant le risque de mauvaises créances.

On devrait donc découvrir rapidement « si effectivement les banques ont assez de réserve pour passer aux travers des mauvaises créances », souligne la conseillère en placements.

Une rotation sectorielle en cours

Depuis le mois de septembre, on constate une certaine rotation sectorielle, note Hélène Paradis. Ainsi, si au printemps, plusieurs se sont tournés vers des titres du secteur de la consommation de base qui performaient particulièrement bien et permettaient de protéger le portefeuille, désormais les investisseurs s’orientent vers d’autres secteurs, notamment la consommation discrétionnaire.

« Cette rotation sectorielle s’est accélérée avec l’annonce de l’efficacité du vaccin de Pfizer et devrait continuer au courant de l’année prochaine », précise-t-elle.

Cette rotation sectorielle ne devrait toutefois pas toucher tous les secteurs. Ainsi les titres technologiques, qui ont attiré nombre d’investisseurs durant la pandémie, devraient garder leur pouvoir d’attraction.

« Les titres technologiques c’est quand même l’avenir. Ce sont des thèmes qui sont là pour rester », commente Hélène Paradis. Selon elle, ce sont plutôt les autres secteurs qui devraient récupérer leur intérêt et non les titres technologiques qui devraient perdre le leur.

D’autres tendances 2021

« Le vaccin est la lumière au bout du tunnel, mais on va quand même commencer l’année 2021 en étant toujours dans ce tunnel », prévient la conseillère en placements, ajoutant toutefois que les perspectives pour 2021 semblent meilleures que celles de 2020.

« À court terme, l’économie va encore avoir besoin de l’aide gouvernementale », continue-t-elle. Toutefois, « il y a beaucoup de bonnes nouvelles en 2021. Certaines ont déjà été intégrées dans le prix des actions des valeurs boursières, mais il y a encore de la place à l’augmentation. Donc on pense que le marché pourrait continuer à monter en 2021 ».

Malgré un regain de l’économie, les gestionnaires de la TD ne s’attendent pas à une hausse de taux d’intérêt avant 2023. Ils conseillent donc aux investisseurs de bien diversifier leur portefeuille pour aller chercher du rendement.

« On pense toujours que les actions vont mieux performer que les obligations l’année prochaine », précise-t-elle.

Elle conseille ainsi aux investisseurs plus conservateurs de privilégier les actions des grosses compagnies stables. « Au moins, ils auront un revenu plus important que s’ils restaient en obligation », insiste-t-elle.

Du côté américain, on reste dans l’attente de la composition du sénat pour savoir quel parti obtiendra le pouvoir. Si les Républicains l’emportent, on ne devrait pas voir de gros changements en matière de taxation des entreprises, ce qui devrait réjouir le marché. À l’inverse, en cas de victoire des Démocrates, le programme d’aide tant attendu au pays devrait être mis en place plus rapidement.

Il reste encore quelques inconnus pour 2021, mais la situation boursière devrait toutefois s’améliorer et possiblement se stabiliser.