Les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) prennent toujours plus de place. Ces dernières devraient avoir une place de choix en 2021, surtout que le secteur financier redouble d’efforts en matière de politiques respectueuses du climat.
Dans un article récent d’Investment Executive, Dustyn Lanz, PDG de l’Association pour l’investissement responsable (AIR) cible 6 tendances clés en matière de finance durable à surveiller en 2021.
1) Lancement d’un Conseil d’action pour le financement durable
En 2019, le Groupe d’experts sur le financement durable proposait de mettre en place un Conseil d’action pour le financement durable. Ce dernier devrait aider le gouvernement dans la mise en place des recommandations concernant le financement durable et faire des recommandations pour attirer et développer ce type de financement au pays.
Le gouvernement a répondu favorablement à cette demande dans un énoncé économique datant de cet automne. Il a ainsi alloué 7,3 millions de dollars (M$) sur trois ans pour mettre sur pied ce Conseil d’action.
Le lancement dudit Conseil d’action est prévu pour 2021.
2) Enfin des normes de divulgation ESG
Le CFA Institue développe actuellement des normes ESG, notamment pour les fonds d’investissement. Ces normes permettront de pouvoir comparer les produits entre eux et offriront plus de transparence aux investisseurs.
La publication de ces normes est prévue pour le mois de mai. Dustyn Lanz s’attend à ce que ces dernières soient largement adoptées par le marché mondial et que les futurs travaux, notamment les normes du Sustainable Finance Action Council et du gouvernement fédéral, s’appuient sur celles-ci.
3) Les questions ESG au cœur des discussions
Dustyn Lanz s’attend à ce que les questions environnementales et sociales dominent la saison des votes par procuration. Le public demande des réponses et les sociétés devront s’y plier.
En novembre, huit des plus grands fonds de pension du Canada ont réclamé que les entreprises améliorent leurs informations financières liées au climat.
Les universités canadiennes s’intéressent également à ces questions. Récemment, quinze d’entre elles ont signé la charte « Investing to Address Climate Change » dans laquelle elles s’engagent notamment à s’associer à des entreprises via leurs portefeuilles d’investissement afin de réduire leurs émissions de carbone.
Même les investisseurs veulent voir du changement. À la fin de 2020, des investisseurs représentant plus de 4000 G$ d’actifs ont signé la Déclaration des investisseurs canadiens sur la diversité et l’inclusion, s’engageant ainsi à promouvoir la diversité et l’inclusion dans leurs organisations et dans leurs portefeuilles.
4) Les autorités bancaires aussi dans la course
Au début 2020, la Banque du Canada (BdC) publiait un rapport mettant en garde contre les importants risques économiques liés au changement climatique et soulignant l’importance de la transition vers une économie à faibles émissions carboniques. La Banque conseillait ainsi d’agir rapidement pour laisser au marché le temps de s’ajuster et éviter ainsi une brutale réévaluation des actifs.
En 2021, la BdC compte intensifier ses travaux sur les changements climatiques. Elle travaille notamment sur un projet pilote avec le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF). Avec des acteurs du secteur financier, ils évaluent l’exposition du système financier aux risques liés à la transition vers une économie à faible émission de carbone.
Un rapport devrait être rendu public avant la fin de l’année.
5) Le programme de financement privé de la COP26
La prochaine conférence de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur le climat, ou COP26, est prévu pour novembre. Cette dernière sera accompagnée du Programme de financement privé de la COP26, une initiative mondiale approuvée par l’ancien gouverneur de la banque centrale Mark Carney, envoyé spécial de l’ONU pour l’action et le financement en faveur du climat.
L’objectif de ce programme est que chaque décision financière professionnelle tienne compte du changement climatique et ait en tête qu’en 2050, on ne veut plus émettre de gaz à effet de serre.
Cela va sûrement pousser nombre d’acteurs du secteur financier à prendre des engagements importants en matière d’environnement d’ici l’automne.
6) La montée du « financement de la transition »
Ce financement qui aide les entreprises dégageant beaucoup de carbone à adopter un modèle d’entreprise à faible intensité en carbone devrait prendre de l’essor. Le Canada repose beaucoup sur des industries extractives comme les mines qui dégagent beaucoup de carbone. Ces entreprises doivent repenser leur modèle d’entreprise pour survivre dans un monde à faibles émissions de carbone.
En raison de leurs émissions de gaz à effet de serre, ces entreprises ne peuvent compter sur un financement « vert ». Elles se reposent donc sur des outils de financement, comme des obligations dont les taux d’intérêt sont liés à la réalisation d’objectifs de réduction des émissions.
Le groupe CSA travaille actuellement sur un système de classification, une taxonomie du financement de la transition, qui permettra d’identifier les activités commerciales pouvant bénéficier de ce type de financement. Ce cadre devrait être mis à la disposition des participants de l’industrie en 2021.