Le Groupe financier PEAK a vécu en 2020 ce que l’on désigne à l’interne comme la «Révolution PEAK».
En janvier 2020, Robert Frances a repris le poste qu’il avait occupé pendant 24 ans, soit celui de président-directeur général. Il a effectué une série d’ajustements technologiques, qui se sont accélérés au printemps, en raison de la pandémie. Malgré la tempête, PEAK est resté en bonne santé financière et a gagné des parts de marché.
Pour souligner cette réussite, le jury du Top des leaders de l’industrie financière nomme Robert Frances gagnant de la catégorie Courtage en valeurs mobilières et en assurances de personnes. «Son entreprise connaît une excellente performance, une croissance contrôlée grâce à son travail auprès des conseillers. Il s’est assuré du bien-être de ses employés, notamment en en rencontrant certains dans la foulée du mouvement Black Lives Matter», indique ce jury.
À la mi-janvier, l’actif sous administration (ASA) de PEAK se chiffrait à 12,3 G$, soit une croissance de 12,5% au cours des 12 mois précédents.
Alors qu’en juillet 2018 l’ASA du groupe financier représentait 3,37% de l’actif recueilli au Québec par l’ensemble des sociétés de courtage de détail en valeurs mobilières, qui est compilé par l’Institut de la statistique du Québec, il équivalait à 3,58% en août 2020.
Ce gain de parts de marché s’explique notamment par le taux d’épargne supérieur des clients et le bon travail des conseillers, d’après Robert Frances: «Si on a fait un bon travail, c’est parce que les conseillers n’ont pas utilisé de placements spéculatifs. Ce sont des portefeuilles bien montés.»
La hausse de l’ASA s’explique aussi par le fait que, depuis 2018, plus d’une centaine de conseillers se sont joints à PEAK, qui en compte plus de 1 500. En 2019, 272 M$ provenant de portefeuilles de nouveaux conseillers se sont ajoutés à l’ASA de PEAK, s’additionnant aux 250 M$ d’ASA de 2018. En 2020, l’actif provenant de nouveaux conseillers serait similaire à celui des années précédentes, prévoit PEAK.
Son ratio de liquidité relative (acid test ratio), qui teste la facilité avec laquelle il peut rembourser ses dettes courantes avec ses actifs courants, s’améliore d’année en année. Ainsi, il était de 1,1 en 2016 et atteignait 1,2 en 2020, «une situation confortable et enviable qui témoigne de la santé financière de l’entreprise», écrit PEAK dans une note à Finance et Investissement.
Ces chiffres sont le fruit du travail de Robert Frances et de ses équipes, qui a été important ces dernières années. Relativement discret sur ses activités, le groupe PEAK a été dirigé pendant quatre ans par Marc Doré, qui a orchestré non seulement cette croissance, mais également le redressement du service de conformité.
En juillet 2020, PEAK admettait des lacunes sur le plan des systèmes de contrôle et de supervision mis en place entre 2011 et 2017, selon un règlement conclu avec l’Association canadienne des courtiers de fonds mutuels pour lequel il recevait une amende de 75 000 $. En mai 2018, le Tribunal administratif des marchés financiers imposait une pénalité administrative de 200 000$ à PEAK pour des faits similaires. Selon PEAK, aucune perte du public investisseur n’a été constatée. Le courtier a dépensé depuis 2016 plus de 1 M$ auprès de consultants externes et d’avocats afin de revoir ses politiques et procédures et, depuis 2017, a embauché 10 personnes de plus en conformité. «Ç’a été un redressement important causé par une croissance assez extraordinaire et, maintenant, on est sur la très bonne voie», dit Robert Frances.
Année intense
En janvier 2020, Robert Frances annonce un repositionnement technologique assorti d’investissements de 10 M$sur cinq ans. Or, en mars, la pandémie force les 130 employés à adopter le télétravail. «On est passé de quelques bureaux à littéralement 138 bureaux d’affaires. Il a fallu mettre les bouchées doubles en cybersécurité. On a investi dans des outils additionnels et donné beaucoup de formation à nos employés», note Robert Frances.
«Ç’a été pour moi une expérience difficile au début et très troublante», raconte-t-il. Toutefois, il réalise que la crise crée une occasion de mener une révolution techno.
PEAK développe sa propre plateforme de vidéoconférence et une «voûte bidirectionnelle» afin que les conversations et l’échange de documents entre clients et conseillers soient sécurisés. Le courtier lance aussi un outil d’intelligence d’affaires qui informe les conseillers sur le comportement de leurs clients. Par exemple, un représentant pourra appeler son client après avoir été avisé que celui-ci commence subitement à suivre quotidiennement son état de compte. «Ça permet de donner un service plus personnalisé, de rapprocher un conseiller de ses clients», explique Robert Frances.
Au travers de la crise, PEAK a multiplié les initiatives pour renforcer le lien entre les conseillers et la haute direction, et soutenir ses employés, notamment avec des prêts financiers pour assister les employés dont un conjoint avait perdu son emploi, et un programme d’accès à des soins médicaux privés pour eux et leur famille. «La COVID frappe partout. On a perdu des clients, des membres de la famille de nos employés et même un conseiller. Il a fallu rester très près de notre monde.»
Son talent de communicateur et de motivateur a dû l’aider, selon l’avocat Michel Brunet, associé chez Dentons, qui siège au comité-conseil de PEAK: «Robert est extrêmement aimable et articulé. Il sait parler au monde, que ce soit en privé ou sur une scène pour motiver ses gens et les amener à suivre sa stratégie.»
Lors de la crise liée au mouvement Black Lives Matter, Robert Frances a rencontré personnellement les employés membres de minorités visibles pour échanger avec eux. Il a aussi pris position publiquement contre la discrimination. «[Sur ce plan, j’ai été] mentoré par les employés. Ils ont validé que PEAK est sur la bonne voie et m’ont dit ce qu’on pouvait faire. C’était mobilisateur et très touchant», témoigne-t-il.
Selon ses employés, la société de courtage offre «un environnement de travail positif et respectueux qui célèbre la diversité», montre un sondage mené auprès d’eux par Kincentric. En décembre dernier, cette organisation décernait à PEAK le titre d’Employeur de choix au Canada.
Robert Frances comprend l’importance de l’inclusion culturelle et raciale. «J’en ai vécu les avantages et j’ai entendu les histoires des désavantages de [l’absence d’inclusion]. C’est pourquoi on prend ça au sérieux.»
Pour l’aider dans sa révolution, en 2020, Robert Frances a aussi embauché une directrice culture et talents, un directeur innovation, un directeur de contenu technologique et une conseillère en médias sociaux.
Avec son équipe, il travaillera en 2021 à créer d’autres fonctionnalités pour ses nouveaux outils et à en ajouter d’autres, dont un logiciel de gestion de portefeuille de Croesus.