Si les États-Unis et la Chine ont jusqu’à maintenant été le centre de l’innovation mondiale en matière de technologie financière, les choses sont en train de changer, selon le Harvard Business review. Après l’Amérique et l’Asie, la nouvelle place qui semble rayonner en matière de fintechs n’est nulle autre que l’Afrique, notamment le Kenya.
Jusqu’à maintenant les fintechs se sont essentiellement appuyées sur Internet. On peut ainsi penser aux banques en ligne ou aux géants asiatiques comme Alibaba qui lancent fréquemment des investissements à grande échelle et éliminent les sociétés financières traditionnelles avec leurs inventions numériques.
Mais cette fois-ci, c’est différent. Les pays africains n’ont pas profité des vagues d’innovation américaines et chinoises tout simplement parce que le réseau Internet est loin d’être disponible dans toutes les régions du continent.
Mais, ces dernières années, les pays africains ont connu une grande prolifération des téléphones portables. Et même si ceux-ci ne sont pas forcément capables d’utiliser Internet, leur innovation n’en a pas besoin, car elle se définit par ses services bancaires mobiles inclusifs.
Le Kenya a par exemple connu un taux de pénétration de téléphone mobile impressionnant dans les dernières années, avec des abonnements dépassant de 12 % le montant total de la population. S’appuyant sur cette croissance, le géant des télécommunications Safaricom, qui contribue à hauteur de 5 % au PIB local, a participé au lancement par Vodafone en 2007, du service de microfinancement et transfert d’argent M-Pesa. Celui-ci fonctionne comme une banque mobile limitée, mais sans connexion Internet.
M-Pesa combine l’infrastructure mobile de Safaricom et un réseau d’agents. Safaricom stocke ainsi le solde, puis les clients peuvent se rendre dans l’un des 110 000 agents répartis dans tout le pays pour effectuer des transactions en personne. L’ensemble du système fonctionne avec une technologie similaire à celle de la messagerie textuelle, et s’est étendu à sept pays du continent africain.
M-Pesa va encore plus loin et offre une gamme complète de services bancaires sur les appareils mobiles. Equitel est ainsi un type d’entreprise hybride, soit une société de télécommunication née d’une banque.
Grâce à ces innovations, l’inclusion financière au Kenya qui n’était que de 26 % en 2006 a explosé en l’espace de quelques années. Désormais, 83 % de la population a accès à des services financiers de base.
À la fin de 2018, la région a connu une augmentation de 23 millions de comptes d’argent mobile par rapport à l’année précédente.
Rester dans la course
Si les États-Unis ne veulent pas se laisser distancer, les banques américaines et les fintechs devront étudier les facteurs qui soutiennent ce succès à l’étranger. Selon le Harvard Business Review, trois leçons peuvent être tirées du succès observé au Kenya.
Premièrement, les consommateurs préfèrent les coûts peu élevés et apprécient le fait que plusieurs services soient groupés au même endroit.
Deuxièmement, la finance est une question de confiance. Les jeunes fintechs ont beaucoup à apporter, mais elles ont meilleurs temps de se grouper avec des institutions traditionnelles qui ont déjà gagné la confiance de leurs consommateurs, du fait qu’elles sont sur le marché depuis longtemps.
Troisièmement, il faut chercher des facilitateurs de technologie. Amazon doit par exemple une partie de son succès à son utilisation intensive d’entrepôts américains qui a permis de faciliter la mise en place de sa plate-forme en ligne. Safaricom, en Afrique, a utilisé un réseau d’agents locaux pour lancer M-Pesa. Ceux qui recherchent des catalyseurs devraient examiner quelles ressources dormantes ou sous-utilisées existent et peuvent être associées à une innovation donnée pour la voir se développer.