Les Canadiens qui ont perdu leur emploi en raison de la crise déclenchée par la pandémie de COVID-19 avaient tous quelque chose en commun: ils gagnaient 27,81 $ par heure ou moins.
Mais la plus forte baisse du travail a été observée parmi les plus bas salariés du pays, avec un salaire horaire inférieur à 13,91 $.
Ces résultats sont inclus dans un rapport du service d’études économiques de la Banque CIBC basé sur les données de Statistique Canada, qui montre que tous les emplois perdus en 2020 étaient ceux de travailleurs dont le salaire était inférieur à la moyenne.
La recherche s’écarte des fluctuations mensuelles du nombre d’emplois au Canada pour mettre en évidence un élargissement spectaculaire de l’écart de revenu au pays en raison de la pandémie.
« Il s’agit d’une crise très anormale et asymétrique, a souligné Benjamin Tal, auteur du rapport et économiste en chef adjoint de la Banque CIBC, lors d’une entrevue. C’est une crise axée sur les services et ce secteur regorge d’emplois mal rémunérés. »
Le rapport révèle que plus le niveau de rémunération était bas, plus la performance du marché du travail était mauvaise en 2020.
Les pertes d’emplois les plus importantes concernaient les travailleurs à temps partiel, les travailleurs temporaires et les travailleurs indépendants, selon le rapport de la banque.
Pourtant, les Canadiens à revenu élevé ont en fait enregistré des gains nets d’emplois pendant la crise de la COVID-19, une anomalie pendant une récession, note le rapport.
La hausse du côté des emplois mieux rémunérés a camouflé la forte baisse de l’emploi parmi les travailleurs à bas salaire, selon l’étude.
En fait, la plus forte croissance de l’emploi s’est produite parmi ceux qui se situaient tout en haut de l’échelle salariale, qui ont un salaire horaire de 41,73 $ ou plus, a précisé la CIBC.
« La surprise ici est que non seulement les hauts salariés n’ont pas subi de pertes d’emplois, mais en fait ils ont gagné près de 350 000 emplois au cours de l’année écoulée », indique le rapport.
Pourtant, alors que les emplois les mieux rémunérés se développaient, la capacité à dépenser le revenu disponible diminuait.
« Si vous ne dépensez pas et que vos revenus augmentent, votre compte d’épargne grossit de plus en plus, a expliqué Benjamin Tal. Il y a près de 100 milliards de dollars de liquidités excédentaires sur la touche. »
La recherche met en évidence l’impact inégal du ralentissement économique et l’écart grandissant entre les riches et les pauvres du Canada.
« Chaque crise est un accélérateur de tendance et celle-ci n’est pas différente, a estimé Benjamin Tal. L’écart de revenu s’élargissait auparavant et il s’est clairement creusé pendant cette crise. »
« Cette crise a révélé la vulnérabilité de notre système, en particulier en ce qui concerne l’économie des petits boulots », a-t-il ajouté.
Malgré tout, il est possible que du bien puisse émerger de la récession, notamment grâce aux améliorations apportées aux programmes d’aide sociale, a affirmé Benjamin Tal.
Mais l’écart grandissant entre les riches et les pauvres pourrait d’abord s’accentuer.
« Il ne fait aucun doute que ces chiffres vont empirer dans les mois à venir », indique le rapport daté du 19 janvier.
Pourtant, il existe des preuves suggérant que la reprise de l’économie pourrait être plus rapide au cours de la seconde moitié de 2021.
La CIBC prévoit que le taux de chômage canadien reculera sous la barre des 7,0 % d’ici la fin de l’année, une amélioration significative par rapport au taux de chômage de 9,4 % constaté par Statistique Canada au début du mois.
« Il y a tellement de demande refoulée, a observé Benjamin Tal. Tout cet argent supplémentaire ne sera pas dépensé, mais une grande partie ira au secteur des services, ce qui est une bonne nouvelle, car c’est exactement là où nous avons besoin d’emplois. »
« C’est pourquoi nous allons assister à un si beau rebond de l’économie. »