Plus du quart des Canadiens (28 %) ont la conviction que les produits en investissement responsable (IR) offrent de moins bons rendements que les investissements traditionnels, révèle un sondage commandé par Desjardins.
Il s’agit d’une hausse par rapport à 2018 et 2016 où respectivement 24 % et 16 % des sondés pensaient de même.
« On a fait ce sondage en automne 2020, donc en période de pandémie, d’incertitude économique, sociale. Généralement dans le cadre de nos sondages, lors de moments d’incertitudes, les gens ont tendance à être plus frileux et sceptiques », rapporte en entrevue Marie-Justine Labelle, leader de pratique en investissement responsable chez Desjardins Société de placement inc., pour expliquer en partie cette hausse.
Ce sacrifice de rendement est un mythe. Effectivement, le rendement moyen des fonds responsables est égal ou supérieur au rendement moyen de l’ensemble des fonds de chaque classe, et ce, peu importe la période de référence et le type de fonds, montre une compilation effectuée par l’Association pour l’investissement responsable (AIR).
« L’IR amène à une analyse plus approfondie des compagnies, des secteurs, des régions et avec celle-ci, on est capable d’avoir une compréhension plus étoffée des risques et occasions à venir dans le secteur de l’ESG et comment les compagnies se positionnent pour gérer ces risques-là », explique Marie-Justine Labelle.
Ainsi dans les fonds d’obligations canadiennes, les rendements en IR sur 3, 5 et 10 ans sont respectivement de 5,1 %, 4,1 % et 4,2 % contre 4,9 %, 3,5 % et 3,6 % pour les fonds traditionnels.
Même constat si l’on regarde les fonds d’actions canadiennes ou les rendements sur 3 ans sont de 4,3 % pour les fonds responsables et 3,6 % pour les fonds d’investissement traditionnel. Ce surplus est également visible si l’on regarde les données sur une période de 5 ans (7,6 % contre 7,4 %) et de 10 ans (5,6 % contre 5,1 %), quoique dans une moindre mesure.
Les résultats sont identiques aussi pour les fonds d’actions américaines et les fonds d’actions mondiales.
« On le voit bien, le mythe des rendements inférieurs de l’investissement responsable ne résiste pas au test de la réalité », commente Marie-Justine Labelle.
Pourquoi investir en IR
Ces rendements plus élevés n’ont pas échappé aux répondants intéressés par l’IR, puisque 54 % d’entre eux affirment choisir ces produits pour cette raison.
Toutefois, la majorité des sondés (75 %) avouent investir en IR en raison des retombées positives pour la société et la planète. Un autre 53 % investissent en raison des preuves démontrant que leur placement génère concrètement des retombées positives et 48 % aiment l’idée que leurs investissements soient en accord avec leur mode de vie et leurs convictions.
Parmi les répondants qui n’investissent pas encore en IR, les quatre principaux incitatifs pour se lancer sont, dans l’ordre :
- le bon potentiel de rendement (61 %);
- les preuves démontrant que son placement génère concrètement des retombées positives (29 %);
- les retombées positives pour la société et la planète générées par le placement (28 %);
- et la recommandation de son conseiller (16 %).
Il faut noter que même si les sondés n’investissent pas encore en IR, la plupart ont des préoccupations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Ainsi, 51 % se disent très préoccupés par la cybersécurité, un même pourcentage s’inquiète des changements climatiques et 50 % ont de grosses craintes vis-à-vis des droits humains.
Parmi les autres facteurs d’inquiétudes, on retrouve la protection de la biodiversité (45 %), la qualité de l’air (43 %), la gestion de l’eau et le travail des enfants dans les pays en développement (41 %), l’intégrité des pratiques de gouvernance des entreprises (39 %), les droits des travailleurs (38 %), la gestion des déchets (36 %) et le gaspillage alimentaire (34 %).
« Ce sont ces préoccupations qui sont au cœur des fonds communs et des fonds négociés en Bourse (FNB) d’investissement responsable offerts aux Canadiens par Desjardins », commente Marie-Justine Labelle.
Desjardins offre une large gamme de produits en IR. Dans ce domaine, ses actifs sous gestion s’élevaient à 7,3 G$ au 31 décembre 2020.
Inverser la vapeur
Afin d’accroître la popularité des investissements ESG et de faire disparaître les mythes qui collent encore à leur peau, Marie-Justine Labelle estime que la clé réside dans la communication et l’éducation. « Dans notre sondage, on voit qu’il y a un pourcentage élevé des gens qui ne connaissent pas l’IR. À peine 15 % des sondés en avaient entendu parler à travers leurs conseillers et ce chiffre inclue les investisseurs qui en ont parlé proactivement à leur conseiller. Pourtant, 75 % des répondants sont intéressés à en savoir plus! »
Pour résoudre ce problème, Desjardins offre des formations en IR à ses conseillers. « On va continuer à en faire plus, car je pense que comme industrie, on a le devoir d’informer davantage les gens sur ces enjeux-là. »
Toutefois, Marie-Justine Labelle encourage les investisseurs à engager eux-mêmes la conversation si leur conseiller ne le fait pas. Car maintenant, c’est prouvé, les investisseurs n’ont plus à choisir entre environnement, social et rendement.
« On peut tout à fait investir responsablement, sans compromettre le rendement potentiel! » conclut l’experte.
Ce sondage a été réalisé du 25 novembre au 14 décembre 2020 par la firme SOM pour le compte de Desjardins. Pour le bien de celui-ci, 2860 Canadiens ont été interrogés.