Une seule action peut avoir un impact significatif sur la négociabilité d’un fonds négocié en Bourse (FNB). Toutefois, il est moins évident que cet impact soit inquiétant pour les clients.
C’est ce que nous apprend une note de Valeurs mobilières TD. En effet, un seul titre peut bel et bien nuire à la liquidité primaire d’un FNB, sans avoir un impact significatif sur sa liquidité secondaire.
Pour arriver à ce constat, les experts de Valeurs mobilières TD reviennent aux bases de la liquidité des FNB. Ceux-ci trouvent leur liquidité auprès de deux sources principales.
Les mainteneurs de marché constituent cette première source. Ceux-ci servent d’intermédiaires entre les FNB et leurs investisseurs en créant ou en rachetant des parts d’un fonds chaque jour. « Cette source primaire de liquidité permet aux teneurs de marché de fournir de la liquidité en couvrant leur exposition et en livrant/recevant ensuite le panier de titres ou des espèces en échange de parts du FNB », lit-on dans la note.
Deuxièmement, les FNB font l’objet de transactions naturelles, les acheteurs et les vendeurs se retrouvent sur le parquet boursier et effectuent des transactions entre eux. « Cette source secondaire de liquidité peut ne pas nécessiter de teneur de marché et consiste en un simple échange d’actifs entre deux parties », écrit une équipe de spécialistes dirigée par Andres Rincon, directeur des stratégies et des ventes sur les FNB chez Valeurs mobilières TD.
Cette dernière source de liquidités fonctionne indépendamment du mainteneur de marché et de sa fonction d’arbitrage. Si le vendeur et l’acheteur se mettent d’accord sur un prix, il y aura probablement une transaction.
Un exemple de cette liquidité en l’absence de teneurs de marché sur FNB a été la négociation des produits négociés en Bourse de pétrole brut pendant la déroute du pétrole brut d’avril 2020. Des millions de dollars ont continué à être négociés chaque jour, alors que le fonds a restreint les mainteneurs de marché à créer des unités des fonds.
Cependant, la principale source de liquidité d’un FNB exige que les mainteneurs de marché soient en mesure d’interagir librement avec le fonds et, surtout, de couvrir leur exposition intrajournalière avant de livrer/recevoir des espèces ou des titres vers ou depuis le fonds. « Toute perturbation de la capacité d’un teneur de marché à couvrir (hedge) un FNB aura un impact sur les écarts cours acheteurs-cours vendeurs et la liquidité de ce FNB. Un exemple où la liquidité d’un FNB peut être affectée par une seule action est le deuxième volet de la saga GameStop (GME US) et son inclusion dans plusieurs FNB », écrivent les auteurs de Valeurs mobilières TD.
Par exemple, à la mi-mars GME US représentait 23,23 % du FNB ETFMG Video Game Tech (GAMR US). Dans le cadre du cours normal des affaires, les mainteneurs de marché doivent acheter ou vendre GME US, car ils fournissent des liquidités à GAMR US afin de couvrir leur exposition intra ou pluriquotidienne.
Plus précisément, lorsque les investisseurs vendent GAMR US, les mainteneurs de marché deviennent naturellement des détenteurs de GAMR US en position acheteur. Cette position acheteur sur ce FNB est couverte par la vente à découvert des titres sous-jacents du FNB, qui dans ce cas inclut GME US. Compte tenu de l’extraordinaire volatilité de GME US, il était à la mi-mars très difficile d’emprunter ce titre et, par conséquent, de le vendre à découvert, d’après Valeurs Mobilières TD.
Dans l’impossibilité de pouvoir emprunter le titre GME US, les mainteneurs de marché sur GAMR US sont obligés soit de ne pas publier de cote sur ce FNB, soit de le faire en sachant qu’ils ne sont pas couverts sur près d’un quart du portefeuille sur une position très volatile sur l’action GME US.
« Cet environnement dissuade les teneurs de marché de coter en masse ou avec des écarts cours acheteurs/vendeurs serrés étant donné les risques plus importants. Dans ce cas, l’impossibilité d’obtenir la couverture d’une seule action peut avoir un impact sur la liquidité primaire d’un FNB. Cependant, comme on a pu le constater récemment, GAMR US et de nombreux autres FNB qui détiennent des positions importantes dans GME US continuent de se négocier en taille malgré les conditions difficiles de tenue de marché. Remarque : un autre exemple remontant dans le temps au Canada est la représentation de 45 % de Nortel dans le FNB indiciel S&P/TSX 60 (XIU) à sa pondération maximale en juillet 1999 », écrivent les auteurs de la note.