Le Canada ne guérira pas complètement des blessures économiques de la COVID-19 tant qu’il n’aura pas remédié à l’impact inégal de la pandémie sur certains secteurs et travailleurs, a estimé jeudi le gouverneur de la Banque du Canada.
Selon Tiff Macklem, la mise en place d’une reprise économique inclusive peut non seulement ramener le pays là où il était avant la pandémie, mais peut-être même l’amener à un meilleur endroit pour tous.
Pour ce faire, il suggère aux entreprises de se concentrer sur l’embauche des personnes les plus durement touchées par la pandémie, comme les femmes, les Autochtones, les Canadiens racialisés et les personnes handicapées.
Dans le texte d’un discours prononcé jeudi, Tiff Macklem a affirmé que le fait d’attirer ces travailleurs sur le marché du travail pouvait aider les entreprises à prendre de meilleures décisions et à stimuler la production potentielle de l’économie grâce à un cycle d’augmentation des revenus suivi de la demande pour les biens et services.
Mais il a aussi expliqué, dans son discours destiné aux universités des provinces atlantiques, que la banque centrale devait également faire sa part, en soulignant la nécessité d’améliorer la diversité aux échelons supérieurs de l’organisation.
Tiff Macklem a ajouté que la banque centrale examinerait ses programmes d’achat d’obligations et les baisses de son taux d’intérêt directeur pour voir s’ils ont créé des inégalités à travers le pays.
La récente activité d’achats d’obligations de la banque visait à réduire les coûts d’emprunt liés aux prêts hypothécaires et aux prêts des entreprises, ainsi qu’à stimuler les dépenses.
Tiff Macklem a expliqué que le programme d’assouplissement quantitatif pouvait accroître la richesse en faisant grimper la valeur des actifs détenus dans des régimes enregistrés d’épargne-retraite ou des régimes de retraite des entreprises. Mais ces actifs ne sont pas distribués également dans la société et l’assouplissement peut ainsi creuser les inégalités de richesse, a-t-il souligné.
La banque étudiera les impacts au pays et à l’étranger pour mieux comprendre l’impact de ses actions sur les inégalités de revenu et de richesse, a indiqué Tiff Macklem.
« Ce que nous pouvons et devons faire, c’est garder à l’esprit les avantages de l’inclusion pour la mise en œuvre de la politique monétaire », a-t-il affirmé dans le texte de son discours.
« Ce n’est pas une idée nouvelle, mais les effets très inégaux de la pandémie montrent qu’il est plus urgent que jamais d’agir. »
Tiff Macklem a été nommé gouverneur de la Banque du Canada il y a un peu plus d’un an, alors que la banque centrale prenait des mesures politiques sans précédent pour soutenir l’économie.
Le taux directeur de la banque a été abaissé à 0,25 %, et Tiff Macklem a assuré qu’il resterait à ce niveau jusqu’à ce que l’économie soit complètement rétablie et que l’inflation soit de retour dans la zone cible de 2,0 % préconisée par la banque.
La Banque du Canada a récemment réduit ses achats d’obligations fédérales et amorcé la fin d’autres facilités d’achat, maintenant que les conditions économiques s’améliorent.
Mais Tiff Macklem note que la marée montante n’a pas soulevé tous les bateaux.
Il a souligné les secteurs de services à forte proximité physique comme la vente au détail et la restauration, dans lesquels la production est de près de 20 % inférieure aux niveaux prépandémique. En comparaison, la production combinée dans le reste de l’économie est maintenant légèrement supérieure à son niveau précédant l’arrivée de la COVID-19.
« La pandémie fait qu’il est plus important que jamais de favoriser une économie inclusive. Pour que l’économie se rétablisse pleinement, il va falloir remédier à ces effets inégaux », a déclaré Tiff Macklem.
« Et plutôt que de viser simplement à regagner le terrain perdu, pourquoi ne pas chercher à améliorer l’économie pour qu’elle offre des possibilités à tout le monde. »