L’économie canadienne s’est contractée en avril, le produit intérieur brut (PIB) ayant enregistré son premier déclin mensuel depuis celui d’avril 2020, lors de la première vague de la pandémie.
Le PIB réel a reculé de 0,3 % en avril, a indiqué mercredi Statistique Canada, affichant ainsi une meilleure performance que celle annoncée par les données préliminaires dévoilées il y a quelques semaines, qui annonçaient une contraction de 0,8 %.
Mais le recul d’avril pourrait bien s’être prolongé en mai, l’agence fédérale ayant indiqué que ses données préliminaires montraient une baisse similaire de 0,3 % pour le mois de mai, pendant lequel les restrictions sanitaires sont restées en vigueur pour la plus grande partie du temps en raison de la troisième vague d’infections à la COVID-19.
La baisse globale d’avril et les premières estimations pour mai placent l’activité économique globale environ 1,0 % en dessous des niveaux d’avant la pandémie observés en février 2020.
L’attention se tournera maintenant vers juin, alors que les experts s’attendent à une reprise alimentée par les consommateurs, avec des taux de vaccination en hausse et l’assouplissement des restrictions, qui devraient alimenter la croissance du marché du travail et réduire les inquiétudes sanitaires.
« Les ingrédients qui soutiennent les dépenses des consommateurs se présentent un après l’autre », a estimé l’économiste en chef de Deloitte Canada, Craig Alexander.
« Nous ne revenons pas aux niveaux d’avant la COVID, mais la direction de la croissance va être clairement positive. Je crois fermement que d’ici la fin de l’année, je ne serai plus capable d’obtenir une réservation à un restaurant parce que tout le monde va vouloir reconnecter (avec leur ancien mode de vie). »
Selon les plus récentes prévisions de Craig Alexander, les dépenses pour les biens durables devraient croître de 13,4 % cette année, ce qui est déjà pas mal le cas si l’on se fie aux solides gains réalisés pendant la première moitié de 2021. Leur croissance annuelle devrait cependant être tempérée par la migration attendue des dépenses vers les activités du secteur des services dans la deuxième moitié de l’année.
Les données sur les transactions de cartes de crédit suggèrent que les dépenses pour les services sont en hausse dans les secteurs du détail et des restaurants, et certains signes précurseurs annoncent un regain des dépenses dans le secteur des voyages, a observé l’économiste Nathan Janzen, de la Banque Royale.
« Les données retardées pour avril et mai semblent encore faibles, comme cela était attendu, mais un portrait plus optimiste est déjà en place pour juin et l’été », a-t-il indiqué.
Selon l’économiste Royce Mendes, de la Banque CIBC, certaines indications suggèrent désormais que la croissance annualisée au deuxième trimestre devrait atteindre au moins 2,0 %, par rapport au scénario de croissance nulle que de nombreux experts attendaient précédemment.
Recul dans le commerce de détail et la fabrication
Le déclin d’avril a été alimenté par une baisse de 5,5 % dans le secteur de la vente au détail après deux mois d’augmentation, y compris un mois de mars record qui avait vu les ventes au détail atteindre 55,3 milliards de dollars (G$), soit une augmentation de 26,7 % d’une année à l’autre. Le secteur de la fabrication a fléchi de 1,0 % en avril, après avoir enregistré une croissance de 1,5 % en mars.
Statistique Canada a également noté que le secteur immobilier s’était contracté de 0,7 % en avril, ce qui constituait sa première baisse depuis octobre 2020. L’activité de revente de maisons a notamment ralenti dans la majorité des grands centres urbains du Canada, a expliqué l’agence. En outre, le secteur des services d’hébergement et de restauration a reculé de 4,6 %.
Le rapport comprenait malgré tout certains éléments positifs.
Malgré les restrictions de voyage, les services d’hébergement ont progressé de 0,5% en avril. Statistique Canada a souligné que davantage de Canadiens s’étaient tournés vers le camping alors que les restrictions de voyage restaient en place.
Le portrait d’ensemble montre une économie qui s’est ajustée aux restrictions lorsqu’elle le pouvait, comme avec le commerce électronique et le ramassage en bordure de rue, mais dont la trajectoire est encore liée de près au sort de la pandémie.