Actuellement, le marché des premiers appels publics à l’épargne (PAPE) est en pleine effervescence. Mais les Québécois devraient y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans la course, assure Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille chez Claret, en entrevue avec Les Affaires.
Pas étonnant que les PAPE attirent l’attention des investisseurs. Ils sont très médiatisés et concernent souvent des entreprises en vogue. Cependant, si les performances des nouveaux titres lors de la première journée sont mirobolantes, ce n’est pas le cas de ceux de la première année.
Les rendements moyens des actions à leurs premières journées de négociation entre 1990 et 2020 tournent autour de 20 %, mais ceux de la première année sont bien inférieurs. Ils tournent ainsi autour de 7,8 %, une contre-performance si l’on compare au rendement du S&P 500 dans ces années-là qui est au-dessus de 10 %.
Le gestionnaire de portefeuille chez Claret conseille donc d’attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant d’acquérir ces actions.
Les investisseurs individuels désavantagés
Pour profiter de ces rendements mirobolants, il faudrait acquérir les actions avant qu’elles ne se transigent, mais là encore le bât blesse.
Lors d’un PAPE, les compagnies font appel à une banque d’investissement. Celle-ci va s’occuper de remplir les exigences réglementaires et va démontrer la force de son réseau de distribution, soit la capacité à vendre les actions de la compagnie et de les émettre au meilleur prix possible. Mais « dans la distribution des actions, ce n’est pas un processus démocratique ou tout le monde a la chance d’acquérir les actions au même prix », prévient Vincent Fournier.
En réalité, les meilleurs clients des courtiers vont avoir la première chance de droit de refus. Donc la grosse majorité des actions vont être distribuées aux investisseurs institutionnels ou aux gros clients de l’institution.Et lorsqu’une émission est hot, soit lorsqu’il y a beaucoup plus de clients qui veulent acheter d’actions qu’il n’y en a, les petits investisseurs ont très peu de chance de pouvoir en acquérir. À l’inverse, lorsque l’émission est mal aimée, il va y avoir plus de refus au niveau institutionnel. Par conséquent, une plus grande partie des actions sera allouée aux investisseurs. Mais là, cela vaut-il vraiment la peine de se lancer dans la course?
De plus, les investisseurs québécois sont encore plus désavantagés dans les PAPE, souligne Vincent Fournier. Comme ça coûte très cher de remplir les exigences de traduction de documents financiers, lorsque les entreprises offrent une nouvelle action qui est très hot, elles ne s’embêtent pas à payer pour avoir accès au marché québécois, rapporte le gestionnaire de portefeuille.
Se lancer dans la course
Toutefois, il est encore possible de profiter des PAPE, même lorsque l’on est un investisseur québécois. « Les institutions vont avoir la plus grosse part du gâteau dans les émissions off, donc le meilleur moyen d’en profiter c’est d’acheter des fonds de petite capitalisation », assure Vincent Fournier.
Attention, précise-t-il, il faut bien prendre les fonds de petite capitalisation à stratégie active, soit ceux qui vont chercher les titres et pas seulement investir selon un indice de référence.
« Ces entreprises ont l’expertise pour juger quelle nouvelle émission va être bonne ou non et ils ont aussi un accès privilégié lors de l’appel à l’épargne », précise-t-il.