Interrogé sur la question de la révision ou l’extension du mandat de la Banque du Canada qui expire à la fin 2021, Justin Trudeau a répondu qu’il ne s’agissait pas là d’une question économique urgente sur laquelle se pencherait son parti s’il était réélu.
Si son indifférence en a choqué plus d’un, le dirigeant conservateur Erin O’Toole, le premier, n’évoque la politique monétaire dans aucune de ses sorties de campagne. Ainsi, le mot « monétaire » n’apparait nulle part dans le programme de politique de 160 pages des conservateurs. Et si le mot « banque » est bien là, il ne s’agit jamais de la Banque du Canada, note le Financial Post.
Il y a donc fort à parier que l’évolution de la politique monétaire ne sera probablement pas un enjeu électoral.
Il est cependant étonnant de constater que les politiciens ne semblent pas se soucier de ce sujet. Les dirigeants d’entreprises fonderaient généralement leurs décisions d’investissement sur les taux d’intérêt, et non sur les impôts, selon la croyance de Paul Martin, le dernier premier ministre d’allégeance libérale avant Justin Trudeau. Alors, ne faudrait-il pas s’y intéresser davantage? D’autant que le taux d’intérêt de référence concerne l’ensemble des citoyens.
La dernière politique monétaire de la Banque du Canada a été mise à jour en octobre 2016, mais son mandat est resté plus ou moins le même depuis que Brian Mulroney et la Banque du Canada se sont entendus sur une cible d’inflation en 1991.
Depuis 2017, la Banque du Canada sollicite toutefois activement des idées sur ce qu’elle devrait faire en matière de politique monétaire. Les politiciens semblent néanmoins avoir choisi de porter leur attention ailleurs.
Peut-être sont-ils simplement satisfaits de la politique actuelle? Tiff Macklem, le gouverneur de l’institution, a indiqué avoir encore confiance dans la politique monétaire actuelle de la Banque du Canada. La majorité des économistes de Bay Street semblent également tenir pour acquis que la banque centrale s’en tiendra à son approche actuelle de ciblage de l’inflation.
La Banque du Canada a soumis diverses approches politiques alternatives à des modèles informatiques rigoureux des conditions réelles. L’exercice a permis de déterminer qu’aucune d’entre elles ne donne des résultats significativement meilleurs que la stratégie actuelle. Cette stratégie consiste à maintenir la progression de l’indice des prix à la consommation à un taux annuel d’environ 2 %.
Tiff Macklem a cependant affirmé qu’un double mandat inflation-emploi a donné de bons résultats dans les essais informatisés et qu’il pourrait décider de recommander une telle politique au gouvernement. Si certains partis sont contre une telle idée, ça serait sûrement le moment de le dire. Une campagne électorale est le moment idéal pour indiquer s’il faudrait ou non procéder à des ajustements.