Malheureusement pour ma part, j’ai terminé le secondaire en 2011 alors que le cours d’Éducation financière n’existait pas. Ne trouvez-vous donc pas ironique que 10 ans plus tard, au lendemain d‘une crise économique mondiale ayant entraîné un taux d’insécurité financière sans précédent, le son de la cloche me fasse penser davantage aux cours de religion plutôt qu’à la gestion d’un budget?
Au Québec, et ce depuis le 1er mai 2010, l’obtention du diplôme d’études secondaires (DES) repose sur certains critères à respecter. Notamment, les élèves doivent réussir les cours suivants :
- Langue d’enseignement de la 5e secondaire;
- Mathématique de la 4e secondaire;
- Langue seconde de la 5e secondaire;
- Sciences et technologie ou les applications technologiques de la 4e secondaire;
- Histoire et éducation à la citoyenneté de la 4e secondaire;
- Arts de la 4e secondaire;
- Éthique et la culture religieuse ou l’éducation physique à la santé de la 5e
Avec un article intitulé « L’importance de l’éducation financière », vous comprendrez ma désolation de ne pas retrouver dans ces critères une quelconque allusion aux finances personnelles. Vous en conviendrez, c’est un sujet qui rejoint absolument tout le monde un jour ou l’autre. D’ailleurs, loin de moi l’idée de banaliser certaines matières académiques, mais entre 15 et 17 ans, est-ce qu’apprendre à sculpter un trophée dans le sable est vraiment plus pertinent que d’apprendre à gérer ses premières paies et connaître les différents moyens de financer sa première voiture?
Bien qu’il soit heureusement rendu obligatoire dans toutes les écoles secondaires du Québec, la réussite du cours d’Éducation financière, au-delà des crédits accordés, n’est pas nécessaire pour l’obtention du diplôme. On passe implicitement comme message que les finances personnelles existent, mais que la compréhension de celles-ci n’est pas importante.
Mieux vaut tard que jamais
Assez parlé des étudiants de niveau secondaire! Après tout en 2020 au Québec, ils ne représentaient que 4% de la population totale, soit 331 293 sur 8 336 460. Tout contribuable n’a-t-il pas aussi droit à une quelconque forme de pédagogie financière? C’est là que les conseillers et les planificateurs financiers doivent intervenir.
Vous avez sans doute dans votre entourage une ou plusieurs personnes qui peinent à boucler les fins de mois et qui pourtant, ont de bons emplois. Vous connaissez peut-être aussi un proche qui est plus conservateur et cache ses épargnes sous son matelas ou comble de l’audace, investi dans des certificats de placement garanti! Il ne faut pas les blâmer. Peut-être ne connaissent-ils pas les différentes stratégies qui s’offrent à eux. Ne pas connaître ses options en finances personnelles peut être coûteux.
Plus que ce que le client demande
À l’ère du numérique, si les professionnels des services financiers veulent assurer leur pérennité, ils devront sortir leurs clients de leur zone de confort. Après tout, avec Internet et les différents moteurs de recherche à leur disposition, les ménages sont maintenant en mesure de sélectionner des produits financiers par eux-mêmes, parfois même à prix réduit. Rien ne garantit pour autant qu’il s’agisse du bon produit financier ou de la bonne stratégie à adopter. L’éducation financière, c’est donc important, car plusieurs n’ont pas le réflexe de s’informer.
Prenons comme exemple le cas d’un épargnant qui déclare à son conseiller ne pas vouloir perdre d’argent. Il est certain que l’option facile est de lui proposer des produits à capital garanti. Après tout, ses économies ne diminueront jamais comme souhaité. Certaines variables peuvent cependant lui échapper. Les conseillers et planificateurs ont le devoir déontologique d’informer les consommateurs des contraintes que présentent les différents plans financiers. Revenons à notre exemple : si on ajoute la variable inflation à l’équation, Monsieur ou Madame l’épargnant perdra de son pouvoir d’achat, car les rendements garantis par les produits sans risque sont en dessous de l’IPC (Indice des prix à la consommation).
Monter une marche à la fois
La pédagogie financière, ce n’est pas essayer de faire de Monsieur et Madame Tout-le-Monde des Warren Buffet, mais bien de les informer afin qu’ils soient en mesure de prendre de meilleures décisions financières. On s’entend, pour plusieurs, il s’agit d’un domaine méconnu. Il est facile de le constater lorsqu’on travaille dans le domaine et qu’on rencontre des gens avec des objectifs et priorités totalement différents.
Combien de consommateurs ont de l’équité accessible sur leur maison, mais ont un prêt automobile avoisinant les 7% d’intérêt? Combien de Québécois(es) sont admissibles aux prêts étudiants, mais n’en font pas la demande, car « ils n’en ont pas besoin » ? Peut-être ont-ils aussi une automobile financée à 7%. Le réflexe du dollar pour dollar n’est malheureusement pas encore acquis. La pédagogie financière en 2021, ça doit être prioritaire. Après tout, le passé ne peut être changé alors que le futur lui, nous appartient.
Voici quelques éléments qui pourraient vous aider :
- Budget – Dans la mesure du possible, vous dégagerez des liquidités qui pourront être orientées en remboursement de dette ou en épargne (dollar pour dollar);
- Plan financier – Élaborez un plan financier qui vous permettra de réaliser vos objectifs en ordre de priorité;
- Investissement systématique – Automatisez vos épargnes. Cotiser de façons constantes est plus simple et plus efficace en termes de retour sur investissement;
- Éviter les dettes inutiles – Certaines dettes sont indispensables, d’autres non. Quantifier le coût des différentes dettes est un exercice intéressant;
- Comparer – Plusieurs produits ou professionnels des finances existent. Certains sont meilleurs que d’autres;
- Évaluer – De temps en temps, faites une introspection et analysez votre situation par rapport aux objectifs que vous vous étiez fixés;
- Profiter de la vie – Bien qu’elles soient importantes, les finances personnelles ne devraient pas être un vecteur de stress. Prenez contrôle de celles-ci et… respirez!