Avec la pandémie, le télétravail s’est imposé et maintenant que la situation d’urgence se tasse et que le travail à distance gagne en popularité, des questions subsistent. L’une d’elles en particulier : faut-il adapter la rémunération en fonction du lieu de résidence de l’employé?
Si cette idée peut sembler surprenante, elle a toutefois déjà été adoptée notamment par des entreprises américaines comme Google et Facebook. Celles-ci ont ainsi annoncé qu’elles diminueraient le salaire des employés ne résidant pas à la Silicon Valley puisque leur coût de la vie est moindre que ceux qui y habitent, rapportent les auteurs d’un article publié dans Avantage.
Les lois canadiennes diffèrent toutefois des Américaines. Un employeur ne peut baisser substantiellement le salaire d’un employé de façon unilatérale. Toutefois, il a la possibilité d’instaurer des échelles salariales basées sur l’emplacement du bureau, une mesure qui pourrait diminuer les coûts de main-d’œuvre et même ralentir la progression salariale de certains employés. Les échelles salariales sont d’ailleurs déjà utilisées par certaines entreprises nationales et internationales.
Faire preuve de prudence
Avant toute chose, il est bon de rappeler que tous les employés ne peuvent pas envisager le télétravail en permanence. Nombre d’entre eux sont obligés de travailler du bureau. Ainsi, il semble évident qu’il est nécessaire de considérer certains éléments avant d’instaurer des échelles salariales.
Un premier élément est la pénurie de talent qui est toujours d’actualité. Diminuer les salaires pourrait nuire à l’image d’une organisation et diminuer ainsi sa compétitivité aux yeux des candidats talentueux en recherche d’emploi.
Une telle idée serait également un cauchemar administratif. Pour instaurer des échelles salariales basées sur l’emplacement du bureau, il faudrait analyser le coût de la vie de chaque région où les employés se sont établis et prendre en compte nombre d’exceptions : comme les employés qui ont plus d’une résidence, ou un employé qui s’établit entre deux zones géographiques ayant des échelles salariales différentes.
Une telle décision est également complexe au niveau de l’équité. Le travail d’un employé reste identique et a la même valeur, peu importe où il est effectué. Ainsi, il semble illogique qu’un employé au bureau bénéficie d’un meilleur salaire qu’un employé qui travaille à distance ayant le même poste, la même ancienneté et les mêmes qualifications. Sans compter qu’il ne faudrait pas qu’un employé présent au bureau bénéficie de plus d’occasions professionnelles qu’un autre qui travaille à distance.
Finalement, les organisations doivent se rappeler l’aspect temporaire de la période actuelle et faire attention à ne pas mettre en place des solutions qui seront difficilement réversibles dans l’après-COVID-19.
D’autres solutions que la modification de la rémunération peuvent être envisagées. L’employeur pourrait ainsi permettre le télétravail pendant une certaine période de l’année ou ajuster des composantes autres que le salaire direct, comme la bonification.