Récemment débarqué dans le conseil financier, Alexandre Savoie-Bathurst suit les pas de son père, Larry, un vétéran de l’industrie, et apporte avec lui un CV impeccable.
Âgé de 28 ans, Alexandre Savoie-Bathurst a suivi pendant six ans une formation en actuariat, dont quatre pour un baccalauréat, ce qui l’a amené à travailler pendant deux ans chez Services financiers Whitemont.
Étonnamment, jusqu’à l’âge de 26 ans, il n’avait jamais considéré succéder à son père chez Planex Solutions financières. En fait, il éprouvait une certaine aversion pour une telle orientation: «J’avais vu la crise de 2008 et ça m’avait traumatisé, confie-t-il. C’est seulement en touchant à des portefeuilles et en circulant dans le milieu que j’ai eu la piqûre du conseil.» Ce qui l’a conduit il y a deux ans à annoncer sa décision à son père – plus que ravi ! – de se joindre à Planex.
La majeure partie de ses clients lui vient évidemment de son père, mais son esprit entrepreneurial lui a permis d’ajouter 20% à ce bassin, surtout de jeunes clients recrutés auprès de clients existants.
Sa lecture des marchés, très nuancée et alimentée par une prédilection pour l’analyse mathématique, étonne chez quelqu’un d’aussi jeune. « Depuis septembre 2020, on a assisté à sept replis de plus de 4%, mais dans chaque cas il s’est agi de belles occasions d’achat sur recul. » Il croit que ce scénario pourrait se poursuivre jusqu’à ce que la Réserve fédérale américaine (Fed) et le marché obligataire en décident autrement.
Au sujet de l’inflation en cours, note-t-il, « je suis prêt à faire confiance à la Fed », qui la juge transitoire. Par contre, « si les rendements continuent de monter, comme la tendance le laisse croire, il faudra revoir l’opinion qu’on a sur l’inflation. Pour l’instant, le vecteur crucial du salaire moyen n’a pas augmenté. »
Le contexte actuel lui fait favoriser les titres « valeur » plutôt que « croissance », mais l’impact principal porte sur les obligations et les actions privilégiées, où « il est important de se tourner vers la gestion active dans des mandats mondiaux. Les fonds obligataires « vanille canadiens risquent d’avoir plus de difficulté dans les temps à venir. »
Notons que pour cet article, il a préféré porter son attention vers des fonds d’actions, deux d’entre eux se situant davantage en périphérie d’un portefeuille qu’en son centre.
Manufacturier : EdgePoint
Offre initiale du fonds : novembre 2008
Actif sous gestion (ASG) : 11,5 G$ (31 août 2021)
Ratio des frais de gestion (RFG) : 0,97 % (série F)
Rendement annualisé depuis un an : 15,42 %
Les dernières années de la décennie 2010 n’ont pas favorisé le style valeur, et le fonds d’EdgePoint a souffert en conséquence, sombrant jusqu’en quatrième quartile pendant cette période. « C’est la principale faiblesse d’EdgePoint: quand les marchés ne favorisent pas la valeur, ce n’est pas le fonds le plus convaincant », constate Alexandre Savoie-Bathurst.
Par contre, « avec la rotation des secteurs vers le style valeur, ajouter ce fonds s’est avéré intéressant », ajoute-t-il. Son style n’est pas « valeur profonde, mais il cherche constamment les occasions de bas prix. »
Le représentant en épargne collective fait ressortir que les titres de sociétés de moyenne capitalisation ont tendance à surperformer à la suite de crises financières, ce qui le porte à privilégier ce secteur. « Le mandat du fonds l’oriente vers toutes les capitalisations, mais il est également présent en mid-cap, et c’est une autre raison pour laquelle je l’ai retenu. »
Autre qualité qui distingue ce fonds : sa capacité de rebondir. Il n’offre pas une grande résistance à la baisse, ayant fléchi de 22% en 2009, alors que son indice de référence a reculé de 20 %; par contre, note Alexandre Savoie-Bathurst, « il a rebondi de 45 % dans les trois mois qui ont suivi mars 2009 ».
Manufacturier : Gestion de placements TD
Offre initiale du fonds : novembre 2000
Actif sous gestion (ASG) : 4,0 G$ (septembre 2021)
Ratio des frais de gestion (RFG) : 1,11 % (série F)
Rendement annualisé depuis un an : 9,94 %
Contrairement au précédent, ce fonds de Gestion de placements TD « brille quand les marchés corrigent», lance Alexandre Savoie-Bathurst. « Son ratio de capture à la baisse est de 84% sur 3 ans et de 90% sur 10 ans. Par contre, à la hausse, 11 est très corrélé à son indice de référence : 101 % sur 10 ans. »
Nous avons affaire ici à un fonds de style croissance, que le déplacement récent vers la valeur a défavorisé, lui donnant un rendement de seulement 6,56% pour l’année en cours, sous son indice qui a affiché une hausse de 8,76%. Par contre, pour l’année complète écoulée, il présente quand même une montée de 25,4 %, souligne le conseiller.
Historiquement, fait-il ressortir, les sociétés de moyenne capitalisation américaines ont eu un rendement global supérieur à leurs équivalentes des autres pays. De plus, avantage intéressant de ce fonds, «il se distingue des fonds de style croissance de sociétés de grande capitalisation qui sont lourdement investies dans les fameux FAANG [Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Google (Alphabet)], ce qui devrait s’avérer un avantage pour les trois ou quatre prochaines années. »
Manufacturier : Placements Mackenzie
Offre initiale du fonds : octobre 2017
Actif sous gestion (ASG) : 271 M$ (31 août 2021)
Ratio des frais de gestion (RFG) : 1,06 % (série F)
Rendement annualisé depuis un an : 13,5 %
« Une très belle occasion de diversification », lance Alexandre Savoie-Bathurst, mais il faut être bien conscient qu’il s’agit d’un fonds de croissance maximale de type haut risque/haut rendement.
Lancé en 2018, ce fonds existait depuis 2012 chez China Asset Management, le plus ancien gestionnaire de portefeuille en Chine, établi en 1998; il affichait un rendement annualisé de 20%. Son introduction chez Mackenzie ne pouvait plus mal tomber, car elle coïncidait avec la guerre commerciale Chine-États-Unis, ce qui lui a infligé un repli de 20% en 2018. Malgré cela, le gestionnaire s’en tire couvert d’honneurs, en raison d’un rendement de 13,5 % depuis le lancement.
Le taux de corrélation de l’indice MSCI All-China de seulement 0,58 sur 10 ans à l’indice MSCI USA confirme la valeur de diversification d’un tel fonds. Cet indice inclut à la fois les actions chinoises « classiques » (H-shares) et les nouvelles (A-shares). « On ne peut plus investir en Chine sans être dans les deux catégories d’actions, affirme Alexandre Savoie-Bathurst, surtout avec ce fonds vraiment tourné vers la classe moyenne en croissance, basé sur la Chine d’aujourd’hui. »