Finance et investissement (FI) : La couverture du risque de change est fréquente chez les fonds négociés en Bourse (FNB). Or, celle-ci peut entraîner un écart de rendement important, découlant notamment d’un désalignement entre le moment de la couverture du risque de change et le rééquilibrage de celle-ci. On l’appelle effet résiduel de change. Comment faites-vous pour gérer cet écart défavorable découlant de la corrélation négative entre le dollar canadien et le dollar américain?
Rafale Turcotte (RT) : La décision de couvrir ou non ses positions sur la devise revient à l’investisseur et à son conseiller. Ils doivent peser le pour et le contre d’être couvert ou non par rapport à leurs besoins et désirs spécifiques.
De notre côté chez Harvest, nous offrons le maximum de flexibilité à nos investisseurs en proposant certaines de nos solutions couvertes et non couvertes, de même que certaines versions de nos FNB canadiens dont le prix est libellé en USD.
Pour ce qui est de l’effet résiduel de change, il est important de comprendre que le ratio de frais de gestion (RFG) d’un FNB ne tiendra pas compte du coût de la couverture de la devise. Ce n’est pas comme des frais de transaction ou des commissions qui sont simplement ajoutés au RFG. Il y aura un toujours un spread entre les parties et ce, en plus des différentiels de taux d’intérêt. C’est un effet naturel du marché dont il est important de tenir compte.
Chez Harvest, on tente de combattre cet écart en ayant une équipe expérimentée qui utilise un processus de négociation électronique intégré et efficace. Ce processus nous permet de concurrencer avec de nombreux commerçants mondiaux pour le coût le plus bas.
Toutes nos stratégies de couverture de devise sont gérées à l’interne par notre équipe, et ce sur nos différents produits.
Si l’on regarde les différents scénarios comme en 2020, on ne peut pas parfaitement compenser la devise. Par exemple, le marché ouvre en baisse de 10 % et la devise a bougé de 2 %, cela entraînera un mouvement de devise de 0,2 % sur la performance relative. Ces scénarios sont peu fréquents, mais ils peuvent survenir. C’est pourquoi nous avons mis en place des mécanismes pour minimiser l’impact de ces fluctuations.
En ce qui concerne la corrélation négative et les statistiques de performance, si l’on regarde sur le long terme, sur des périodes comme les années 80 et 90, il y a des moments où la différence de performance entre un produit couvert et non couvert a été grande, en faveur des non-couverts.
Si l’on regarde une période plus courte, du pic de la crise en mars (19 mars 2020) à fin mai 2021, un produit couvert sur la devise aurait mieux performé de plus de 25 %, ou sur une base annualisée, plus de 2 000 BP !
Encore une fois, la décision de couvrir la devise, de ne pas la couvrir ou même de détenir des FNB libellés en dollars américains cotés au Canada, est une décision qui revient à l’investisseur individuel et aux conseillers. Ils seront mieux équipés pour regarder l’ensemble du portefeuille et déterminer quelle est la meilleure approche.
De notre côté en tant que gestionnaire d’actifs, nous voulons offrir le plus de possibilités, c’est pourquoi nous offrons les FNB couverts, non couverts et en USD.
FI : Vous avez des FNB qui n’offrent aucune couverture de change dans vos produits. Dans quel type de situation personnelle de client cela pourrait être intéressant d’opter pour une version de FNB non couverte?
RT : Il est primordial de leur poser quelques questions. Est-ce que l’investisseur a une opinion spécifique sur la direction des devises? Croit-il que le USD va s’apprécier ou se déprécier par rapport CAD par exemple? Veut-il avoir une approche tactique et active dans la gestion de la devise? Est-il à l’aise avec l’impact de la devise sur son portefeuille?
De notre côté on veut avoir le plus de flexibilité possible, donc avec des versions couvertes, non couvertes et en USD. Ces derniers s’adressent généralement aux clients qui ont ou sont susceptibles d’avoir un besoin en USD et/ou dans le cas de nos fonds, un désir de cash-flows mensuels en USD. Ces FNB se négocient au Canada à la Bourse de Toronto, mais sont libellés en dollars américains; les investisseurs les achètent en dollars américains, ils reçoivent donc les distributions en dollars américains. Normalement, ce type de FNB peut avoir certains avantages au niveau fiscal par rapport à la détention de titres cotés aux États-Unis.
Chez Harvest, nous avons augmenté notre offre client au cours de la dernière année et proposons maintenant plusieurs FNB thématiques axés sur la croissance. Ceux-ci ne sont pas couverts sur la devise et sont libellés en CAD et en USD. Comme tout investissement, la première question devrait être de savoir si la stratégie est adaptée à l’investisseur et s’il s’expose à un secteur dans lequel il souhaite s’exposer.
Ces FNB thématiques couvrent plusieurs régions du monde, dans notre HCLN, Harvest Clean Energy ou notre TRVL, Harvest Travel & Leisure ETF, par exemple, nous avons des actions inscrites sur différentes bourses mondiales. L’exposition à ces compagnies sous-jacentes aide à compenser une partie du risque de change individuel, même si ce sont des FNB qui ne sont pas couverts sur la devise.