Un des plus grands acteurs en capital privé au monde, Ardian, vient de lancer au Canada Ardian Access, un fonds relais (feeder fund) permettant aux investisseurs professionnels d’avoir accès à l’univers du capital privé.
Ardian, une société française, gère un portefeuille de 196 milliards de dollars américains (G$) avec 350 professionnels et 22 bureaux répartis dans le monde, dont un à Montréal. Ces actifs sont répartis entre trois secteurs : capital privé, actifs réels et crédit. Ardian Access se présente aux investisseurs professionnels comme une voie d’accès aux stratégies de capital privé d’Ardian, réparties à 70 % en capital privé secondaire et à 30 % en co-investissement.
Une mécanique spécifique
Il vaut la peine de jeter un coup d’œil sous le capot d’Ardian Access pour comprendre un peu l’univers d’investissement auquel la plateforme se relie. Avant l’avènement des feeder funds comme Access, explique Frédérick Castonguay, directeur général, relations investisseurs pour le Canada chez Ardian, le capital privé était un univers de fonds fermés où s’activaient et s’activent encore des géants comme Blackrock, KKR, Carlisle, Brookfield et d’autres. Ces derniers sollicitaient les capitaux de grands fonds institutionnels qui, en général, ne pouvaient retrouver leurs sommes investies que 10 ou 12 ans plus tard.
Depuis 2000, avec la forte croissance du capital privé, a émergé un marché secondaire où les KKR de ce monde peuvent revendre des parties de leurs fonds via des intermédiaires spécialisés qui apparient acheteurs et vendeurs. « Cela crée de la liquidité dans le marché des capitaux privés », souligne Frédérick Castonguay.
C’est cette liquidité dont peut bénéficier un investisseur professionnel, qui n’a ni la patience ni les ressources d’un régime de pension, en injectant des fonds dans Ardian Access. Son capital se retrouve dans divers véhicules sous-jacents d’Ardian dont il peut retirer des sommes trimestriellement.
Par ailleurs, une partie de son argent se retrouve aussi dans des co-investissements, c’est-à-dire des participations directes au capital d’entreprises. Par exemple, explique Frédérick Castonguay, un gestionnaire privé qui veut acquérir une entreprise pour 1,0 G$ peut faire appel à Ardian pour une partie du prix d’acquisition, peut-être 200 millions de dollars (M$). « Une partie de cet investissement peut se retrouver dans Ardian Access », note-t-il.
En bref, résume Frédérick Castonguay, dans les 196 G$ que gère Ardian, « un peu plus de la moitié de l’actif sous gestion se retrouve dans des stratégies secondaires, soit divers fonds aux stratégies différentes, et l’autre partie se retrouve dans des participations directes. »
Ardian Access se négocie via Fundserv, ce qui permet à tout courtier de s’en prévaloir. Un investisseur individuel qui veut injecter de l’argent dans le fonds doit être accrédité et injecter une somme minimale de 25 000$. Cependant, puisque le fonds est accessible à tout gestionnaire de portefeuille professionnel, un investisseur non accrédité client peut accéder au produit par l’intermédiaire d’un gestionnaire de portefeuille professionnel, dans le cadre d’un mandat de gestion discrétionnaire, si cet investisseur non-accrédité a 25 000$ à investir.
Le fonds relais, dont l’adresse d’emplacement se trouve au Canada, cherche à agir comme un pont entre les investisseurs canadiens et des solutions d’investissement domiciliées au Luxembourg, tout en allégeant le fardeau administratif grâce à une structure alignée sur la réglementation canadienne.
Performance forte, corrélation faible
Selon S&P Global, les marchés privés avaient une valeur combinée de près de 12 000 G$ en 2023 et devraient atteindre 15 000 G$ en 2025. De ces 12 000 G$, environ 6 000 G$ se retrouvent en capital privé, le reste réparti en infrastructures privées, en immobilier privé, en crédit privé et en ressources naturelles.
Ardian met de l’avant quatre grandes vertus des marchés privés. D’abord, ils sont plus performants que les marchés publics, soit des rendements historiques de 12 à 15 % pour les marchés privés contre de 7 à 10 % pour les marchés publics.
Ils sont immensément plus diversifiés. En effet, 87 % des entreprises dans le monde sont privées. Alors que le NYSE liste environ 2 300 entreprises et le TSX, environ 1 800, Ardian Access offre une exposition à plus de 10 000 entreprises.
Enfin, les marchés privés sont moins volatils, soit entre 40 % et 75 % de moins que les marchés publics. Et last but not least, ils sont peu corrélés avec les marchés publics, ce qui présente une occasion accrue de diversification.
Tout cela compose un portrait général très attrayant. Mais qu’en est-il de la feuille de route d’Ardian et des fonds spécifiques qui composent le sous-jacent d’Access ? Quel en est le taux de rendement sur un an, cinq ans ou dix ans ? Quel est le ratio de corrélation ? Un porte-parole d’Ardian nous dit que ces chiffres ne peuvent pas être rendus publics. Il se limite à dire que le rendement annuel net attendu pour l’année prochaine se situe entre 12 % et 14 %. Cependant, un courtier œuvrant pour un investisseur sera en mesure de consulter ces chiffres de performance, un « aperçu du fonds » étant rendu disponible mensuellement via Fundserv par iCapital, l’administrateur d’Ardian Access.
D’autre part, affirme Frédérick Castonguay, Ardian se présente comme « un investisseur très conservateur qui cherche des entreprises rentables avec peu de leviers, avec une capacité de croissance future. »