La Banque du Canada (BdC) n’est pas certaine du moment où les problèmes de la chaîne d’approvisionnement se régleront et permettront d’amoindrir les pressions inflationnistes, a indiqué jeudi un sous-gouverneur de la banque centrale.
Dans le cadre d’un discours destiné à la Chambre de commerce de Surrey, en Colombie-Britannique, Toni Gravelle a souligné qu’il était difficile de savoir avec précision à quel moment les effets des perturbations de l’approvisionnement culmineraient, en raison du caractère hors du commun de la pandémie.
La banque centrale avait indiqué en octobre qu’elle s’attendait à ce que ce pic survienne avant les Fêtes de 2021, pour se détendre progressivement dans les mois suivants.
Or, Toni Gravelle a précisé qu’il était toujours difficile d’évaluer à quel rythme les problèmes d’offre se résoudraient, ce qui explique en partie pourquoi la banque centrale n’a toujours pas haussé son taux d’intérêt directeur.
Mercredi, la banque a laissé son taux de financement à un jour à 0,25 % et a réitéré ses prévisions précédentes, selon lesquelles elle ne bougera pas sur ce front avant le mois d’avril au plus tôt.
Toni Gravelle a précisé que même si la banque centrale s’attendait toujours à une baisse de l’inflation d’ici la seconde moitié de l’année prochaine, les responsables de la politique monétaire surveillent les attentes d’inflation et les coûts de main-d’œuvre, afin qu’ils ne provoquent pas une spirale d’augmentation des prix.
« Si les perturbations de l’approvisionnement et les pressions connexes sur les coûts persistaient plus longtemps que prévu et que la demande de biens restait vigoureuse, la probabilité que l’inflation se maintienne au-dessus de notre fourchette cible serait plus grande », a expliqué Toni Gravelle dans le texte préparé de son discours.
« Ça pourrait avoir des conséquences sur les attentes d’inflation et augmenter les pressions salariales, menant ainsi à une deuxième ronde de hausses de prix. »
L’inflation annuelle a atteint un sommet de 18 ans en octobre, lorsque l’indice des prix à la consommation affichait une augmentation de 4,7 % par rapport au même mois un an plus tôt.
Le mandat de la BdC est de maintenir l’inflation le plus près possible du point milieu de la fourchette comprise entre 1,0 % et 3,0 %, mais la banque centrale l’a laissé grimper pour aider l’économie à se remettre du ralentissement brutal que le pays a connu au début de la pandémie de COVID-19.
Les problèmes de chaîne d’approvisionnement ont contribué à faire grimper l’inflation, les consommateurs ayant concentré leurs dépenses sur les biens plutôt que sur les services pour lesquels les contacts physiques sont plus difficiles à éviter. Il y a également eu des augmentations des coûts d’expédition, des retards dans les ports et des difficultés, pour certains fabricants, à s’approvisionner en pièces, ce qui a contribué à faire croître les coûts.
En conséquence, l’inflation moyenne pour les biens cette année a été de 4,4 %, comparativement à 2,1 % pour les services, a souligné Toni Gravelle. Au cours des deux décennies précédant la pandémie, ces taux étaient respectivement de 1,4 % et 2,4 %.
Toni Gravelle a précisé que la banque s’attendait à ce que les consommateurs réorientent leurs dépenses vers les services, ce qui devrait alléger la pression sur les marchandises et permettre de résoudre les goulots d’étranglement commerciaux, afin que l’offre puisse rattraper son retard.
Bien que des signes précurseurs témoignent de l’atténuation de certaines contraintes d’approvisionnement, comme celles des puces à semi-conducteurs, Toni Gravelle a prévenu que d’autres problèmes, notamment les inondations en Colombie-Britannique, aggraveront probablement les arriérés au port de Vancouver.
Le sous-gouverneur a également noté que le variant Omicron du virus causant la COVID-19 pourrait nuire au retour à des habitudes de consommation plus équilibrées entre les biens et les services, et ainsi exacerber les pressions haussières sur les prix des biens exposés à des contraintes d’approvisionnement.