L’homme à la tête de la Banque du Canada promet que la banque centrale sera plus claire dans les années à venir lorsqu’elle laissera le coût de la vie augmenter pour le bien de l’économie.
Le gouverneur Tiff Macklem a expliqué mercredi que le problème se résumait à la confiance que les Canadiens ont envers l’institution lorsqu’elle tente de s’assurer que la cadence des augmentations de prix n’est pas trop rapide.
La Banque du Canada et le gouvernement fédéral ont convenu cette semaine de maintenir la fourchette cible d’inflation de la banque centrale entre 1,0 % et 3,0 %, mais la banque surveillera également plus formellement le marché du travail dans sa prise de décisions sur les taux d’intérêt.
Dans le texte d’un discours virtuel destiné à l’Empire Club of Canada, Tiff Macklem a précisé que cela pourrait vouloir dire que la banque peut parfois laisser l’inflation se situer dans la partie supérieure de sa fourchette cible si cela contribue au renforcement du marché du travail.
Mais il a également admis qu’une inflation élevée était difficile pour de nombreux Canadiens, puisque les ménages ont davantage de mal à payer leurs factures à mesure que le coût de la vie augmente.
Statistique Canada a indiqué, plus tôt mercredi, que l’inflation annuelle s’était maintenue en novembre à son sommet de 18 ans, l’indice des prix à la consommation ayant progressé de 4,7 % par rapport à il y a un an.
Au cours de cette même période, cependant, les salaires n’ont augmenté que de 2,8 %, ce qui signifie que le pouvoir d’achat moyen des consommateurs a diminué.
Les salaires sont généralement inférieurs à l’inflation, mais avec le marché du travail tendu qui fait déjà augmenter considérablement les salaires pour les demandeurs d’emploi, le montant versé aux travailleurs pourrait bientôt rattraper le rythme des hausses de prix, a observé l’économiste Tu Nguyen, du cabinet comptable RSM Canada.
L’un des principaux moteurs de l’inflation en novembre a encore été le prix de l’essence, dont les prix ont augmenté de 43,6 % par rapport au même mois un an plus tôt. C’est légèrement supérieur à la hausse de 41,7 % d’une année sur l’autre enregistrée en octobre.
L’inflation annuelle en novembre aurait été de 3,6 % si les prix de l’essence avaient été exclus, la même qu’en octobre.
Les hausses des prix des meubles et des aliments ont également alimenté les gains de l’indice des prix à la consommation le mois dernier.
Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les faibles récoltes ont contribué à faire grimper les prix des denrées alimentaires de 4,7 % en novembre, par rapport au même mois il y a un an, pour la plus forte augmentation depuis janvier 2015, alors que les prix avaient augmenté de 5,4 %.
Le mois de novembre était le huitième de suite à voir l’inflation d’ensemble se hisser au-dessus de la limite supérieure de la fourchette cible de la Banque du Canada. Cette situation ne s’était pas produite depuis une séquence qui avait pris fin en décembre 1991.
Selon Stephen Tapp, économiste en chef de la Chambre de commerce du Canada, la forte inflation ne frappe pas seulement durement les consommateurs, mais fait également augmenter les coûts pour les entreprises, alors que l’économie est aux prises avec des pénuries de main-d’œuvre, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et une incertitude renouvelée en raison de la récente augmentation des cas de COVID.
« À court terme, la rentabilité sera réduite, et si les entreprises répercutent les augmentations de coûts sur leurs consommateurs, cela prolongera les pressions », a-t-il fait valoir.
La moyenne des trois mesures de l’inflation de base de Statistique Canada, qui sont considérées comme de meilleurs indicateurs des pressions sous-jacentes sur les prix et sont étroitement suivies par la Banque du Canada, était de 2,73 % en novembre, en légère hausse par rapport à octobre. Cette moyenne n’avait pas été aussi élevée depuis novembre 2008.
Stephen Brown, économiste principal chez Capital Economics, a souligné que l’augmentation de ces mesures suggérait que les pressions inflationnistes s’élargissaient.
La Banque du Canada a déjà indiqué qu’elle ne prévoyait pas une première hausse de son taux d’intérêt directeur avant au moins avril. Celui-ci est de 0,25 % depuis que le début de la pandémie qui a bouleversé l’économie canadienne, il y a près de deux ans.
Depuis lors, l’emploi a rebondi et l’économie s’est presque remise du choc initial de la COVID-19.
Statistique Canada a également indiqué mercredi que la lecture de l’inflation de novembre était la première qui ne tenait pas compte des biens et services qui n’étaient pas disponibles en raison de la pandémie. L’agence a également noté que les données n’étaient pas, en grande partie, affectées par les inondations de novembre en Colombie-Britannique, car la majorité des prix ont été relevés avant qu’elles ne se produisent.