Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, prévient qu’une certaine incertitude prévaut quant à la rapidité avec laquelle la plus forte inflation en trois décennies reviendrait dans la zone de confort de la banque centrale.
Selon lui, cette situation est attribuable aux circonstances uniques entourant la pandémie et à la réouverture mondiale des économies locales.
Les enjeux liés aux chaînes d’approvisionnement qui ont fait grimper les frais de distribution et les coûts au détail pourraient traîner encore longtemps, croit Tiff Macklem, notant que ces effets ont été plus persistants et plus généralisés que la banque avait prévu.
En conséquence, la cadence annuelle de l’inflation a grimpé en décembre à 4,8 %, un niveau qui n’avait pas été observé depuis septembre 1991.
Dans le cadre d’un témoignage qu’il livrait mercredi au Comité sénatorial permanent des banques et du commerce, Tiff Macklem a indiqué que l’inflation annuelle pourrait osciller autour de 5,0 % pendant la première moitié de 2022, tout en précisant l’impact que cela devrait avoir sur les Canadiens à faible revenu à mesure que les prix de l’essence et de la nourriture augmenteront.
L’incertitude des prévisions de Tiff Macklem a forcé les sénateurs à remettre en doute les récentes analyses de la banque selon lesquelles les taux d’inflation pourraient chuter plus près du niveau tolérable d’ici la fin de 2022.
Dans sa déclaration préliminaire au comité, Tiff Macklem a affirmé que les conditions devraient se normaliser et que les taux d’inflation devraient baisser à mesure que la pandémie s’estompera.
D’un autre côté, les problèmes dans la chaîne d’approvisionnement pourraient persister, prévient-il.
« Le virus est toujours là. C’est possible qu’Omicron affecte la production dans des usines ailleurs dans le monde. Alors, une certaine incertitude demeure », a mentionné Tiff Macklem aux sénateurs.
« Ce que je veux mettre en évidence, toutefois, c’est que nous allons travailler et que nous travaillons à gérer cette incertitude », a-t-il poursuivi. Il a notamment rappelé que la banque avait donné un signal clair que les taux d’intérêt devront augmenter pour ramener l’inflation à la cible de 2,0 % préconisée par la banque.
Dans sa plus récente décision sur sa politique monétaire, annoncée à la fin du mois dernier, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur inchangé à 0,25 %, niveau où il se situe depuis le début de la pandémie, en mars 2020.
Statistique Canada a indiqué mardi que le produit intérieur brut réel de novembre avait augmenté juste au-dessus des niveaux observés en février 2020, soit juste avant le début de la pandémie.
Tiff Macklem a également noté que l’emploi était supérieur aux niveaux prépandémiques, que les entreprises avaient du mal à pourvoir les postes vacants et que les augmentations de salaire s’accéléraient.
Une forte inflation, une économie qui a terminé 2021 sur de solides bases et un marché du travail en meilleure forme qu’avant la pandémie permettent aux économistes de croire que la Banque du Canada augmentera son taux directeur en mars.
Tiff Macklem n’a pas précisé quand commencerait la trajectoire haussière des taux ni combien de hausses pourraient survenir au cours de l’année.
« C’est clair que les taux d’intérêt doivent repartir à la hausse, a-t-il réitéré. L’angle de la courbe va dépendre de l’économie et des dépenses des consommateurs. » Il a précisé que la courbe devrait préférablement être assez abrupte.
Une hausse des taux directeurs entraînerait une hausse des taux hypothécaires, entre autres. La banque voudrait aussi réduire son volume d’obligations fédérales au moment où les taux vont commencer à grimper, ce qui va contribuer à accélérer la hausse des taux.