La hausse des taux d’intérêt peut s’avérer problématique pour les ménages fortement endettés, mais les grandes banques devraient en profiter, estime Fitch Ratings.
Dans un nouveau rapport, l’agence de notation indique que les grandes banques canadiennes ont collectivement déclaré d’excellents bénéfices pour le premier trimestre de 2022, avec des bénéfices globaux en hausse de 8 % par rapport au trimestre précédent et de 12 % sur une base annuelle. Cela est dû à « la vigueur persistante des marchés financiers, aux conditions de crédit favorables et à une hausse de la croissance des prêts ».
La Banque du Canada commençant à relever les taux d’intérêt cette semaine, les banques sont également prêtes à profiter de la hausse des taux, ainsi que de la demande croissante de prêts non garantis, souligne Fitch Ratings – des tendances qui devraient compenser l’affaiblissement attendu de la qualité du crédit et de l’activité des marchés des capitaux.
Le rapport note que les marges d’intérêt nettes des banques sont restées largement stables au premier trimestre, mais l’agence de notation s’attend à ce que les marges augmentent au cours du second semestre, à mesure que les taux augmentent et que la croissance du PIB reste robuste.
Fitch Ratings prévoit une nouvelle hausse de 50 points de base des taux et une croissance du PIB de 3,8 % en 2022.
En outre, le rapport indique que les banques ont réussi à maîtriser leurs dépenses malgré les pressions inflationnistes, la croissance des revenus étant supérieure à celle des dépenses dans les grandes banques.
La qualité du crédit est également restée solide au premier trimestre, les prêts douteux de toutes les banques étant inférieurs de plus de 25 % aux niveaux antérieurs à la pandémie, et le total des pertes nettes ayant baissé de plus de 33 %, constate l’agence de notation.
Les prêts douteux et les provisions pour pertes sur prêts vont probablement se rapprocher des normes historiques dans les mois à venir, à mesure que la croissance des prêts reprendra, estime Fitch Ratings.
Au premier trimestre, la croissance globale des prêts dans l’ensemble des banques s’est accélérée de 9% en glissement annuel, ce qui représente son taux le plus rapide depuis le deuxième trimestre de 2020, selon le rapport.
Dans le même temps, les soldes des cartes de crédit ont augmenté d’environ 6 % en glissement annuel au premier trimestre après avoir baissé pendant plusieurs trimestres, « ce qui indique une dynamique de la demande de crédit due à la réouverture de l’économie et à la baisse des taux d’épargne des clients à mesure que l’effet des programmes de secours en cas de pandémie se dissipe. »
Effets des taux d’intérêt sur le capital-risque
Selon les experts en capital de risque, la hausse des taux d’intérêt pourrait réduire les valorisations faramineuses auxquelles les entreprises canadiennes en démarrage se sont habituées au cours des deux dernières années, mais pas tout de suite.
La récente hausse des taux d’intérêt « ne devrait pas entraver le déploiement du capital-risque ou nuire aux entreprises qui cherchent à lever des fonds, car les fonds de capital-risque disposent de beaucoup de liquidités en ce moment et veulent les utiliser », selon Laura Lenz, qui dirige les activités d’investissement au Canada chez OMERS Ventures.
Toutefois, elle estime que les fonds de capital-risque pourraient être moins alimentés si les taux continuent d’augmenter, ce qui entraînerait un ralentissement du déploiement du capital et une réduction de la taille des cycles de financement.
Par conséquent, elle présume que les sociétés de capital-risque adopteront une approche un peu plus mesurée lorsqu’elles décideront des entreprises à soutenir.
« Je pense que les sociétés de capital-risque prendront plus de temps pour faire preuve de diligence, ce qui est une bonne chose, car cela donnera aux fondateurs le temps d’évaluer l’adéquation entre le partenaire et le fondateur, ce qui est essentiel pour construire une entreprise prospère à long terme », commente-t-elle en entrevue avec Advisor’s edge.
En outre, si les évaluations exubérantes des transactions, en particulier celles des fonds américains, sont tempérées, les sociétés de capital-risque canadiennes pourraient être mieux positionnées pour concurrencer leurs homologues américaines qui ont versé de très grosses sommes d’argent aux entreprises canadiennes, selon Nick Quain, vice-président du développement du capital-risque chez Invest Ottawa.
« De nombreuses sociétés de capital-risque canadiennes ont été débordées par les enchères effectuées et ne sont pas prêtes à s’aligner sur la taille et l’évaluation que les fonds américains ont offerts aux entreprises canadiennes ces dernières années lors de récentes opérations », affirme-t-il.
Selon l’Association canadienne du capital de risque et d’investissement (Canadian Venture Capital & Private Equity Association ou CVCA), l’année dernière a été un record pour les investissements en capital de risque au Canada, avec 14,2 milliards de dollars répartis sur 751 opérations, dont 71 méga-opérations.
En collaboration avec La Presse Canadienne