Plusieurs ombres discutant devant un mur représentant la Bourse sur laquelle on voit en grand un logo de recyclage.
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Les gestionnaires de caisses de retraite qui continuent d’ignorer les considérations d’investissement durable pourraient manquer à leur « responsabilité fiduciaire », selon l’un des intervenants du colloque sur les « défis et perspectives des régimes de retraite en 2022 » de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) qui s’est tenu le 25 mai dernier, dont les propos ont été rapportés par La Presse.

Les impacts socioéconomiques découlant des risques climatiques peuvent nuire à la pérennité des régimes de retraite et contribuer à la baisse des rendements, souligne Assia Billig, actuaire en chef au Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) et au Régime de pensions du Canada (RPC), qui est le vis-à-vis fédéral du Régime de rentes du Québec (RRQ).

Bruno Caron, associé chez la firme d’avocats Miller Thomson et membre expert de l’Initiative canadienne de droit climatique, qui regroupe des professionnels et des universitaires du secteur juridique, estime ainsi que les changements climatiques devraient être considérés comme des risques systémiques dans le secteur financier. Il juge donc normal que les administrateurs prennent des mesures contre ces derniers.

Toutefois, les experts ont admis qu’il n’était pas si évident d’intégrer les principes d’investissement responsable et les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). D’autant qu’il n’existe pas encore de normes comptables et réglementaires nationales ni internationales.

Mais l’lnternational Sustainability Standards Board (ISSB) qui va installer un de ses bureaux à Montréal devrait remédier à cet état de fait, rappelle Geneviève Beauchemin, vice-présidente à l’encadrement professionnel à l’Ordre des CPA du Québec.

En attendant, le BSIF a rendu public le 26 mai son projet de ligne directrice B-15 : Gestion du risque climatique, visant les institutions financières fédérales, c’est-à-dire les banques et les compagnies d’assurance, dont les gestionnaires d’actifs et administrateurs de régimes de retraite pourraient éventuellement s’inspirer.

Selon Serge Germain, directeur du comité de régime de retraite de l’Université de Sherbrooke, qui cumule 1,3 milliard en actifs parmi 6500 employés-cotisants et retraités, les gestionnaires de caisses de retraite veulent de plus en plus « bien faire ». Toutefois, les comités de régimes de retraite « sont souvent composés de bénévoles » et n’ont que des « ressources limitées » pour intégrer l’ESG et l’investissement durable, souligne Pierre Bergeron, conseiller principal et associé chez la firme PBI Conseillers en actuariat.

Il rappelle également que les priorités de suivi de ces derniers sont à long terme, alors que l’intégration de critères ESG relève souvent d’objectifs ou d’attentes à court terme. Difficile ainsi de concilier les deux. Mais nul doute que les gestionnaires trouveront un moyen ou un autre pour ce faire.