Vos habitudes auront une bien plus grande incidence sur l’état de vos finances personnelles que vos connaissances en la matière.
C’est le message qu’a livré l’auteur de « La psychologie de l’argent », Morgan Housel, lors d’une conférence virtuelle, destinée, justement, à des experts montréalais de la finance. « Bien s’en tirer avec vos placements ou avec votre argent n’a pas tant à voir avec ce que vous savez. Ça n’a pas rapport avec votre intelligence, l’endroit où vous avez étudié ou la qualité des modèles que vous utilisez pour vos prévisions », a-t-il dit lors d’un événement organisé par CFA Montréal, jeudi.
« Ce qui fait vraiment la différence, ce sont vos comportements. C’est la relation que vous entretenez avec la peur et la cupidité », poursuit l’auteur américain.
Pour illustrer son propos, Morgan Housel a comparé le cas de Grace Groner, une adjointe administrative apparemment sans histoire qui a légué un héritage de près de 7 millions $ à son décès, en 2010, à l’âge de 99 ans. Cette fortune ne provient pas d’un héritage ou d’un billet gagnant, mais de l’épargne et de l’investissement à long terme. Par une triste ironie, l’année de son décès, l’un des financiers les plus prometteurs à Wall Street, Richard Fuscone, déclarait faillite. La crise financière l’ayant rendu incapable de financer son train de vie de multimillionnaire.
L’exemple démontre que le secteur de l’investissement est le seul domaine où un amateur peut faire mieux qu’un expert, clame le conférencier. « Il n’y a aucune autre industrie où une personne sans formation, sans contacts, peut surpasser, et de loin, les personnes les mieux formées et les plus expérimentées. Ça serait impossible d’imaginer que Grace Groner puisse effectuer une chirurgie cardiaque, mieux qu’un chirurgien formé à Harvard. Ça n’arriverait jamais. Mais, cela est possible en finances et ça arrive même souvent. »
La patience, une vertu
Au cours d’une présentation d’une heure, Morgan Housel a présenté une série de statistiques et d’exemples afin de démontrer comment les comportements des épargnants et des investisseurs ont un impact sur leurs finances.
La patience est l’un des traits les plus importants pour l’investisseur qui veut du succès à la Bourse, a-t-il souligné. La tolérance à la volatilité boursière est également importante. Bien des investisseurs s’inquiètent lorsque les marchés boursiers corrigent, comme c’est le cas dans les dernières semaines en raison de la crise géopolitique en Ukraine et de la hausse des taux d’intérêt.
À long terme, les indices boursiers tendent à s’apprécier, mais, au jour le jour, ils évoluent selon « un enfilement de pertes, de chaos et de destruction », a-t-il dit en montrant un graphique de l’évolution du S&P 500 où l’on pouvait constater que les moments de turbulences boursières ont été légion, même si l’indice boursier américain s’apprécie à long terme.
Gérer ses attentes
La psychologie d’une personne aura également une plus grande influence sur la satisfaction qu’elle ressent par rapport à sa situation financière que ses revenus, affirme Morgan Housel.
Le contraste entre la situation des ménages dans les années 1950 et celle d’aujourd’hui le démontre, selon lui. Pour bon nombre d’Américains, les années 1950 sont perçues comme les années glorieuses de la prospérité de la classe moyenne.
Or, de nombreuses statistiques démontrent que l’Américain moyen est plus riche aujourd’hui tandis que le revenu médian des ménages est deux fois plus élevé. Les Américains sont moins nombreux à travailler après l’âge de 65 ans et la taille de leur maison était beaucoup plus petite.
Or, les écarts de richesse à l’époque étaient moins importants tandis que le taux marginal d’imposition le plus élevé dépassait les 90 % aux États-Unis.
« C’était plus facile de gérer ses attentes. Les gens mesurent leurs succès en se comparant aux gens autour d’eux. Les plus petites maisons dans des années 1950 étaient correctes parce que tout le monde vivait dans une petite maison. Faire du camping durant les vacances d’été était satisfaisant parce que c’est ce que tout le monde faisait.
« Si vos attentes progressent plus rapidement que vos revenus, vous ne serez jamais heureux avec votre argent, prévient le conférencier. Trop de gens se concentrent uniquement sur leur enrichissement sans gérer leurs attentes. Il n’y a pas d’élément plus important dans la planification financière que ça [la gestion des attentes]. »