Certains gestionnaires de portefeuille, actif dans le secteur des fonds alternatifs liquides, y trouvent donc une belle occasion de ventes à découvert.
Au début de 2022, de grands ténors du monde financier y allaient de pronostics enthousiastes vis-à-vis la lancée ESG appelée à se poursuivre toute l’année. J.P. Morgan Asset Management, par exemple, affirmait : « Le passage à l’investissement durable se révèle aussi soutenu parce qu’il est propulsé par une demande de la base », signalant au passage que 500 milliards de dollars américain (US$) ont trouvé leur chemin dans les fonds ESG en 2021. À ce jour, calcule Bloomberg, 40 billions US$ ont trouvé à s’abriter sous la bannière ESG.
Bloomberg annonce maintenant que le secteur ESG est une bulle en attente d’éclater, la commentatrice Allison Schrager affirmant que « la bulle de l’économie vertueuse », contrairement à ses prétentions, ne contribuait pas nécessairement à faire du monde un meilleur endroit. Quand tout allait bien et que l’inflation était bas, écrit-elle, il était facile pour chacun de gérer le monde selon ses principes et vertus. Les vents contraires actuels rendent la chose plus ardue.
Il serait prématuré, cependant, de déclarer la mort de l’ESG. Après tout, pour l’année en cours et jusqu’au 9 juin 2022, l’indice S&P ESG avait chuté de 13,1% contre -13,6% pour le S&P 500. Il reste que la baisse généralisée du secteur a donné aux vendeurs à découvert de riches terres de chasse.
Gestionnaire du Fonds Fidelity Alternatif à positions longues/courtes, David Way a développé un certain flair pour déceler les titres dont les prétentions ESG sont plus ambitieuses que leurs performances. Déjà, au moment où tout le monde n’en avait que pour les vertus ESG, il gardait à l’œil les titres fragiles du secteur.
Chaque particule de l’acronyme ESG lui donne l’occasion de trouver des moutons noirs. Par exemple, pour l’aspect « E », ou « Environnement », il suit à la trace des dirigeants d’entreprise, tout particulièrement dans le domaine minier, qui ne connaissent rien à l’ESG, « mais qui font quand même des promesses qu’ils ne peuvent tenir, dit-il Et plusieurs de ces gens sautillent d’une société à l’autre et réussissent à séduire des investisseurs de détail qui n’ont pas accès aux bonnes informations. C’est un filon où je suis toujours à la recherche de nouveaux cas. »
Côté « S », ou « Social », il est à l’affût d’entreprises où les pressions pour changer s’accumulent, qu’elles viennent du côté des consommateurs, des régulateurs ou des employés. « Ces pressions pourraient entraîner des changements susceptibles d’affecter les profits à la baisse. »
Au plan du « G », ou « Gouvernance », nous nous trouvons là où Fidelity excelle, dit David Way. « Une vente à découvert classique chez nous vise des entreprises où les membres du conseil d’administration sont impliqués dans des affaires qui peuvent se révéler questionnables. Nous avons vendu à découvert huit titres impliquant de tels administrateurs, et sept ont chuté. »
Malheureusement, David Way prévoyait une bonne année en bourse pour 2022 et a positionné son portefeuille surtout du côté d’achats à long terme. Cela fait en sorte que son fonds, dont les positions à découvert représentent 13,6% de son portefeuille aux États-Unis et 5% au Canada, a connu une chute de 9% pour l’année en cours, ce qui le place en meilleure position que la baisse de 13,6% du S&P 500, mais en-deçà de la baisse de 2,6% du S&P/TSX.