Une photo du bâtiment de la Banque du Canada.
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Les économistes prédisent que la Banque du Canada augmentera son taux d’intérêt directeur de trois quarts de point de pourcentage mercredi alors que l’inflation s’emballe à l’échelle mondiale.

Au Canada, l’inflation a atteint en 39 ans un sommet de 7,7 % en mai, bien au-dessus du taux cible de 2,0 % que les banques centrales visent habituellement.

La Banque du Canada a relevé son taux directeur d’un demi-point de pourcentage le 1er juin, le portant à 1,5 %. Depuis lors, il a signalé une volonté d’aller dans une direction plus agressive.

Le gouverneur de la Banque du Canada avait indiqué lors d’une conférence de presse le 9 juin que d’autres mesures sur les taux d’intérêt devraient peut-être être prises pour ramener le taux d’intérêt à la cible souhaitée.

La plupart des économistes prévoient désormais une hausse des taux de trois quarts de point de pourcentage, suivant l’exemple de la Réserve fédérale américaine, qui a relevé son taux directeur de ce montant le mois dernier.

« Avec l’économie essentiellement au plein emploi, les salaires commençant à bouger de manière significative et l’inflation globale sur le point de tester 8 % dans le rapport de l’indice des prix à la consommation de ce mois-ci, la tâche de la Banque du Canada est claire lors de la décision de la semaine prochaine », a écrit l’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, dans un rapport hebdomadaire vendredi.

Le C.D. Howe Institute Monetary Policy Council, un groupe d’économistes qui évaluent la politique monétaire de la Banque du Canada, a également appelé la banque à relever son taux directeur de trois quarts de point de pourcentage.

Cependant, l’inflation élevée est loin d’être un phénomène uniquement canadien. Aux États-Unis, elle a atteint un niveau record de 8,6 % en mai, alors qu’elle s’est établie à 9,1 % au Royaume-Uni, le taux le plus élevé parmi les pays du G7.

La Banque du Canada a identifié des facteurs tant nationaux qu’internationaux menant à une flambée de l’inflation. Sur le plan intérieur, la banque affirme qu’il existe une demande excédentaire dans l’économie, tandis qu’à l’échelle mondiale, les problèmes de chaîne d’approvisionnement et la guerre en Ukraine continuent d’exercer une pression à la hausse sur les prix.

L’économiste en chef de la HSBC, David Watt, a précisé que la Banque du Canada peut réduire l’inflation en raison de facteurs nationaux, mais qu’en ce qui concerne les facteurs mondiaux tels que les prix du pétrole, la banque est dans une situation plus difficile.

« L’un des problèmes que nous rencontrons lorsque nous discutons des banques centrales est de savoir si l’inflation mondiale va rester élevée, si elles ont pour mandat de ramener l’inflation en dessous de 3 à 2 % et si l’inflation internationale ne coopère pas, doivent-elles générer des ralentissements importants de l’activité économique nationale? »

Stephen Gordon, professeur d’économie à l’Université Laval, a souligné que le principal motif d’une hausse plus importante des taux serait de contenir les attentes en matière d’inflation.

« Si la banque dépasse 50 points de base, je pense que le raisonnement est qu’elle veut? s’assurer que les attentes ne deviennent pas trop folles », a ajouté Stephen Gordon.

La plus récente enquête sur les perspectives des entreprises de la Banque du Canada a montré que les Canadiens croient que l’inflation restera plus élevée que prévu _ et pendant un certain temps. Les Canadiens s’attendent à ce que l’inflation soit de 4 % dans cinq ans, selon l’enquête.

Les économistes s’inquiètent lorsque les particuliers et les entreprises commencent à anticiper une inflation élevée, car les attentes ont un impact sur les prix futurs des biens et services ainsi que sur les négociations salariales.

Cependant, un récent rapport du Centre canadien de politiques alternatives prévient que la hausse rapide des taux d’intérêt entraînera probablement l’économie canadienne dans une récession et pourrait causer d’importants « dommages collatéraux », dont 850 000 pertes d’emplois.

Néanmoins, Stephen Gordon a indiqué qu’une hausse des taux supérieure à un demi-point de pourcentage était justifiée, ajoutant que les craintes d’une récession étaient prématurées.

« Je ne pense pas que nous soyons encore proches de ce risque, car le taux directeur est encore bas et l’économie fonctionne très bien », a-t-il précisé.

Vendredi, Statistique Canada a déclaré que le taux de chômage en juin était tombé à un creux record de 4,9 %, ce qui indique un marché du travail solide.

Alors que la banque tente de maîtriser l’inflation, elle espère ce que l’on appelle un « atterrissage en douceur », où l’inflation est maîtrisée sans déclencher de récession.

Stephen Gordon et David Watt ont tous deux expliqué que, même si la banque ne voulait pas entraîner l’économie dans une récession, cela pourrait être le coût à supporter pour faire baisser l’inflation.

« Je ne pense pas que ce serait quelque chose qu’ils feraient avec empressement, mais si le retour de l’inflation finit par nécessiter une récession, je pense qu’ils seraient prêts à le faire à l’heure actuelle », a souligné David Watt.