Jusqu’à maintenant, le débat linguistique au Québec ne semble pas avoir nui à l’attractivité de Montréal, comme le craignent plusieurs personnalités influentes du milieu des affaires.
La valeur des investissements étrangers à Montréal atteint un record de 1,7 milliard de dollars (G$) au cours des six premiers mois de l’année, selon des données préliminaires de Montréal International. Cela fait suite à une année 2021 record où les investissements avaient atteint un sommet de 3,7 G$.
« Ça démontre l’extrême résilience de l’économie montréalaise par rapport à la pandémie, mais aussi par rapport à la situation post-pandémique, commente le vice-président, Investissements étrangers, Alexandre Lagarde. On a une économie qui est très diversifiée avec des secteurs de haute technologie, comme les sciences de la vie, les sciences informatiques, l’aérospatial, dont certains ont été assez imperméables à la crise. »
Au total, un record de 57 projets a été atteint pour la période de janvier à juin 2022. Cela se compare au précédent record de 40 projets réalisés pour la même période l’an dernier.
Le secteur des sciences de la vie s’est particulièrement démarqué cette année avec sept projets d’une valeur de 321 M$. L’annonce en avril de l’implantation de l’usine de vaccins de Moderna compte parmi les évènements marquants. À titre comparatif, cette industrie a généré des projets d’une valeur de 280 M$ pour l’entièreté de l’année 2021.
Avec les nuages économiques qui pointent à l’horizon dans la foulée de la hausse des taux d’intérêt, la flambée de l’inflation et des restrictions sanitaires en Chine, la métropole pourrait bien ne pas parvenir à franchir un nouveau record pour l’entièreté de l’année 2022, reconnaît Alexandre Lagarde. « C’est sûr qu’il y a des éléments qui peuvent amener à penser qu’il puisse y avoir un risque de récession, mais pour l’instant le flot de projets se porte quand même assez bien. »
La diversification de l’économie montréalaise fait en sorte que tous les secteurs de l’économie ne bougeront pas nécessairement dans la même direction, nuance Alexandre Lagarde. Tandis que le secteur technologique a été résilient au plus fort de la pandémie, l’aérospatial a souffert de l’effondrement de la demande pour le transport aérien. L’industrie connaît cependant une forte reprise.
Le fait français
L’attractivité de la métropole se manifeste en dépit du débat linguistique qui irrite des voix influentes du milieu des affaires.
En juin, une quarantaine de dirigeants d’entreprises, principalement issus du secteur technologique, ont envoyé une lettre au premier ministre, François Legault, pour le prévenir que la loi 96, adoptée en mai, « pourrait créer d’énorme dommage à l’économie ».
Des entreprises avaient également fait part de leurs interrogations à Montréal International l’an dernier lors de la présentation du projet de loi sur la langue française. L’organisation avait alors offert des séances d’information avec l’aide d’un cabinet d’avocats qui avait analysé le projet.
L’adoption du projet de loi 96, en mai dernier, a soulevé une nouvelle ronde de questionnements de la part des partenaires de Montréal International, raconte Alexandre Lagarde.
Pour répondre à ces questions, Montréal International a organisé une série de rencontres entre les dirigeants d’entreprises et des représentants de l’Office québécois de la langue française (OQLF) pour expliquer la portée de la loi. La première rencontre a eu lieu la semaine dernière. « Je vous dirais que ce qui ressort, c’est que ça rassure pas mal les dirigeants d’entreprises. »
Au cours de ses « presque 17 ans » de carrière à Montréal International, Alexandre Lagarde dit qu’il observe que la grande majorité des multinationales internationales respectent la législation linguistique au Québec.
Il ne faut pas voir le fait français comme un frein à l’économie québécoise, croit le vice-président. « Nous, on le voit comme une force. Ça fait partie des avantages de venir faire affaire à Montréal. Le deuxième plus gros investisseur à Montréal [après les États-Unis], c’est la France. C’est sûr que l’aspect linguistique joue un rôle dans l’attractivité de Montréal pour les investissements français. »