FI : Quel genre de diligence raisonnable un conseiller devrait-il faire lorsqu’il examine un indice à répliquer?
Laurent Boukobza : Depuis quelques années, on parle un petit peu plus de réplication d’indices différents, donc avec des fournisseurs d’indices qui peuvent être qualifiés d’alternatif. Cela est assez intéressant parce qu’il s’agit d’une forme d’évolution naturelle dans le marché. On voit qu’historiquement les indices avaient été créés pour représenter un marché donné et jouaient simplement le rôle d’étalon de référence. Ils n’étaient pas forcément construits pour être « investissables » ou répliqués. Mais c’est devenu un peu le cas avec l’investissement indiciel.
Ce qu’il faut garder en tête, c’est qu’il existe plusieurs façons de définir un marché. On peut imaginer des rééquilibrages à des dates différentes, des règles d’inclusion ou d’exclusion légèrement différentes, et chacun peut avoir sa propre recette, sa propre façon de représenter un marché donné.
Prenons par exemple le marché des grandes capitalisations canadiennes. L’indice de référence que tout le monde regarde dans ce cas, c’est le S&P/TSX, qui est calculée par une compagnie privée qui est Standard & Poors. Mais ce n’est pas le seul étalon de référence, car il n’est pas le seul indice de grandes capitalisations canadiennes. On a également le MSCI Canada qui est régulé par le MSCI, le Bloomberg Barclays, il y a Russell et il y a des compagnies un petit peu plus novatrices comme Solactive qui a développé sa propre itération de l’indice d’actions de grandes capitalisations canadiennes.
Les fournisseurs d’indices qui ont fait leur apparition un peu plus tard dans le marché, comme Solactive, ont travaillé à optimiser la construction d’indice. C’est-à-dire, à rendre les indices plus systématiques avec une clarification des règles, avec aussi potentiellement un timing des rééquilibrages différent de celui des autres indices, et en ayant des critères d’inclusion ou d’exclusion un peu plus systématiques qui vont influer potentiellement sur la composition de l’indice.
On va donc essayer de créer des indices qui sont plus efficaces et plus facilement réplicables du point de vue d’un manufacturier de fonds négociés en Bourse (FNB). On voit ainsi de grosses différences un peu plus au niveau des indices d’obligations.
Par exemple si on regarde du côté des indices d’obligations totales canadiennes, celui qui est utilisé habituellement est le FTSE Obligations canadiennes totales, qui est composé de plus de 1500 obligations sous-jacentes. Ce n’est pas très efficace et facile à répliquer, sachant que là-dedans il y a une partie des obligations qui, à toute fin pratique, ne se transigent pas vraiment. Donc les manufacturiers de FNB sont obligés de faire un échantillonnage, c’est-à-dire prendre un sous-ensemble de l’indice pour le répliquer.
Ça, c’est une situation qui a été considérée par des fournisseurs d’indices comme Solactive, qui visent à répliquer le même segment de marché. Il y aura donc des caractéristiques très similaires en termes de durée, qualité de crédit, rendement des distributions, rendement à l’échéance, etc., mais avec moins de constituants sous-jacents, et plutôt des critères de liquidité plus transigeant au niveau de la constitution. Cela va faire en sorte qu’au lieu d’avoir 1500 obligations sous-jacentes, on va en avoir plutôt 900.
Donc, ce type d’indice est plus facilement réplicable et transigeable et, potentiellement, atténue par défénition le risque d’erreurs de suivi de la part d’un manufacturier qui va vouloir répliquer cet indice via un FNB.