Malgré la hausse des coûts d’emprunt et une inflation qui atteint des sommets depuis des décennies, les Canadiens sont mieux placés pour les hausses de taux maintenant que lors des cycles précédents, selon un rapport de la Banque CIBC.
Les économistes de la banque ont comparé les indicateurs de la santé des consommateurs – notamment le ratio dette/revenu, le chômage, le revenu disponible par habitant, le taux d’épargne et la demande refoulée – aujourd’hui par rapport au début des cycles de hausse des taux en 2004 et 2017.
« D’un point de vue macroéconomique, les fondamentaux des ménages sont aujourd’hui généralement plus solides que ceux observés à la veille des précédents cycles de hausse et la structure de l’endettement des ménages protégera de nombreux emprunteurs contre les effets de la hausse des taux l’année prochaine », indique le rapport.
Par conséquent, on s’attend à ce que les consommateurs réduisent leurs dépenses plutôt que de les freiner, selon le rapport.
Statistique Canada notait récemment que les ventes au détail avaient augmenté de 1,1 % en juin, mais les chiffres préliminaires pour juillet indiquent une baisse de 2 %.
La dette hypothécaire a augmenté rapidement ces dernières années, notamment pendant le boom immobilier, ce qui rend ces ménages plus sensibles aux hausses de taux. La CIBC a estimé qu’une hausse de 100 points de base aujourd’hui équivaut à 150 points de base en 2004 en termes d’impact sur les paiements d’intérêts.
Toutefois, la banque a également constaté qu’un tiers des ménages canadiens n’a aucune dette ; parmi ceux qui ont des dettes, les deux tiers ne détiennent que des crédits non hypothécaires.
« Sur les 2 700 milliards de dollars (G$) de dettes des ménages canadiens, seuls 650 G$ environ feront face à une augmentation des paiements de taux d’intérêt cette année », précise le rapport.
La forte inflation des loyers touchera ceux qui n’ont pas de dette hypothécaire, et pour certains d’entre eux – ainsi que pour certains propriétaires – l’augmentation des coûts sera douloureuse. « Mais d’un point de vue macroéconomique, la piqûre n’est pas fatale », affirme la Banque CIBC.
Cela tient en grande partie au fait que le marché du travail est toujours en plein essor. Les personnes occupant des emplois à faible revenu sont celles qui ont le plus bénéficié des augmentations de salaire, ce qui contribuera à compenser la hausse des prix et des coûts d’emprunt, selon le rapport. Les défaillances des emprunteurs à risque sont encore « relativement faibles ».
« La crainte que la hausse des taux entraîne une vague d’insolvabilités est déplacée, indique le rapport. La variable clé à surveiller ici est le marché du travail, et au moins pour l’instant, il est suffisamment fort pour soutenir les personnes les plus à risque. »
Les personnes appartenant aux catégories de revenus les plus élevées, quant à elles, disposent encore d’un excédent d’épargne accumulé pendant la pandémie. Bien que ces ménages soient plus susceptibles d’épargner que de dépenser, la Banque CIBC estime que la demande refoulée contribuera à des dépenses de services supérieures à la normale au cours de l’année à venir.