Rétrospectivement, les gouvernements et les banques centrales auraient dû retirer les mesures de relance plus tôt lorsque les économies se remettaient de la pandémie de COVID-19, ce qui aurait probablement limité l’inflation, a admis mardi un dirigeant de la Banque du Canada.
Dans un discours prononcé à l’Université de Waterloo, le sous-gouverneur Paul Beaudry a affirmé qu’un retrait mondial plus rapide des mesures de relance budgétaire et monétaire pendant la reprise, après la pandémie, se serait probablement traduit par une plus faible inflation.
Paul Beaudry a souligné que les politiques budgétaires et monétaires de différents pays avaient des retombées, ailleurs dans le monde, qui ne sont pas toujours prises en compte.
L’une des leçons tirées de la crise financière mondiale de 2008-2009, a-t-il rappelé, est que les pays auraient bénéficié d’un retrait plus progressif des mesures de relance, en raison des effets des retombées.
Cette leçon, a-t-il dit, a influencé les décisions politiques pendant la pandémie. Cependant, a ajouté Paul Beaudry, la crise économique de la COVID-19 était différente et les mesures de santé publique faisaient en sorte que l’approvisionnement dans de nombreux secteurs ne pouvait pas suivre lorsque la demande commençait à rebondir.
« Il s’est produit des goulots d’étranglement dans ces secteurs en raison d’un accroissement de la demande dû à la conjonction de politiques de relance, de fermetures et de réouvertures, ainsi qu’au fait que les consommateurs se sont détournés du secteur des services. »
Les mesures de relance fournies simultanément par les pays par l’entremise de programmes de soutien gouvernementaux et de faibles taux d’intérêt ont eu des effets d’entraînement à l’échelle mondiale et ont contribué aux goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement, a expliqué le sous-gouverneur.
« Il se peut qu’un processus de retrait un peu plus rapide des mesures de relance à l’échelle mondiale aurait profité davantage à l’ensemble des pays. »
Cependant, les mesures de relance ont contribué à un rebond plus rapide que prévu de l’économie, les marchés du travail s’étant redressés six mois plus tôt qu’après la crise financière mondiale, a ajouté Paul Beaudry.
« À l’évidence, les mesures budgétaires adoptées nous ont permis d’éviter des conséquences plus graves. »
À l’avenir, la Banque du Canada se concentrera sur des communications claires avec le public au sujet de ses décisions politiques, a expliqué Paul Beaudry, afin de s’assurer que les Canadiens ne s’attendent pas à ce que la forte inflation persiste longtemps.
Les banques centrales s’inquiètent généralement lorsque les particuliers et les entreprises s’attendent à ce que l’inflation reste élevée, car ces attentes peuvent se traduire par des prix encore plus élevés.
Paul Beaudry a également répondu aux préoccupations, soulevées par certains, voulant que la banque centrale doive superviser un ralentissement économique important, voire une récession, pour faire baisser l’inflation.
La Banque du Canada croit que les gens fixent leurs attentes en matière d’inflation en se basant en partie sur l’inflation passée et en partie sur la communication des banques centrales par rapport à la direction que prend la politique monétaire, a observé Paul Beaudry.
Le sous-gouverneur a indiqué que la banque se penchait sur une communication efficace avec le public au sujet de la politique monétaire, pour aider à atténuer certaines des inquiétudes accrues concernant la persistance de l’inflation.
« La banque s’est engagée, pendant cette période difficile, à garder ses communications claires, simples et bien axées sur son mandat entourant l’inflation », a-t-il affirmé, ajoutant que plus la banque était efficace dans ses communications, plus une récession pourrait être évitée.
Le sous-gouverneur a conclu en réitérant l’engagement de la banque à ramener l’inflation à son objectif de 2,0 % et à remplir ainsi son mandat.
« Nous continuerons à prendre toutes les mesures nécessaires afin de restaurer la stabilité des prix pour les ménages et les entreprises. »