De plus en plus, les clients veulent avoir leur mot à dire sur la place des investissements ESG (facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leur portefeuille de placements, a indiqué le formateur Guy Sauvé dans une présentation sur l’investissement responsable au congrès 2022 de l’Institut québécois de planification financière (IQPF) en septembre. Voici quelques bonnes raisons de prendre le virage.
- Le marché est en croissance
Les fonds ESG ont le vent dans les voiles. En 2020, les actifs mondiaux en investissement durable s’élevaient à 48 000 G$. Cela représente plus du tiers du total des actifs administrés dans le monde. En 2025, ils atteindront 68 000 G$, soit une augmentation de 40 %, selon des études de Bloomberg et de la Global Sustainable Investment Alliance (GSIA).
La pandémie et les changements climatiques ont propulsé l’intérêt pour les ESG, a souligné le spécialiste. Ils sont passés en quelques années de tendance de niche à courant dominant, puis obligatoire.
L’examen de plus en plus minutieux des régulateurs, la sensibilité accrue des marchés aux nouvelles liées à l’ESG et le fait que les propriétaires d’actifs nomment des gestionnaires sur la base de l’ESG dans toutes les catégories d’actifs sont les principales raisons qui expliquent ce phénomène, a-t-il ajouté.
- Les jeunes investisseurs les aiment
Les millénariaux concentrent près de 60 % de leur portefeuille dans l’investissement durable. « Ils n’ont pas de grosses fortunes en ce moment, mais ils vont un jour en avoir », a avancé Guy Sauvé.
Cette génération héritera de quelque 30 000 G$ au cours des deux prochaines décennies. La grande majorité (99 %) de ces jeunes adultes se disent intéressés par l’investissement responsable, par rapport à 79 % pour la population totale, selon une étude de Morgan Stanley.
Et plus de la moitié d’entre eux (57 %) se disent très intéressés. « Cela laisse présager une croissance importante de la demande pour des produits d’investissement durable », conclut Guy Sauvé.
- Ils aident à gérer le risque
« Les gestionnaires embarquent [dans l’investissement responsable] », souligne le planificateur financier. Il y voit un signe que l’intérêt pour les ESG n’est pas un phénomène passager.
Parmi les motivations pour prendre en considération les questions ESG dans les modèles financiers, 65 % des membres du CFA Institute citent la gestion du risque, tandis que 59 % d’entre eux estiment que la demande des clients est une incitation importante. Cette proportion n’était que de 45 % il y a un an. Les gestionnaires sont également plus nombreux en 2021 à considérer la performance ESG comme un indice de qualité de gestion.
Ces préoccupations suivent l’évolution de la perception des risques mondiaux par les gestionnaires. Il y a une dizaine d’années, le risque économique monopolisait l’attention, dans la foulée de la crise financière, a rappelé Guy Sauvé.
Depuis environ cinq ans, les enjeux environnementaux ont pris la tête au chapitre des inquiétudes qui taraudent les gestionnaires, suivis par les menaces géopolitiques et sociétales, selon un rapport du Forum économique mondial.
La gestion des risques pris en compte par les critères ESG pourrait évoluer au fil du temps et en fonction des préoccupations du moment.
- La performance est au rendez-vous
Considérés jadis comme moins performants, les produits d’investissement durable renversent la vapeur. Plusieurs études tendent à démontrer qu’ils offrent des performances financières similaires ou supérieures à celles des placements traditionnels.
Selon Morgan Stanley, en 2020, les fonds d’actions durables américains ont affiché un rendement médian de 4,3 points de pourcentage supérieur à celui des fonds traditionnels, et ce, malgré la volatilité de l’économie. De 2004 à 2020, les fonds d’actions durables ont connu 8 années où leur rendement annuel médian était inférieur à celui des autres fonds.
Ces faits pourraient convaincre les clients qui ont des réserves, souligne Guy Sauvé. Les préoccupations relatives à la performance restent en effet le principal obstacle chez les clients qui hésitent à investir dans ces produits. Ils s’inquiètent également de l’écoblanchiment ainsi que du manque d’outils pour mesurer l’impact réel de leurs investissements.
Les conseillers doivent donc s’informer sur ces trois aspects, entre autres, pour être en mesure de répondre aux questionnements des clients.
- Les clients veulent qu’on leur en parle
Seulement un peu plus de la moitié des clients sondés par l’Institut Morgan Stanley pour l’investissement durable en 2021 disent que leur conseiller les a questionnés sur leurs objectifs en dehors de la performance financière. La moitié d’entre eux ajoutent n’avoir reçu aucune information sur la performance de leur portefeuille en matière de durabilité.
Cette préoccupation se retrouve également dans les fonds de retraite. Plus de la moitié des clients déclarent connaître les options durables. La majorité de ceux qui les connaissent les sélectionnent dans le cadre de leur plan de retraite. Parmi ceux qui n’ont pas accès aux placements durables, 69 % se montrent intéressés.
« Cela indique qu’une importante demande est non satisfaite », a mentionné le formateur.