L’événement a permis d’organiser 156 rencontres éclairs de 15 minutes entre des investisseurs institutionnel et privés en quête de solutions alternatives pour faire croître les rendements de leurs investissements et de firmes innovantes à la recherche de mandats de gestion d’actif.
« Ce fut notre meilleure réunion à ce jour », se réjouit Charles Lemay, président du CGE. Après deux éditions virtuelles pendant la pandémie, le retour aux rencontres en personne a fait le bonheur des participants.
Les allocateurs de fonds de pension participant à cet événement étaient principalement des family offices, des fonds d’investissement et des institutions financières. Cette année, ils se sont montrés particulièrement intéressés à rencontrer des firmes spécialisées dans les cryptoactifs et dans l’investissement quantitatif, basé sur l’intelligence machine et sur l’analyse de données, indique Charles Lemay.
Voir le talent à Montréal
Plusieurs gros joueurs étaient représentés, notamment la Caisse de dépôt et placement du Québec et Hydro-Québec, ainsi que plusieurs institutions financières. Les allocateurs provenaient en majorité de Montréal. Une dizaine venaient de l’Ontario. Cinq avaient fait le déplacement depuis les États-Unis et un de l’Europe.
Les organisateurs ont reçu pour la première fois la caisse de retraite des enseignants du Texas (Teacher Retirement System of Texas), l’un des plus importants fonds de pension des États-Unis, qui dispose de plus d’1,7 million de membres et gère 231 milliards de dollars d’actif.
« Ce sont des spécialistes des gestionnaires émergents. Ils voulaient voir le talent que nous avons dans ce domaine à Montréal », indique Charles Lemay.
Ce talent était représenté notamment par les Montréalaises Bastion et Converium, qui ont attiré l’attention de plusieurs allocateurs. Parmi les firmes canadiennes qui ont eu plusieurs rencontres figurent Auspice, de Calgary, et Bonnefield, une firme torontoise spécialisée dans le financement de location de terres agricoles.
Un moment crucial pour la gestion de portefeuille
Les allocateurs ont démontré de l’Intérêt pour des stratégies de fonds alternatifs avec une performance élevée et une exposition aux commodités, des stratégies Long/Short qui ont performé au cours des dernières années, ainsi que des actifs réels comme l’immobilier résidentiel et les terres agricoles.
« La gestion de portefeuille se trouve à un moment crucial, car les gestionnaires doivent prouver qu’ils sont capables de protéger l’argent des clients tout en générant de l’alpha », relève le président.
L’objectif de ces rencontres n’est pas de conclure une entente immédiatement, mais de décrocher un deuxième rendez-vous. « Il faut en moyenne de 6 à 7 rencontres avec un allocateur avant de décrocher un investissement », indique Charles Lemay.
Cette journée représente une occasion unique pour les firmes émergentes de se faire connaître des investisseurs importants, car elles ont rarement l’opportunité d’avoir accès aux décideurs des grandes institutions, signale Charles Lemay. « Car, pour la majorité des gestionnaires émergents, le défi est de croître », souligne-t-il.
Plus difficile au Canada qu’aux États-Unis
À cet égard, les gestionnaires émergents ont une côte plus pentue à gravir au Canada par rapport à la réalité de leurs homologues américains, mentionne l’associé chez Gestion d’actifs mondiale Walter. Ils reçoivent en effet moins de support de la part des institutions financières canadiennes que leurs concurrents américains.
De nombreux fonds de pension américains allouent de 1 % à 2 % de leur actif total sous gestion à des gestionnaires émergents. « Ils y trouvent du talent pour former la prochaine génération d’entrepreneurs qui prendra la relève. »
Ce manque de financement de la part des institutions financières limite la croissance des firmes émergentes, déplore-t-il. « Pour obtenir des fonds, les firmes doivent arriver à prouver aux investisseurs qu’elles sont en mesure de livrer une performance adéquate. Or, un historique de rendements se bâtit au minimum sur trois ans. Elles doivent donc avoir les reins solides pour survivre financièrement aux premières années. » Le budget nécessaire pour lancer une firme s’élève à environ 1,5 million de dollars, selon le gestionnaire.
« Pour réussir, il faut avoir un bon plan, bien exécuté, avec une bonne équipe. S’il y a le moindre maillon faible, c’est un risque. »
Le CGE compte quelque 75 membres à travers le Canada, rapporte Charles Lemay. « On en a déjà eu jusqu’à une centaine. Certains ne sont plus en affaires. D’autres ont dépassé le milliard d’actif sous gestion, le seuil limite pour être considéré comme un gestionnaire émergent. »