La Banque du Canada (BdC) a augmenté le taux directeur de 3,50 % en 7 mois, ce qui représente la plus agressive augmentation de taux de l’histoire récente. En même temps, elle rétrécie son bilan avec le resserrement quantitatif (Quantitative Tightening ou QT en anglais), ce qui rend la politique monétaire très restrictive. La Réserve Fédérale (Fed) a également augmenté les taux d’intérêts de 3,75 % pendant la même période et a rétrécie également son bilan.
Alors, comment se surprendre de voir l’économie ralentir de façon importante? À titre d’exemple, il y avait 11,9 millions de postes manquants au printemps aux États-Unis et ce nombre est monté a 10,3 millions en octobre. Les entreprises ont déjà effectué des licenciements, les compagnies technologiques ouvrant la parade avec plus de 200,000 pertes d’emplois en 2020. C’est juste le début…
La bonne nouvelle est que, tel que nous l’avions anticipé, l’inflation a commencé à reculer. Ceci aidera les Banques Centrales à retirer le pied de l’accélérateur. D’ailleurs, le Chef de la Réserve Fédérale (Fed), Jerome Powell, a clairement stipulé lors de son dernier discours que la Fed continuera d’augmenter les taux mais avec une étendue moindre. D’ailleurs, juste avant ce discours, la BdC a augmenté le taux directeur de 0,50 % et c’est exactement ce que le marché prévoit que la Fed fera le 14 décembre prochain.
Le ralentissement de la croissance des taux est une bonne chose, car nous croyons que les Banques Centrales contribuent à la création de l’inflation en poussant les taux plus hauts! En effet, les taux hypothécaires ont augmenté massivement, obligeant les propriétaires à augmenter les loyers. Compte tenu que les loyers représentent 40 % de la mesure du Core CPI, cela apporte un impact est important. De plus, avec un marché de l’emploi serré, les employeurs ont été obligés d’augmenter les salaires au rythme de l’inflation, ce qui a contribué à entraîner un effet plus permanent à l’inflation, poussant les Banques Centrales à augmenter les taux encore plus hauts.
Nous voyons alors d’un bon œil le fait que les prochaines hausses de taux seront moins étendues. D’ailleurs, nous croyons que les probabilités d’une récession au 2e trimestre de l’année prochaine augmenteront au-delà du cap de 70 % qui fut établie lors de la dernière augmentation des taux. Plus l’économie ralentit, plus les Banques Centrales adopteront une position défensive et mettront leur politique monétaire restrictive en pause.
Par contre, ce scénario arrivera plus tard que ce qui avait été initialement anticipé et cela ne sera pas sans conséquence. Le résultat est que l’on anticipe grandement que l’économie nord-américaine ira en récession. Malgré le fait que les probabilités sont élevées, nous ne sommes pas encore convaincus que le tout nous mènera en récession. Chose certaine, les taux obligataires 10 ans ont baissé dramatiquement depuis le haut du 7 novembre dernier de 4,22 % à 3,53 % aux É-U et de 3,61 % à 2,96 % au Canada. Ce mouvement très rapide au niveau des taux obligataires nous indique que le ralentissement économique est une réalité.
Cette réalité a déjà fait baisser les taux hypothécaires fixe et à mesure que l’économie enregistre un ralentissement et que la courbe de taux se renversera davantage, les taux fixe baisseront davantage. Tel que mentionné depuis le début de l’année, ce n’est pas le meilleur moment pour fixer un taux hypothécaire à long terme.
Le taux variable continuera d’augmenter jusqu’au moment où la BdC décidera d’aller en pause, mais chose certaine, le pire est derrière nous.
Pour cette raison, nous continuons de conseiller aux gens de choisir le taux fixe 1 an ou même le taux variable dans certains cas, lorsque les clients sont capables d’absorber des augmentations des taux avant que les taux amorcent leur baisse.
La gestion du passif fait partie intégrante de la situation financière du client et en représente parfois même « la » plus grande part. Il est donc primordial de confier l’analyse de celle-ci à un professionnel objectif qui saura bien le guider et s’assurer qu’il en saisit bien la valeur. Après tout, la gestion du passif en soi n’est-elle pas tout aussi importante que celle des actifs ?