Une main posant une pièce sur laquelle pousse une plante sur une pile de pièce. Autour, un tas de pièces où on voit d'autres petites pousses vertes.
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L’Académie pontificale des sciences et des sciences sociales a publié, le 25 novembre un document, intitulé « Mensuram Bonam », qui énonce des critères pour moraliser le monde de la finance.

Le rapport cite 24 problématiques, dont certaines recoupent l’investissement ESG (Environnement-Société-Gouvernance).

Ces enjeux devraient être pris en compte par les investisseurs et les gestionnaires de fonds qui veulent investir selon les valeurs catholiques, souligne le document.

Plusieurs catégories d’investissements sont mises à l’index, comme ceux qui font la promotion de l’avortement, des armes, de la peine capitale, de la contraception, de la recherche sur les cellules souches ou encore de la maltraitance animale.

Le Saint-Siège condamne également les investissements dans « l’ingénierie génétique », dont les organismes génétiquement modifiés (OGM), dans les substances et services créant une dépendance, dans les « jeux déshumanisants» et dans la pornographie.

Des critères plus proches des ESG figurent sur la liste noire de l’Église catholique, tels que les violations du droit du travail, la corruption, la discrimination, les violations des droits des peuples autochtones, les régimes totalitaires et les pratiques commerciales déloyales.

Le Vatican cible également certaines menaces pour l’environnement, telles que les changements climatiques, la privation de nourriture pour les plus vulnérables et l’exploitation minière.

Un coup de pouce pour les ESG

Pour les conseillers et les investisseurs qui se concentrent sur l’investissement basé sur la foi, le rapport du Vatican est considéré comme une étape importante dans la définition et la croissance des ESG, selon Investment News.

« Ce document va faire sortir beaucoup d’institutions et d’investisseurs de la marginalité et faire entrer ce type d’investissement basé sur la foi dans les portefeuilles », a déclaré au magazine Robert Netzly, directeur général d’Inspire Investing, un conseiller en service financier qui suit des pratiques d’investissement bibliquement responsables.

Bob Schwartz, vice-président de la société de fonds de valeurs catholiques Ave Maria, a affirmé pour sa part qu’il ne pense pas que cela changera la façon dont sa firme construit ses portefeuilles.

« Nous pensons que c’est quelque chose que les gens de foi vont regarder parce que la plupart sont très actifs dans leurs croyances, mais cela ne se traduit pas toujours dans leurs investissements », a renchéri Will Lofland, directeur de la distribution intermédiaire chez GuideStone Funds, qui gère 22 G$ d’actifs dans des portefeuilles confessionnels.

3 000 GS d’argent chrétien

Le titre du document, Mensuram Bonam, signifie « bonne mesure » en latin. Il fait référence à un extrait de l’Évangile de Luc. Une quinzaine d’économistes ont travaillé directement à son élaboration et une soixantaine d’autres ont été consultés depuis le début de ce chantier en 2016.

Le rapport de 50 pages donne un aperçu des critères qui pourraient être choisis par 1,3 milliard de catholiques dans le monde pour faire fructifier leur épargne. Mais ses implications pourraient être beaucoup plus larges, estime le Centre catholique des médias Cath-Info, alors que les investissements mondiaux des institutions chrétiennes et des croyants sont évalués à 3 000 milliards de dollars (G$). Aux États-Unis seulement, le poids de « l’argent chrétien » est évalué à plus de 1000 G$.

Ces chiffres ont de quoi peser dans la balance de l’investissement durable. Cath-Info signale que, au cours des dernières années, près de 1 500 institutions, tant confessionnelles que laïques, possédant des actifs combinés de plus de 53 000 G$, se sont engagées à ne plus s’engager dans les combustibles fossiles. Les organisations confessionnelles seraient responsables de plus d’un tiers de ce désinvestissement.