La Banque du Canada pourrait perdre de 3,6 à 8,8 milliards de dollars (G$) au cours des deux ou trois prochaines années, indique l’Institut C.D. Howe dans un rapport publié le 12 janvier.
Les pertes pourraient atteindre 5,7 G$ à la fin de 2024 ou au début de 2025, selon le scénario privilégié par les auteurs du rapport, Trevor Tombe et Sonja Chen, qui s’attendent à ce que les pertes soient plus importantes au premier trimestre 2023, rapporte le Financial Post.
Pour l’exercice se terminant le 31 mars 2022, les bénéfices transférés à Ottawa, plus les intérêts sur les dépôts du gouvernement du Canada, ont totalisé 2,7 G$. Mais, dans la mise à jour financière d’octobre, la perte de revenus a été estimée à 36,4 G$ pour 2022-2023, ce qui laisse présager une augmentation du déficit fédéral, observent les analystes, qui qualifient cependant ces pertes de « modestes » par rapport au produit intérieur brut.
La couverture des pertes de la Banque du Canada aura également pour conséquence d’augmenter les paiements de la dette de 90 millions de dollars (M$) sur la base d’un taux d’emprunt de 3,5 %.
Les dépenses ont dépassé les recettes
Le 23 novembre, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, avait informé le comité des finances de la Chambre des représentants que le revenu net d’intérêts devenait négatif et que l’institution perdrait de l’argent pour la première fois depuis sa fondation en 1935.
Peu de temps auparavant, la banque centrale avait annoncé une perte de 522 M$ au troisième trimestre. Le revenu net d’intérêt représentait une perte de 350 M$ comparativement à un gain de 814 M$ l’année précédente.
L’Institut C.D Howe souligne que, durant la pandémie, la Banque du Canada a acheté des obligations du gouvernement fédéral et d’autres actifs, principalement auprès d’institutions financières, et que ces obligations se sont ajoutées aux soldes que les institutions conservent auprès de la banque centrale.
Or, le montant des intérêts versé par la Banque du Canada aux institutions a augmenté à mesure que celle-ci augmentait le coût des emprunts, portant son taux de prêt de référence de 0,25 % en mars 2022 à 4,25 % en décembre 2022, ce qui fait que les dépenses ont dépassé les recettes.
Défis de réputation
Malgré tout, les analystes estiment que la situation financière à long terme de la Banque du Canada demeure saine, même si cette perte coûtera de l’argent au gouvernement canadien.
En effet, ils jugent qu’elle ne compromet pas la capacité de la banque centrale à mener sa politique monétaire, car les projections de pertes restent inférieures aux bénéfices enregistrés en 2019 et 2020.
Ils croient cependant que la situation pourrait engendrer « de nouveaux défis en matière de réputation et de communication pour la banque à un moment où l’attention du public sur ses activités est élevée ».
Parmi les solutions proposées pour gérer les pertes futures, les auteurs suggèrent que la Banque du Canada pourrait s’inspirer de mesures de la Réserve fédérale américaine, en créant un compte différé où les pertes pourraient être conservées, puis remboursées lorsque les revenus remonteront.