Après une série de hausses historiques des taux d’intérêt, les économistes se demandent s’ils doivent maintenant s’attendre à des pertes d’emplois.
Les taux d’intérêt élevés poussent les entreprises et les consommateurs à réduire leurs dépenses. Or, avec ce ralentissement de l’activité, les entreprises revoient leurs effectifs et le chômage a tendance à grimper.
Cependant, jusqu’à maintenant, le marché du travail canadien a conservé son élan.
« Je pense que cela a surpris à la fois les attentes du marché et celles de la Banque du Canada », a observé l’économiste Shelley Kaushik, de la Banque de Montréal.
En décembre, le taux de chômage s’est établi à 5,0 %, juste au-dessus du creux historique de 4,9 % atteint cet été.
Dans son dernier rapport sur la politique monétaire, la Banque du Canada a rappelé qu’elle s’attendait à ce que le plein effet des hausses de taux sur le marché du travail se manifeste sur une plus longue période.
« Une partie du rééquilibrage de l’offre et de la demande dans l’économie consiste à rééquilibrer le marché du travail », a indiqué le 24 janvier dernier le gouverneur de la banque centrale, Tiff Macklem, lors d’une conférence de presse.
La banque centrale a relevé le 24 janvier son taux directeur pour la huitième fois de suite et a annoncé qu’elle faisait une pause conditionnelle, laissant la porte ouverte à de nouvelles hausses de taux si l’inflation n’était pas maîtrisée.
Des groupes syndicaux ont exprimé leurs inquiétudes au sujet des hausses de taux de la Banque du Canada ces derniers mois. La présidente d’Unifor, Lana Payne, a notamment accusé la banque centrale de vouloir faire la guerre à la classe ouvrière.
Mais certains économistes sont prudemment optimistes et croient que l’emploi pourrait se montrer assez résistant au ralentissement, étant donné que le chômage est actuellement proche de creux historiques.
« Nous espérons qu’à mesure que les entreprises commenceront à voir ce ralentissement de la demande, elles commenceront par couper dans les postes vacants avant de mettre à pied des travailleurs », a souligné Shelley Kaushik.
Le nombre de postes vacants a atteint des niveaux records l’an dernier, avec plus d’un million d’emplois non pourvus dans l’économie.
Depuis lors, le nombre de postes vacants a reculé à environ 850 000 en novembre.
Statistique Canada a indiqué jeudi que le nombre de postes vacants avait chuté de 2,4 % en novembre, pour atteindre son plus bas niveau depuis août 2021.
La Banque du Canada espère également pouvoir rééquilibrer l’économie et rétablir une faible inflation sans entraîner de pertes d’emplois massives.
Dans un document de recherche publié à l’automne, les chercheurs de la Banque du Canada ont estimé, dans leur scénario de base, que le rétablissement des niveaux normaux de postes vacants ferait grimper le taux de chômage à un sommet de 6,7 %.
Alors que l’économie ralentit, les prévisions de la Banque de Montréal estiment que le taux de chômage au Canada atteindra en moyenne 6 % cette année.
Et même si cela suggère que plus de Canadiens seront au chômage, Shelley Kaushik a souligné qu’un taux de chômage de 6 % était « encore assez bas ».
Une plus grande hausse du chômage avait été enregistrée pendant la crise financière mondiale de 2008. Selon Statistique Canada, le taux de chômage est passé de 6,3 % à 8,6 % entre octobre 2008 et octobre 2009.