Le secteur canadien des fonds négociés en Bourse (FNB) canadien est en expansion, tant sur le plan de son nombre de fonds que de son actif sous gestion. À la fois les investisseurs institutionnels et ceux de détail peuvent profiter des avantages liés à sa structure. Résumé d’un panel sur ce type de fonds d’investissement présenté à l’occasion du 16e Colloque sur les fonds d’investissements du Conseil des fonds d’investissement du Québec, qui se tenait à Montréal, le 10 mai.
Le modérateur Laurent Boukobza, vice-président et stratège FNB pour l’Est du Canada, chez Placements Mackenzie, a souligné l’importance grandissante des FNB dans l’univers financier au pays. « À la fin 2022, l’actif sous gestion dans les FNB s’élevait à plus de 360 milliards de dollars canadiens. Il existe maintenant 42 fournisseurs et plus de 1 300 FNB distincts », a-t-il précisé. Il a ajouté que le premier FNB avait été créé au Canada en 1990.
L’actif total sous gestion en FNB canadiens représente 14 % de celui sous gestion dans les fonds communs de placement, soit 7 fois plus petit. Cependant, les entrées nettes d’actifs en FNB au cours des cinq dernières années (184 G$ de 2018 à 2022 selon l’IFIC) ont surpassé celles des fonds communs (117,5 G$)
Erika Toth, directrice générale, ventes aux institutions et conseillers, chez FNB BMO Est du Canada à BMO, croit que les bas frais de gestion expliquent en partie par le grand attrait de cet outil de placement.
« Pour les fonds indiciels, on parle généralement d’une fourchette de frais qui peut varier entre 5 et 20 points de base. Alors que pour des FNB à gestion active les frais varient en 8 points de base et 1 %. » Elle a souligné certaines des qualités propres aux FNB, comme leur transparence généralement plus grande leur liquidité potentiellement accrue, et la possibilité de les utiliser pour accroître la diversification d’un portefeuille.
Frédérick Viger, directeur général et co-chef des ventes institutionnelles FNB et options sur équités à la Banque Nationale, a rappelé que l’actif sous gestion des FNB au Canada avait crû annuellement par plus de 18 % sur 10 ans. « Nous sommes passés au cours de la période de 275 FNB à plus de 1300. 2021 a été une année record à ce chapitre. »
Du même souffle, il a expliqué que la popularité des FNB n’était toutefois pas circonscrite au Canada. « Il existe plus de 3 000 FNB distincts aux États-Unis avec un actif total sous gestion de 6900 milliards de dollars américains. À l’échelle mondiale, on parle de plus de 10 000 fonds et plus de 10 000 milliards de dollars américains d’actifs sous gestion. »
Frédérick Viger, dont l’employeur est parmi les plus important mainteneur de marché (Market Maker principal) pour les FNB canadiens de marché, a aussi évoqué son rôle dans la négociation des FNB.
Celui-ci consiste grosso modo à s’assurer que les acheteurs et les vendeurs s’échangent leurs parts de manière continue et à des prix concurrentiels. [Sur la fonction de mainteneur de marché, le ce texte.]
Jean-François Giroux, gestionnaire de portefeuille, chef IGP-Canada, Gestion de placements Manuvie, a évoqué les différences existantes dans la structure des FNB en comparaison avec celle des fonds communs de placement. « Pour moi les deux sont des paniers de titres, mais les différences résident dans certaines technicités, notamment la liquidité. »
Il a expliqué à l’aide d’un schéma que l’écart entre les liquidités des fonds s’explique en grande partie par la façon dont les investisseurs négocient les parts de fonds. « Contrairement aux fonds communs de placement, pour lesquels il existe un (seul) prix de fermeture et un prix de transaction (établit à la fin de la journée), le FNB va avoir un cours acheteur et un cours vendeur. Plus il y a d’actifs non liquides dans le FNB, plus l’écart risque d’être grand. » Selon lui, les FNB offrent la souplesse additionnelle d’acheter ou de vendre des parts des FNB négociées au cours d’une séance boursière.
Fait intéressant à noter, selon Laurent Boukobza de Placements Mackenzie, environ 27 % des FNB canadiens sont gérés activement, alors que la différence est constituée de FNB à gestion indicielle. « Nous sommes au Canada les champions du monde de la gestion active. À titre de comparaison, aux États-Unis la proportion est de seulement 4 %. »
Autre élément à souligner selon Jean-François Giroux, les entrées nettes dans les différentes catégories d’actifs se sont davantage diversifiées. « L’apport de la portion en actions reste très important, mais on observe depuis 2016 que la portion des titres à revenu fixe en gestion active connaît une belle croissance. » Il précise que depuis le début de l’année en cours, plus de la moitié des entrées d’actifs l’étaient en revenu fixe. « C’est assez impressionnant en comparaison avec les autres années. »
Laurent Boukobza a rappelé à quel point l’offre en FNB a contribué à démocratiser l’investissement, particulièrement pour madame et monsieur Tout-le-Monde. « Nous avons aujourd’hui accès à des outils excessivement sophistiqués, à la portée de tous (investisseur institutionnel, de détail ou gestionnaire de patrimoine), qui ont rendu la gestion de portefeuille plus dynamique, plus tactique et plus précise avec des positions ciblées, que ce soit, par exemple, sur des obligations à court terme, qui protègent contre l’inflation, ou des obligations sectorielles. »
Erika Toth, a mentionné que la majorité des observateurs s’entendent pour dire que l’utilisation de FNB de titres à revenu fixe sera appelée à croître à l’avenir. Elle ajoute par ailleurs que, de façon générale, l’utilisation de FNB par les investisseurs institutionnels a changé au cours des dernières années. « Ils étaient autrefois utilisés davantage comme des véhicules de transition. De plus en plus, ils les utilisent comme des pierres d’assises (i.e. des positions core) avec des périodes de détention plus longue et en font une utilisation tactique (rotations sectorielles). »
En outre, les différents experts s’entendent pour dire que les FNB étiquetés ESG (environnement, social et gouvernance) continueront à gagner en popularité dans l’avenir. Et que la pression exercée par la forte demande pour des frais de gestion toujours plus bas et un produit de meilleure qualité, combinée avec les développements technologiques récents en intelligence artificielle (IA), risquent, à terme, d’avoir un impact sur la main d’œuvre au sein de certains secteurs de l’industrie. « Je croyais, il y a 5 ans, être remplacé par un robot, ils sont en retard un peu. Évidemment, l’IA va pouvoir nous aider, mais peut-être aussi à terme aurons-nous besoin de moins de personnel pour gérer les portefeuilles derrière les FNB », a noté Jean-François Giroux.